Aoun : Il n’y aura pas de vide au pouvoir, que les élections aient lieu ou non
Posted by jeunempl sur décembre 5, 2012
(L’Orient le Jour)
À l’issue de la réunion hebdomadaire du bloc du Changement et de la Réforme, le général Michel Aoun s’est adressé à la presse pour évoquer les principaux sujets de l’heure.
Il a commencé par la demande de la branche des renseignements des Forces de sécurité intérieure « qui veut avoir les SMS des 3,7 millions de Libanais pendant les deux mois qui ont précédé l’assassinat du général Wissam el-Hassan ». Le chef du CPL a ainsi précisé que de cette manière tous les secrets et toute la vie privée des Libanais seront entre les mains de ce service et pourront faire l’objet de chantage. Il a ajouté que le Conseil des ministres ne peut pas assumer une telle violation de la Constitution, surtout qu’elle concerne la vie privée des citoyens.
Au sujet des déplacés syriens, Michel Aoun a précisé que les chiffres officiels semblent faux et qu’il y aurait des centaines de milliers de déplacés syriens au Liban. Il a toutefois affirmé que les services compétents ont commencé à contrôler la situation.
Concernant le dialogue, le chef du CPL a estimé que le boycott du Parlement par le 14 Mars signifie la descente dans la rue, le refus du régime, de la Constitution et de la législation, et constitue un coup d’État. « Nous n’accepterons pas ce coup d’État et nous sommes prêts à défendre la Constitution avec tous les moyens autorisés. » Il a encore ajouté que « le Parlement doit être le seul lieu de rencontre ».
Abordant le cas du député Okab Sakr, Michel Aoun a rappelé qu’en 2004 il avait été déféré devant la justice et accusé d’un crime passible de 15 ans de travaux forcés pour s’être rendu aux États-Unis afin d’y réclamer l’application de la résolution 520 qui exigeait le retrait de toutes les troupes étrangères du Liban. « Je n’avais ni acheté des armes ni passé du temps en Syrie pour aider les combattants. Et ceux-là mêmes qui avaient demandé que je sois condamné veulent aujourd’hui protéger “le faucon” Okab Sakr. Ces gens croient que nous n’avons pas de mémoire. Nous avons beaucoup pardonné, mais nous ne voulons pas être entraînés dans une guerre régionale. Les Syriens sont nos frères. Nous voulons qu’ils dialoguent entre eux et qu’ils tirent les leçons de notre propre expérience. » Le général Aoun a insisté sur les responsabilités du gouvernement et du Parlement à ce sujet, ajoutant que la justice doit prendre les mesures nécessaires. Il a aussi invité les Libanais à refuser tout retour en arrière, notamment sur le plan des relations libano-syriennes.
Michel Aoun a repris la déclaration de Ahmad Hariri sur le fait qu’il n’y aura pas de dialogue avant la chute du régime syrien, précisant que le régime de Damas tient bon depuis un an et huit mois et que nul ne peut prédire la fin de la crise en Syrie. Il a toutefois souligné le fait que le leader du courant du Futur (sans le nommer) fait partie des forces qui créent la situation instable en Syrie. « Ceux qui crient ici ne sont en réalité que des porte-voix et leur décision ne leur appartient pas. Ce qui rend difficile le fait de traiter avec eux », a martelé le député.
Évoquant enfin le projet de loi électorale, Michel Aoun a affirmé que celui qui veut aborder ce sujet doit se rendre au Parlement. Il est ensuite revenu sur l’entente à Bkerké sur deux projets : la proportionnelle avec 15 circonscriptions ou le projet grec-orthodoxe. Il a rappelé que le chef des Forces libanaises Samir Geagea l’avait défié de pousser ses alliés à accepter le découpage en 15 circonscriptions. « Je lui avais alors répondu : mes alliés sont avec moi. Mais vous, pouvez-vous garantir l’accord des vôtres ? » « Aujourd’hui, a précisé le député, cela s’est confirmé. Nos alliés ont donné leur accord. Qu’en est-il des siens ? Mais un mensonge de plus ou de moins ne doit pas le gêner. »
Le chef du CPL a encore évoqué des rumeurs répandues par des Libanais aux États-Unis sur le fait que les gisements gaziers au Liban seraient peu importants et ne vaudraient pas la peine d’être exploités, affirmant que ces rumeurs sont dénuées de tout fondement.
En réponse à une question sur le changement de gouvernement, Michel Aoun a conclu : « Je ne suis pas d’accord avec un changement gouvernemental, surtout dans de telles circonstances… Ils nous prennent pour des idiots, mais nous le méritons sans doute, car nous sommes trop gentils. Il n’y aura pas de vide au pouvoir que les élections aient lieu ou pas. »
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