L’oeuvre théâtrale du célèbre artiste canadien d’origine libanaise, Wajdi Mouawad, « Temps » se produit en Belgique au théâtre de Namur.
Dans une « ville-mur » érigée contre le froid et le vent sont gardés des mystères, des secrets et des âmes isolées. Avec le souffle, les mots et la direction de Wajdi Mouawad, voici – une fois de plus – un spectacle poignant, âpre et puissant.
« Deux frères et une soeur se retrouvent quarante ans plus tard pour liquider la succession de leur père mourant. Cela se passe l’hiver, dans la ville minière de Fermont, au nord du Québec, où les températures peuvent descendre jusqu’à – 60°. Pour lutter contre la violence des vents, un mur écran a été construit dans lequel vivent les habitants de Fermont, dont la plupart sont employés par la compagnie qui gère la mine de fer.
Entre l’intérieur de la maison, où a lieu la rencontre des enfants et l’extérieur, où les vents violents qui balaient la ville n’empêchent nullement une invasion de ses rues par une horde de rats; quelque chose va sourdre, comme une blessure mortelle et ancienne, que les enfants vont devoir confronter pour retrouver, peut-être, une sensation de légèreté. Mais la légèreté se paie aujourd’hui au prix fort. Ils en feront l’expérience. »
Après le très regretté Théâtre Ingea de Tripoli, le glas sonnera bientôt pour le Théâtre de Beyrouth, à Ein el-Mreisseh. Des décennies de mémoires, d’accomplissements, de spectacles, d’émotions, d’applaudissements, vont être rasées, pour laisser la place à un projet immobilier. Les circonstances actuelles au pays des cèdres veulent que les théâtres soient détruits, parce qu’ils ne servent plus à rien. Les Tartuffes et les Scapins courent les rues, plus la peine d’avoir des planches où ils se reproduisent.
Un théâtre ? Mais qu’est-ce qu’un théâtre ? A quoi sert un théâtre ? A-t-on vraiment besoin d’un théâtre ? Voyons, le théâtre, c’est désuet. Ce n’est pas IN. Regarder une bande d’acteurs jouer une pièce ne convient pas à la pléiade branchée qui ne pourrait pas « se faire voir » dans un théâtre comme il se doit. Y a-t-il encore des gens dans ce pays qui connaissent l’œuvre de Becket, Cocteau, Anouilh ou Guitry, ou qui savent qui sont ces sommités ? Les Libanais connaissent-ils vraiment une seule œuvre de Roger Assaf, Mounir Abou Debs, Jalal Khoury, Antoine et Latife Moultaqa ? Le nom de Issam Bou Khaled leur dit quelque chose ? Ont-ils entendu parler de Wajdi Mouawad ? Neuf sur dix personnes diront que c’est un bijoutier … Alors, à quoi bon ? Détruisons nos théâtres !
Les projets immobiliers dans la capitale surgissent comme des injures. Normalement, nous devrions jubiler, de telles entreprises sont un signe de bonne santé de l’économie. Mais lorsque ces projets Lire le reste de cette entrée »
[Note du MPLBelgique.org : ce film Incendies est l’adaptation du fabuleux chef d’oeuvre de l’auteur et metteur en scène libano-canadien Wajdi Mouawad. Le film est sorti ce mercredi 12 janvier en Belgique. Si vous n’avez pu voir la pièce de théatre, découvrez sans tarder le film qui semble retranscrire fidèlement(au vu de la vidéo de lancement diffusée ci-dessous) les sensations de l’oeuvre de ce talentueux artiste qu’est Wajdi Mouawad.]
L'actrice belge Lubna Azabal est bouleversante en mère courage dans "Incendies", le dernier film du réalisateur canadien Denis Villeneuve.
