Le chantier permanent
Posted by jeunempl sur juillet 11, 2010
Salma Abou Assaf – Les Hirondelles
En 2005, le CDR a lancé son projet de développement de transport urbain (UTDP) supposé prendre fin en 2012. Oui, mais…
«Le problème du trafic à Beyrouth ne se résout pas, mais il se gère», constate Dr Tammam Naccache, expert en système de transport chez Team International, une société de consultants. Selon lui, une meilleure application des règles de circulation et des sanctions systématiques pour les stationnements en double file doivent être appliquées avant de dépenser des millions pour la construction d’infrastructures routières. «Le problème n’est pas le trafic mais le transport. Un transport bien organisé est la meilleure solution et il reste durable», ajoute t-il. Manque de coordination entre les ministères (Electricité, Télécommunications, Transports…), hausse du nombre de voitures… Une situation qui rend le réseau routier incapable de supporter la croissance du trafic.
Depuis plusieurs années, les grands axes desservant Beyrouth ressemblent à un chantier permanent. Ces travaux visent principalement l’amélioration des axes existants, et relèvent du Conseil de développement et de reconstruction (CDR), à travers le projet UTDP. Son responsable, l’ingénieur Elie Hélou, précise que la gestion du trafic est basée sur trois piliers: l’ingénierie, la sensibilisation du public et l’application des lois.
Le CDR a pris en charge le premier des trois. Le second n’a pas eu l’effet escompté malgré les campagnes publicitaires et la coopération avec des associations concernées comme Yasa, car sa mise en place a coïncidé avec les troubles sécuritaires qu’a connu le pays entre 2006 et 2008. Le troisième, lui, dépend des forces de l’ordre pour qu’il soit bien appliqué.
Stratégie en 4 points
Pour améliorer le trafic, le CDR a développé une stratégie en quatre points: la réalisation des ponts et des tunnels, l’installation de feux de signalisation, l’utilisation de parcmètres dans les zones commerçantes de Beyrouth et des formations pour les citoyens et la police. Le problème du trafic persiste pourtant à l’entrée nord de Beyrouth car le réseau souffre de goulets d’étranglement. En 2009, juste avant le rush de la saison estivales, 280000 voitures entraient chaque jour à Beyrouth. L’été 2010 s’annonce donc très compliqué puisque deux millions de touristes sont attendus.
Pourtant, «plusieurs ouvrages ont été achevés depuis 2005», se félicite Elie Hélou: les ponts de Hayek, Dora, Antelias et les tunnels d’Adlieh et du Musée. Des parcmètres ont été installés dans plusieurs quartiers. D’autres projets sont en cours:
les ponts de Jal el-Dib, Nahr el-Mott, Al-Moucharafié et les tunnels de Sami el-Solh et de Bechara el-Khoury ont pour but de diminuer les bouchons.
M.Hélou souligne que «l’entretien de ces projets dépend du ministère des Travaux publics. Après la réalisation du projet, le CDR n’est plus responsable». D’autre part, 80% du financement du projet (UTDP) est assuré par des fonds étrangers comme la Banque mondiale, l’Etat libanais assurant les 20% restants.
«Le CDR a accompli les travaux vraiment utiles, il y a une diminution du temps d’attente des véhicules», précise Hélou. A Adlieh, l’attente a été réduite à 2 minutes en moyenne (contre 22 auparavant), à 3 minutes au rond-point Hayek (au lieu de 15). A Dora, le nouveau pont a éliminé les embouteillages. Prochain chantier à être finalisé: le pont d’Antélias où la vitesse moyenne est aujourd’hui de 30km/h (contre 14 avant les travaux).
Pour sa part, le ministre des Travaux publics et des Transports, Ghazi Aridi, assure qu’il n’y a aucune coopération entre le ministère et le CDR à propos des travaux de reconstruction à Beyrouth. Il constate avec regret que l’installation des parcmètres et des feux de signalisations à Beyrouth n’ont pas atteint leur but, à savoir canaliser le trafic. «Le ministère souffre de son faible budget, déplore-t-il.
Par exemple, en tant qu’autorité de tutelle de l’aéroport de Beyrouth, mon ministère a pris en charge un projet de tunnel, revenant pourtant à une compagnie liée au CDR. Ce dernier signe les contrats, prend l’argent du budget du ministère et c’est au final à nous de réaliser ce projet.» Le ministère n’intervient pas dans les travaux de la capitale mais sur le reste du territoire à l’instar du tunnel de Chekka qui reste éclairé 24h/24. Entre les deux autorités, le courant ne passe pas. Et ce sont les conducteurs qui trinquent.
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