Mouvement pour le Liban

Représentant le Courant Patriotique Libre en Belgique

Se prémunir contre les plantes invasives, une priorité pour le Liban

Posted by jeunempl sur juin 24, 2009

(Par Dr Layla SAAD – L’Orient le Jour)

plante-invasiveElles sont appelées « invasives » non sans raison : ces plantes, introduites artificiellement dans des milieux naturels, sont la deuxième cause de perte de biodiversité dans le monde. Le Liban, comme le reste des pays méditerranéens, doit adopter une stratégie pour y faire face.

Cultivées pour leur valeur ornementale dans les jardins d’agrément ou en « landscaping », introduites par l’homme pour des activités agricoles, pour la restauration de milieux dégradés ou dans le cadre de reforestation, certaines espèces végétales exotiques ont mérité le qualificatif d’« invasives » en référence aux nombreux risques et dommages qu’elles représentent pour nos écosystèmes naturels.

Par définition, les espèces végétales exotiques invasives sont des espèces introduites, volontairement ou de manière accidentelle, et qui sont en expansion en dehors de leur aire géographique d’origine. Elles sont considérées comme la deuxième cause de perte de biodiversité à travers le monde. Elles induisent des impacts environnementaux, économiques et sociétaux, comme par exemple des problèmes de santé publique tels que des allergies. C’est le cas du pollen de l’ambroisie, espèce envahissante en France, qui provoque des réactions allergiques chez 6 à 12 % de la population.

L’eucalyptus globulus, largement utilisé en plantations de bords de routes ou dans les zones urbaines, est invasif aux États-Unis, notamment en Californie, mais également dans le bassin méditerranéen (Espagne et Portugal) où des peuplements naturalisés ont été observés. De par sa croissance rapide et son besoin important en eau, il appauvrit les sols, assèche les nappes phréatiques et perturbe le fonctionnement des écosystèmes naturels. À cause de l’effet allélopathique (quand un organisme, micro-organisme ou végétal, inhibe la croissance d’autres organismes en sécrétant des substances chimiques nocives ou toxiques) de ses feuilles, toxiques pour la croissance des autres plantes, cette espèce empêche toute végétation native de pousser sous sa canopée (étage supérieur de la forêt en contact direct avec l’atmosphère libre, parfois considéré comme un habitat ou un écosystème, notamment en forêt tropicale).

Les espèces invasives, très prolifiques, se propagent dans les milieux naturels et profitent de l’absence de compétiteurs, de prédateurs ou de maladies, détruisant ainsi des écosystèmes entiers en provoquant la disparition d’espèces indigènes ou en altérant l’équilibre de ces écosystèmes.
Nos écosystèmes méditerranéens, caractérisés par un grand nombre d’espèces originales et uniques (endémiques), sont fragiles et doivent donc impérativement être préservés de cette menace.

D’énormes coûts pour s’en débarrasser

En plus de ces impacts écologiques, les espèces invasives peuvent affecter les activités économiques en engendrant des coûts estimés jusqu’à 5 % de l’économie mondiale avec par exemple la baisse des rendements agricoles, la détérioration des infrastructures et la restauration des milieux contaminés.

L’Europe a pris conscience de ce problème après que de nombreux pays eurent subi les multiples conséquences de l’introduction de ces espèces. Dans le cadre de la préservation de la biodiversité, la lutte contre les espèces invasives fait partie des priorités. Le projet Daisie a évalué pour 15 pays européens l’importance des espèces exotiques établies en Europe (animaux, végétaux et champignons).

Face à ce fléau, des stratégies nationales de prévention (législation, analyse de risques) et de lutte active (lutte biologique par l’introduction de prédateurs, lutte mécanique par arrachage des plantes invasives ou encore lutte chimique, en dernier recours) sont actuellement développées par les pays. Notons que la gestion de ces plantes devient d’autant plus difficile que leur expansion est avancée.

Aujourd’hui, de nombreuses campagnes très coûteuses sont menées pour se débarrasser de ces fléaux écologiques, économiques et sociaux. C’est par exemple le cas pour carpobrotus edulis (griffe de sorcière) qui envahit le littoral méditerranéen. À Minorque (petite île espagnole), cette espèce menaçait jusqu’à 80 % des espèces endémiques. Un projet d’éradication de la plante sur 28 hectares a donné des résultats prometteurs, mais a coûté plus d’un million d’euros. À Mayotte, territoire français d’outre-mer, le coût de l’éradication de lantana camara sur une dizaine d’hectares a été estimé à 240 000 euros.

Se battre contre l’introduction, le développement et l’installation des espèces invasives est un devoir légal, d’une part, puisque le Liban est signataire de la convention sur la biodiversité (loi 360/1994), mais également et surtout un devoir moral et éthique envers notre flore et l’intégrité de nos écosystèmes.
Une action coordonnée au niveau national, associant l’ensemble des acteurs, est donc indispensable. L’élaboration de stratégies et de plans d’action, avec comme principes directeurs la prévention des introductions, l’éradication et le contrôle sur le long terme, est une priorité.

Il faut faire face à ces espèces qui sont capables d’altérer les écosystèmes naturels, de prendre la place des espèces indigènes, d’engendrer d’énormes coûts de gestion ou de causer des problèmes de santé, sans compter les sommes considérables qu’il faudra débourser pour s’en débarrasser. Dans un premier temps, il est donc indispensable d’arrêter l’importation des espèces exotiques reconnues comme invasives dans d’autres parties du monde et ne pas planter ces espèces, ni favoriser leur multiplication ou leur dissémination. Mais, surtout, il faut mieux connaître et identifier ces espèces invasives déjà présentes au Liban et prendre conscience du danger qu’elles représentent.