Depuis son premier long métrage, Un 32 août sur Terre, le nom de Denis Villeneuve est sur les lèvres de tout observateur attentif du cinéma international, et plus précisément du renouveau qui souffle sur le septième Art au Québec, sous l’influence aussi de Xavier Dolan ou de Denis Côté. Le nouveau film de ce réalisateur ambitieux adapte brillamment la pièce de Wajdi Mouawad, un auteur ayant inscrit la douleur de l’exil au coeur de sa thématique, lui qui a dû quitter le Liban alors qu’il n’était qu’un enfant…
Jeanne et Simon Marwan, qui ont grandi au Canada, y reçoivent à la mort de leur mère deux lettres porteuses de révélations majeures: l’une adressée à leur père qu’ils croyaient mort, l’autre destinée à un frère dont ils ignoraient l’existence. Alors que Simon semble vouloir aller de l’avant sans opérer de recherches, sa soeur va partir au Moyen-Orient, en quête d’une vérité qui redessinera le destin tragique et jusque-là caché de leur maman…
Entre mélodrame familial poignant et histoire violente d’un Liban déchiré, Incendies captive autant qu’il émeut. L’actrice bruxelloise Lubna Azabal y est extraordinaire dans le rôle d’une mère courage confrontée au pire.
[Note : Le MPL Belgique vous invite à découvrir cet artiste d’origine libanaise, peu connu au Liban et pourtant de renommée mondiale. Il se produira au Théâtre Royal de Namur ces 11, 12 et 13 janvier 2011. Ne tardez pas à réserver vos places (détails dans l’article ci-dessous).]
Après le magistral “Incendies” la saison dernière, un solo bouleversant de Wajdi Mouawad. Le portrait d’un homme qui touche au plus profond et tend à l’universel du destin humain.
Avec sa langue façonnée par le rêve et la révolte, avec ses récits émouvants, Wajdi Mouawad est un conteur fabuleux. Un grand poète contemporain, un maître incontesté du plateau. Son théâtre raconte le monde, le déroule comme une fresque et cherche à faire ressentir plutôt qu’à expliquer.
“Seuls” raconte l’histoire d’un jeune homme qui va se retrouver enfermé dans un musée une nuit durant.
Est-ce Wajdi Mouawad qui entreprend, seul sur scène, un voyage à la recherche de l’enfant qu’il a été et de sa langue maternelle oubliée? Oui et non… car de coups de théâtre en péripéties mouvementées, de moments épiques pleins d’humour en instants de tragédie, l’autobiographie est romancée et brouille les pistes.
Mêlant texte, musique, projections vidéo et lumières, le spectacle est constitué d’une écriture polyphonique envoûtante.
« Seuls, de Wajdi Mouawad, se niche aux confins de notre âme et a l’effet d’un duel entre soi et ce qu’on a toujours voulu être. Vient un moment où il faut prendre un sentier parallèle. S’assumer. Ça ne se fait pas sans souffrance. En ce sens, la dernière création de l’artiste d’origine libanaise a l’effet d’une bombe. »
– Le Journal de Montréal –
Texte, mise en scène et jeu Wajdi Mouawad Dramaturgie Charlotte Farcet Collaboration artistique François Ismert Scénographie Emmanuel Clolus Eclairage Eric Champoux Costumes Isabelle Larivière Réalisation sonore Michel Maurer Musique originale Michael Jon Fink Réalisation vidéo Dominique Daviet Photo Thibaut Baron
Coproduction Abé Carré Cé Carré, Théâtre de Quat’Sous avec Théâtre Ô Parleur, Festival de théâtre des Amériques, Hexagone scène nationale de Meylan, Dôme Théâtre scène conventionnée Albertville, Théâtre Jean Lurçat scène nationale d’Aubusson, Les Francophonies en Limousin, Théâtre 71 scène nationale de Malakoff, avec le soutien du Conseil des arts et des lettres du Québec et du Conseil des Arts du Canada
« Incendies » nous plonge dans l’histoire de Jeanne et de Simon, sœur et frère jumeaux.
Leur mère, qui n’a pas ouvert la bouche depuis 5 années, vient de mourir.
Par testament, elle leur confie une mission : retrouver au Liban leur père et leur frère disparus.
Leur chemin va les mener au bout de l’enfer, dans la tourmente de la guerre dont ils sont issus.
Véritablement passionnant, « Incendies » suit en parallèle trois histoires intimement liées car chacune trouve sa source dans l’autre. Trois destins qui tentent de trouver derrière la dune la plus sombre, la source de beauté.
