Après sa création à Chambéry et son passage par Avignon, Wajdi Mouawad, auteur-acteur-metteur en scène, reprend Seuls au Théâtre 71 de Malakoff. L’enfant du Liban, adopté par le Québec et chéri par la France, sera l’artiste associé du prochain festival d’Avignon. Rencontre avec un artiste pétri d’humanité profonde, dont la vie se confond avec l’acte de création, permanent, et qui n’aime rien tant que conter des histoires.
Il y a, à première vue, un contraste saisissant entre l’homme et l’œuvre. Une œuvre au long cours malgré son jeune âge (40 ans tout juste), une œuvre incandescente, qui dit la guerre, l’exil, la quête des origines dans un mouvement perpétuel. Une œuvre bouillonnante, tumultueuse, hantée. Wajdi Mouawad, lui, affiche une douceur rare. Dans une époque au rythme fou, lui semble prendre son temps. Le temps de réfléchir, de poser son esprit, de choisir le mot juste pour exprimer l’idée, de répondre le plus précisément possible aux questions qu’on lui pose, en plongeant ses yeux clairs dans les vôtres.
Fluctuat : Vous aimez dire que vos pièces sont des rencontres. Comment adviennent ces rencontres ?
Wajdi Mouawad : J’aime assez comparer l’acte de création au fonctionnement du scarabée. Il s’agit d’un insecte au système intestinal hyper sensible, qui se nourrit des défections des autres animaux. C’est ce qui lui donne cette couleur incroyable, ces tons rarissimes et si beaux parfois. Pour moi c’est pareil, j’ai Lire le reste de cette entrée »