Mouvement pour le Liban

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Flottant entre ciel et terre, Hamatoura salue la mémoire de martyrs de l’église orthodoxe et témoigne de victoires répétées sur les horreurs de la persécution

Posted by jeunempl sur octobre 12, 2009

El Nashra

On oublie souvent que le Liban est le lieu de la sainteté et des saints, la source des rites et le sanctuaire des martyrs qui ont vécu des années de souffrance, de persécution et d’intimidation. Au Liban, ce petit pays endossé par les crises et les soucis, une flamme d’espoir allume toutefois ses chemins, du Sud à la Bekaa, passant par Beyrouth jusqu’au Nord, la où nous nous sommes dirigés pour braquer l’éclairage sur l’histoire mystérieuse de la lutte d’une église: C’est le Monastère de la Dormition de la Mère de Dieu, Hamatoura, une nomination que les habitants de Koura aiment répéter chaque jour, non pas pour la splendeur du monastère situé entre les roches naturelles, mais aussi parce que Saint Jacob Hamatouri était toujours présent parmi les fidèles en prière: il leur apparaissait, les bénissait et opérait des miracles, guérissant certains d’entre eux.
Le Monastère de la Dormition de la Mère de Dieu, Hamatoura, est parmi les monastères les plus remarquables qui, jusqu’à nos jours, accueillent un grand nombre de fidèles et de pèlerins et reçoit des convocations à rejoindre le monachisme, en dépit des transformations radicales que le monastère a connues quant à son architecture, causées par les séismes et les guerres…

Aperçu historique

Le Monastère de la Dormition de la Mère de Dieu, Hamatoura remonte au Ve siècle ap. J.-C.. Les scientifiques qui ont précisé cette date pensent que l’autel de Hamatoura correspond également à ceux qu’on trouve dans les églises et les monastères de cette même ère.
Pour ce qui est des manuscrits, le plus ancien d’entre eux remonte au Xe siècle et appartient à un orientaliste français qui avait visité le monastère et assuré qu’il était « très ancien ».
A noter que l’architecture du monastère aujourd’hui est très différente de ce qu’elle était auparavant: Il s’agit d’une petite salle, comprenant une vingtaine de sièges, et dont les murs sont ornés d’icônes, surtout celles des saints.
L’architecture est très semblable à celle des autres monastères en Turquie et en Palestine, grâce à son emplacement au centre et tout au long de la montagne.

Aussi pareil à ceux de la Grèce et de la Russie, le monastère regroupe le couvent principal, un nombre d’ermitages, de petits monastères, et des églises subordonnées à un seul supérieur. Sur plusieurs époques, le monastère de Hamatoura a connu des persécutions perpétrées par les Mamelouks et les Ottomans, à citer par exemple: La torture et le meurtre des moines, la confiscation de leurs produits, le bombardement du monastère par des missiles qu’on fabriquait durant cette période, etc.

Outre la violence humaine, le monastère de Hamatoura aurait subi des drames naturels, y compris un séisme en 1600, puis un autre de plus grande ampleur en 1917 provocant d’importants dégâts et destructions. Aujourd’hui, le monastère est restauré à 10%. Un manuscrit d’un touriste russe précise qu’il a en fait « perdu une grande partie de sa dimension historique ».
A ce niveau, les moines insistent sur la nécessité de réaliser davantage de réformes au sein du monastère, surtout sur le plan constructif.

La mort puis la résurrection

Il fut un temps où le monastère de Hamatoura abritait près de 200 moines, ce nombre a toutefois rapidement décru au fil des différentes périodes de persécution. Pendant ces temps difficiles, grand nombre de moines qui ont survécu ont préféré chercher asile dans le monastère de Saint Georges, établi au sommet de la colline. C’est ainsi que le monastère de Hamatoura a sombré dans une période de décadence, à l’instar de nombreux autres monastères orthodoxes au Liban et en Syrie, pendant la même période. Frère Selwane, lui-même moine de Hamatoura, rappelle que les moines du couvent Saint Georges étaient probablement les derniers moines orthodoxes au Liban jusqu’à 1950.
En cette année-là, la Jeunesse Orthodoxe fut fondée. Ce mouvement insuffla un vent nouveau au Liban, de nouveaux couvent furent inaugurés ; l’un au Metn, le couvent de Ras el Harf, et un autre à Déddé.

En 1992, un moine venu du Mont Athos en Grèce a essayé de faire renaître le monastère de Hamatoura. Il n’a hélas pas réussi à cause des conditions de vie trop dures et l’état du monastère qui ne ressemblait qu’à un amas de ruines après tant d’années d’oubli.
En 1993, un incendie a brûlé complètement l’église du monastère. Il fut initié par les cierges qu’y allumaient les croyants. En l’absence de moines, le monastère étant abandonné, personne n’a pu empêcher les flammes de tout détruire. Suite à cet accident, L’Eglise Orthodoxe a dépêché l’Archimandrite Pandéleimon Farah au monastère de la Mère de Dieu à Hamatoura, pour s’en occuper. Il y a alors lancé des travaux de restauration, et au fur et à mesure que les travaux avançaient le nombre de moines augmentait. Ils sont aujourd’hui 15 à peupler le monastère.
L’incendie qui a ravagé l’église a permis de découvrir des fresques datant du VIe siècle. Suite aux attaques ottomanes, et à la destruction de l’église, les moines n’avaient pas pu sauver ces peintures, ils ont préféré enduire les murs d’une sorte de plâtre blanc, qui lors de l’incendie de 1992, s’est craquelé, laissant entrevoir les icones enfouies en dessous. Une délégation de spécialistes est alors venue de Grèce pour étudier ces peintures sacrées.
Il est important de savoir qu’un moine orthodoxe passe l’ensemble de sa vie dans un seul couvent. Les 15 moines qui vivent actuellement à Hamatoura y passeront donc probablement toute leur vie. Etant tous très jeunes, ils ont de nombreuses années à consacrer au service de ce monastère qui renaît toujours de ses cendres avec l’aide des croyants.