Dr Layla SAAD
Faculté universitaire des sciences agronomiques de Gembloux – Belgique

Par Dr Layla SAAD

Elles sont appelées « invasives » non sans raison : ces plantes, introduites artificiellement dans des milieux naturels, sont la deuxième cause de perte de biodiversité dans le monde. Le Liban, comme le reste des pays méditerranéens, doit adopter une stratégie pour y faire face.
Cultivées pour leur valeur ornementale dans les jardins d’agrément ou en

« landscaping », introduites par l’homme pour des activités agricoles, pour la restauration de milieux dégradés ou dans le cadre de reforestation, certaines espèces végétales exotiques ont mérité le qualificatif d’« invasives » en référence aux nombreux risques et dommages qu’elles représentent pour nos écosystèmes naturels.
Par définition, les espèces végétales exotiques invasives sont des espèces introduites, volontairement ou de manière accidentelle, et qui sont en expansion en dehors de leur aire géographique d’origine. Elles sont considérées comme la deuxième cause de perte de biodiversité à travers le monde. Elles induisent des impacts environnementaux, économiques et sociétaux, comme par exemple des problèmes de santé publique tels que des allergies. C’est le cas du pollen de l’ambroisie, espèce envahissante en France, qui provoque des réactions allergiques chez 6 à 12 % de la population.
L’eucalyptus globulus, largement utilisé en plantations de bords de routes ou dans les zones urbaines, est invasif aux États-Unis, notamment en Californie, mais également dans le bassin méditerranéen (Espagne et Portugal) où des peuplements naturalisés ont été observés. De par sa croissance rapide et son besoin important en eau, il appauvrit les sols, assèche les nappes phréatiques et perturbe le fonctionnement des écosystèmes naturels. À cause de l’effet allélopathique (quand un organisme, micro-organisme ou végétal, inhibe la croissance d’autres organismes en sécrétant des substances chimiques nocives ou toxiques) de ses feuilles, toxiques pour la croissance des autres plantes, cette espèce empêche toute végétation native de pousser sous sa canopée (étage supérieur de la forêt en contact direct avec l’atmosphère libre, parfois considéré comme un habitat ou un écosystème, notamment en forêt tropicale).
Les espèces invasives, très prolifiques, se propagent dans les milieux naturels et profitent de l’absence de compétiteurs, de prédateurs ou de maladies, détruisant ainsi des écosystèmes entiers en provoquant la disparition d’espèces indigènes ou en altérant l’équilibre de ces écosystèmes.
Nos écosystèmes méditerranéens, caractérisés par un grand nombre d’espèces originales et uniques (endémiques), sont fragiles et doivent donc impérativement être préservés de cette menace.

D’énormes coûts pour s’en débarrasser
En plus de ces impacts écologiques, les espèces invasives peuvent affecter les activités économiques en engendrant des coûts estimés jusqu’à 5 % de l’économie mondiale avec par exemple la baisse des rendements agricoles, la détérioration des infrastructures et la restauration des milieux contaminés.
L’Europe a pris conscience de ce problème après que de nombreux pays eurent subi les multiples conséquences de l’introduction de ces espèces. Dans le cadre de la préservation de la biodiversité, la lutte contre les espèces invasives fait partie des priorités. Le projet Daisie a évalué pour 15 pays européens l’importance des espèces exotiques établies en Europe (animaux, végétaux et champignons).
Face à ce fléau, des stratégies nationales de prévention (législation, analyse de risques) et de lutte active (lutte biologique par l’introduction de prédateurs, lutte mécanique par arrachage des plantes invasives ou encore lutte chimique, en dernier recours) sont actuellement développées par les pays. Notons que la gestion de ces plantes devient d’autant plus difficile que leur expansion est avancée.
Aujourd’hui, de nombreuses campagnes très coûteuses sont menées pour se débarrasser de ces fléaux écologiques, économiques et sociaux. C’est par exemple le cas pour carpobrotus edulis (griffe de sorcière) qui envahit le littoral méditerranéen. À Minorque (petite île espagnole), cette espèce menaçait jusqu’à 80 % des espèces endémiques. Un projet d’éradication de la plante sur 28 hectares a donné des résultats prometteurs, mais a coûté plus d’un million d’euros. À Mayotte, territoire français d’outre-mer, le coût de l’éradication de lantana camara sur une dizaine d’hectares a été estimé à
240 000 euros.
Se battre contre l’introduction, le développement et l’installation des espèces invasives est un devoir légal, d’une part, puisque le Liban est signataire de la convention sur la biodiversité (loi 360/1994), mais également et surtout un devoir moral et éthique envers notre flore et l’intégrité de nos écosystèmes.
Une action coordonnée au niveau national, associant l’ensemble des acteurs, est donc indispensable. L’élaboration de stratégies et de plans d’action, avec comme principes directeurs la prévention des introductions, l’éradication et le contrôle sur le long terme, est une priorité.
Il faut faire face à ces espèces qui sont capables d’altérer les écosystèmes naturels, de prendre la place des espèces indigènes, d’engendrer d’énormes coûts de gestion ou de causer des problèmes de santé, sans compter les sommes considérables qu’il faudra débourser pour s’en débarrasser. Dans un premier temps, il est donc indispensable d’arrêter l’importation des espèces exotiques reconnues comme invasives dans d’autres parties du monde et ne pas planter ces espèces, ni favoriser leur multiplication ou leur dissémination. Mais, surtout, il faut mieux connaître et identifier ces espèces invasives déjà présentes au Liban et prendre conscience du danger qu’elles représentent.

Dr Layla SAAD
Faculté universitaire des sciences agronomiques de Gembloux – Belgique

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