« On ne s’y perd jamais : Mouawad a le chic pour tout emboîter, sa pièce est un puzzle que chaque spectateur est à même de reconstituer, tel un enquêteur accumulant les indices. Polar, mélo, tragédie, Incendies emprunte à tout cela et fonctionne à la manière d’un best-seller. (…) Du sang, du rire, beaucoup de larmes et du suspense : difficile de décrocher. »
– Libération
Ceux qui ont l’habitude du théâtre, avec des acteurs sur scène et en face des spectateurs soigneusement alignés, risquent d’être déroutés. Mais après tout, n’est-ce pas aussi la vocation du théâtre que de provoquer un peu le public, en tout cas de changer ses habitudes ?
Avec Ciels, pièce de Wajdi Mouawad créée au festival d’Avignon 2009, c’est sûr, les spectateurs vont être un peu bousculés. Imaginez ! Vous êtes assis sur un tabouret à faire tourner pendant deux heures et demie, pour suivre l’intrigue d’une histoire qui touche à la prévention et au dépistage du terrorisme dans une approche mondiale.
Le tout joué dans un lieu décalé : la friche industrielle de 1 700 m2, de l’usine Plastic Omnium rare endroit capable d’accueillir le spectacle avec tout son environnement. La scène sera installée dans un volume de draperies, quadrifrontale et sur deux niveaux ; le public est au milieu, tournant sur lui-même au fil de l’histoire. Déroutant donc mais « facile d’accès, à l’opposé de ce que l’on peut penser du théâtre » précise Jean-Paul Korbas, directeur des affaires culturelles. On est plutôt dans la logique d’un film pour le cinéma ou la télé. Le spectateur est pris par le sujet et par le jeu des acteurs dont il partage l’espace.
« Nous devons à Thierry Roisin et à la Comédie de Béthune le fait d’accueillir cette pièce à Bruay », poursuit-il. C’est le fruit de la complémentarité et de la complicité entre les structures culturelles de Béthune et de Bruay. Ce dont il faut se réjouir car ce n’est pas tous les jours que le Pas-de-Calais accueille Lire le reste de cette entrée »
Aux deux tiers du Festival d’Avignon, où il est artiste associé cette année, Wajdi Mouawad sait déjà que cette expérience est un tournant dans sa carrière. Le festival marque en effet la fin de l’aventure du Sang des promesses. Et il la vit dans une sorte d’état de grâce…
«Je commence à savoir que je suis né au Liban», blague Wajdi Mouawad, qui est un peu et même beaucoup «partout», dans ce Festival d’Avignon, où il est artiste associé. Il y a eu la Cour d’honneur du Palais des papes, qu’il a occupée cinq soirs durant avec les 11 heures des trois premières pièces du cycle Le sang des promesses. Et ensuite Ciels, la quatrième et ultime portion de sa tétralogie.
Quand il n’est pas au théâtre le soir, son programme de jour est rempli d’une foule de rencontres avec le public, de collaborations artistiques (avec notamment Jane Birkin et la cinéaste Christelle Lheureux), d’émissions de radio…
Aux deux tiers du festival, Wajdi Mouawad évalue cette expérience comme un lieu déterminant dans sa trajectoire d’artiste. «C’est l’endroit où j’aurai Lire le reste de cette entrée »
Le Festival d’Avignon a créé samedi soir « Ciels » de Wajdi Mouawad, huis clos multimédia aussi fascinant qu’oppressant, par lequel l’auteur et metteur en scène libano-québécois renouvelle son bouleversant théâtre de la narration et de la filiation.
A l’affiche jusqu’au 29 juillet, cette pièce vient clore un quatuor (« Le Sang des promesses ») dont les trois premiers volets, mis bout à bout, ont fait vivre des nuits épiques (de 20h00 à 7h30) aux spectateurs de la Cour d’honneur du Palais des papes, en début de festival. « Artiste associé » de ce 63e festival, Wajdi Mouawad a mis en scène « Littoral », « Incendies » et « Forêts » dans un rapport traditionnel (frontal) au public, et à partir d’une écriture épique avant tout portée par ses acteurs.
Sur ces points, le jeune quadragénaire innove avec « Ciels ». Déjà, le spectateur se voit « assigner » — le mot évoque une privation de liberté –l’une des quatre portes d’accès à la salle, une boîte blanche aménagée dans un bâtiment sans âme du parc des expositions d’Avignon.