Saint « Ya’coub » ou Jacob de Hamatoura

Vers la fin du XIIIème siècle, notre saint Ya’coub entra dans la vie ascétique au monastère de la Mère de Dieu.
Plus tard, quand le monastère fut détruit par les Mamelouks, il rétablit la vie monastique dans le périmètre des ruines du monastère. Avec le temps, il reconstruisit le monastère, donnant une vigueur renouvelée à la vie monastique dans la région.

Son influence spirituelle, et sa popularité grandissante auprès des fidèles attirèrent l’attention des Mamelouks sur lui. Ceux-ci se mirent alors dans l’idée de freiner sa détermination et de le forcer à se convertir à l’islam. Il s’y refusa, malgré les incessantes pressions. Après que toutes les terribles coercitions des Mamelouks eurent échoué, ils traînèrent saint Ya’coub et avec lui plusieurs moines et fidèles laïcs de l’ermitage de saint Georges du haut de la montagne de Hamatoura jusqu’à la ville de Tripoli et les livrèrent au « wali », le gouverneur mamelouk de la région.
Pendant presque un an, saint Ya’coub endura des tortures indescriptibles. Néanmoins, il n’abandonna jamais, n’abdiquant pas sa Foi, malgré les menaces, les horreurs et les tortures.
Finalement, ne pouvant plus supporter sa résistance et sa ténacité, les Mamelouks le décapitèrent. Lui réservant un traitement particulier et afin de s’assurer que l’Eglise ne récupérerait pas son corps pour lui donner des funérailles de martyr, ils brulèrent entièrement son corps.
Peu de temps après sa mort, l’Eglise le canonisa en le déclarant Saint, l’ajoutant à sa liste d’honorables saints martyrs et priant pour son intercession.
Saint Ya’coub a toutefois été presque complètement oublié durant les siècles suivants. Ce fut lié aux souffrances que connut l’Eglise sous la domination des différents sultans musulmans, ce qui affaiblit la vie spirituelle des chrétiens et réduisit d’une façon notable leur accès à la lecture des textes et des enseignements de l’Eglise. De plus, tous les manuscrits et récits de sa vie qui purent être transmis et traduits ailleurs pour les conserver ont été négligés, perdus ou détruits.

Pour autant, de nombreux témoignages de pèlerins visitant le monastère racontèrent les apparitions de « saint Jacob » et d’autres encore transmirent le fait d’avoir ressenti sa présence, ce qui contribua à conforter l’authenticité de sa sainteté. Saint Jacob opéra de même de nombreux miracles.
Récemment, une citation claire de saint Ya’coub a été retrouvé dans un manuscrit « Gerontikon » une compilation de courts récits biographiques de la vie des saints, se trouvant à la bibliothèque du monastère de Balamand.
Ce manuscrit, un synaxaire portant le numéro 149, indique clairement que l’Eglise fêtait la mémoire de Saint Ya’coub de Hamatoura le 13 octobre.
C’est ainsi que le monastère de la Dormition de la Mère de Dieu – Kousba, Hamatoura – a commémoré sa mémoire, de nouveau pour la première fois, le 13 octobre 2002 en célébrant des vigiles la nuit durant.
De nombreux prêtres, diacres et fidèles croyants ont participé à ce jour mémorable, chantant l’office de la fête du saint, écrit et composé par les moines du monastère.
Aujourd’hui encore, pèlerins et fidèles rapportent constamment des apparitions et des guérisons opérées par saint Jacob.

Les saintes reliques de saint Jacob et de ses compagnons avaient été découvertes le 3 juillet 2008 dans le sol de l’église du monastère pendant les travaux de réhabilitation qui y avaient été entrepris. Elles portent des traces de tortures sur les ossements et les crânes, ainsi que des marques de brûlures. Elles reposent aujourd’hui au monastère, sous l’église de Saint-Michel dans l’enceinte du monastère.

La vie au quotidien

Les moines du couvent de Hamatoura vivent une vie monacale traditionnelle qui s’appuie sur deux principes essentiels: la prière et le travail. Leur emploi du temps quotidien est organisé comme suit:
Chacun des moines commence sa journée à 3 heures à l’aube par une heure de méditation personnelle. A 4 heures, les moines se réunissent pour la prière matinale qui dure parfois jusqu’à 7 heures du matin, après quoi chacun d’eux se consacre à une heure de lecture. A 8 heures, vient l’heure de commencer les 6 heures de travail quotidien. Cette période est toutefois interrompue par une nouvelle pause de prière à midi. Les moines se partagent diverses tâches, à commencer par les tâches de maintenance et de nettoyage habituelles, en passant par le travail artisanal destiné à la vente, pour finir avec le travail de la terre.
A 14 heures, les moines partagent un déjeuner, après quoi ils se consacrent à nouveau à la lecture jusqu’à la prière du coucher, à 17 heures. Après ce nouveau temps de prière, ils assistent à l’enseignement qui leur est dispensé par le chef du couvent. A 21 heures, les moines s’isolent dans leurs chambres pour leur prière personnelle, suite à laquelle ils s’endorment en vue d’un réveil très matinal signant le début d’une nouvelle journée de travail et de prière.
Le monastère est toutefois ouvert aux visiteurs chaque jour de 7 heures jusqu’à 10 heures 30 du matin, et dans l’après-midi de 17 à 19 heures. Des groupes de pèlerins sont également accueillis pour des retraites spirituelles à condition qu’ils aient obtenu une permission au préalable.

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