Les spectateurs ne sont que les statues bien alignées d’un jardin constituant un espace à part, au milieu d’un bâtiment-bunker où sont enfermés cinq espions chargés de déjouer, en écoutant des messages émis dans une multitude de langues, un projet d’attentat terroriste.
En narrateur brillant, Mouawad amène le spectateur à élucider un autre mystère, celui de la mort d’un des agents secrets, dont on apprendra qu’il était le père du cerveau de l’organisation terroriste (ni islamiste ni anarchiste, mais poétiquement inspirée par « L’Annonciation » du Tintoret…).
Du théâtre politique ? L’auteur, certes, n’est pas tendre avec la paranoïa sécuritaire des sociétés occidentales, mais son propos est ailleurs: interroger la question de la filiation. La perspective est cependant inversée par rapport à « Littoral », « Incendies » et « Forêts »: dans « Ciels », les fils et filles ne sont plus en quête de leurs géniteurs. Ils se rebellent, tel cet activiste trentenaire auquel on prête la voix enregistrée de Bertrand Cantat et qui coordonne des attaques dans huit pays (France, Grande-Bretagne, Italie, Allemagne, Russie, Japon, Etats-Unis, Canada) dessinant « une géographie du sang versé, de la jeunesse massacrée » au XXe siècle.
Après Avignon, « Ciels » tournera notamment à Limoges, Nantes, Toulouse, Chambéry, Grenoble, Montréal et Québec, avec une longue étape du 11 mars au 10 avril 2010 à l’Odéon-Théâtre de l’Europe (Ateliers Berthier) à Paris.
Une nuit de spectacle du crépuscule à l’aube, entre morts et vivants: l’auteur et metteur en scène libano-québécois Wajdi Mouawad fait résonner dans la Cour d’honneur du Palais des papes d’Avignon une puissante odyssée théâtrale avec sa trilogie « Littoral, Incendies, Forêts ».
L' »artiste associé » du 63e Festival d’Avignon a pour la première fois réuni, dans la nuit de mercredi à jeudi, trois de ses pièces composant une saga familiale riche de personnages en quête de leurs origines et de leurs ancêtres.
La trilogie, à l’affiche jusqu’au 12 juillet, est une performance pour les acteurs et une expérience pour le spectateur, qui ne quitte les lieux qu’à 7h30 du matin, après onze heures et trente minutes de présence.
Le triptyque brasse des thèmes chers à Wajdi Mouawad, né en 1968 au Liban, qu’il a quitté pendant la guerre civile pour rejoindre la France puis le Québec. Son écriture se ressent de cette jeunesse mouvementée, marquée par la mort de sa mère.
La nuit n’est pas encore tombée que débute déjà « Littoral ». Le personnage principal en est Wilfrid, qui peine à organiser les Lire le reste de cette entrée »
Le Festival d’Avignon, grand rendez-vous du spectacle vivant contemporain, ouvrira mardi soir sa 63e édition, qui aura une tonalité résolument méditerranéenne autour de son « artiste associé », le Libano-Québécois Wajdi Mouawad, et fera une belle place à des cinéastes.
Du 7 au 29 juillet, la manifestation (le « In ») proposera une trentaine de spectacles principaux, entre arts de la scène (théâtre, danse, musique) et visuels (installations, vidéo, cinéma…).
En léger différé (8-31 juillet), le « Off », libre rassemblement de productions indépendantes, sera riche d’un millier de spectacles, un nombre comparable à celui de l’an dernier, et sur lequel la crise économique ne semble pas avoir eu d’effet majeur.
Le « In » affiche également un relatif optimisme. « Dans les premiers chiffres, on est dans des réservations à peu près identiques à celles des années précédentes, qui étaient plutôt bonnes puisqu’on était à 94% de fréquentation », explique à l’AFP Hortense Archambault, codirectrice du festival.
« On a le sentiment que les gens sont désireux de venir voir des spectacles, même si, peut-être, ils en prennent un peu moins. Les gens ont besoin de sens, mais c’est aussi le résultat d’une politique culturelle », estime la responsable.
Hortense Archambault et l’autre codirecteur, Vincent Baudriller, ont dialogué avec Wajdi Mouawad, 41 ans, pour préparer cette 63 édition.
En écho au parcours de cet homme qui avait fui le Liban en guerre, « l’expérience de la violence et de la folie humaine sera Lire le reste de cette entrée »