La journaliste et reporter Ghadi Francis s’attaque aujourd’hui dans l’émission « Khat Tamas » à l’offensive de l’Armée Syrienne, appuyée par des combattants du Hezbollah, pour reprendre le contrôle de Qousseir. Tantôt du côté de l’Armée Arabe Syrienne, tantôt du côté des rebelles (armée syrienne libre et salafistes), Ghadi Francis nous plonge dans la réalité de cette bataille. Elle plonge dans les groupes salafistes à Tripoli qui soutiennent les extrémistes et qui l’emmèneront en Syrie, en passant par la frontière clandestinement et par la route de Tal el-Kalakh. De même, elle part à la rencontre des familles syriennes qui ont trouvé refuge à Wadi Khaled mais qui se trouve aussi être un ilot libanais aux mains des rebelles syriens.
L’aspect stratégique de la bataille de Qousseir y est également analysée, cartes à l’appui, d’un oeil libanais et par rapport à la sécurité du pays du Cèdre.
Les rumeurs les plus folles courent sur le Liban-Nord, accusé par certains médias d’abriter des mouvances radicales alliées au Front syrien al-Nosra. Comment tirer le vrai du faux? Magazine enquête.
L’artère principale tripolitaine, reliant le nord du pays au rond-point central d’Abou Ali, s’habille de teintes grisâtres entre chien et loup. Les bâtiments délabrés prennent des allures fantomatiques. Les rues sont vidées par les tirs de francs-tireurs résonnant de part et d’autre, provoquant la panique des conducteurs.
Depuis une dizaine de jours, l’insécurité s’est aggravée à Tripoli, ventre mou du Liban. L’agression à Beyrouth de quatre cheikhs sunnites, dans deux incidents séparés, impliquant des jeunes de la communauté chiite, a mis le feu aux poudres dans la capitale du Nord. Des affrontements ont opposé les quartiers de Bab el-Tebbané, à majorité sunnite, soutenant la rébellion syrienne, à ceux de Jabal Mohsen, dont les résidants sont alaouites et appuient le régime du président Bachar el-Assad, lui-même membre de la communauté. En fin de semaine, la situation a également dégénéré après l’annonce de la démission du Premier ministre Najib Mikati, sunnite de Tripoli, en raison de divergences politiques à l’intérieur du gouvernement, portant notamment sur la prorogation du mandat du chef des Forces de sécurité intérieure, Achraf Rifi. Au moins sept personnes, dont un soldat, sont tuées et une trentaine d’autres blessées dans ce nouveau cycle de violences. Les affrontements se sont également propagés à d’autres quartiers comme Chaarani, Maloula, Rifa et Baqqar.
Vingt-cinq fauteurs de troubles
«Ce regain de tensions et de violences entre Bab el-Tebbané et Jabal Mohsen est attribué à un groupe de vingt-cinq jeunes gens. On ignore tout des factions politiques qui les appuient mais il semble que l’armée soit réticente à les arrêter», signale une source salafiste s’exprimant sous couvert d’anonymat.
Autre facteur préoccupant: le changement des priorités dans certains cercles extrémistes. On assure, en effet, que certains membres de la communauté salafiste tripolitaine, très enthousiastes auparavant, à l’idée de combattre en Syrie, estiment désormais devoir concentrer leurs efforts sur leur ville. «Ils pensent qu’ils seront amenés à jouer un plus grand rôle (dans ce nouveau front qu’est devenu Tripoli) en raison des tensions croissantes entre Lire le reste de cette entrée »
L’AFP a rapporté que l’Armée libanaise a saisi une cargaison d’armes aux frontières nord avant qu’elle ne soit introduite en Syrie. L’opération a eu lieu dans la région de Wadi Khaled, au nord du pays.
Les armes, dissimulées dans une voiture et une camionnette, comprenaient des obus de mortier, des mitrailleuses et des munitions. Les chauffeurs des véhicules, deux Libanais originaires de Wadi Khaled, ont été arrêtés par l’Armée. La télévision Al-Manar du Hezbollah, a indiqué que la cargaison a été saisie dans le village de Mejdel.
Le navire battant pavillon de la Sierra Leone, intercepté par la marine libanaise le 27 avril, a capté l’attention des observateurs. Stupéfaction et inquiétude devant l’importance de la cargaison d’armes, saisie à bord, suffisante pour équiper une petite armée. Comment ce navire a-t-il pu passer à travers les mailles des filets israéliens et onusiens?
Le trajet du Lutfallah II, à bord duquel une importante cargaison d’armes, sans doute destinées aux insurgés syriens a été découverte, est des plus surprenants. Le cargo a quitté le port d’al-Khamss, en Libye (situé à 120 kilomètres de Tripoli), s’est d’abord dirigé vers le port d’Alexandrie, en Egypte, a ensuite fait escale dans le port turc de Mersin, avant de mettre le cap vers sa destination finale, le Liban. La suite est bien connue: le navire transportait 150 tonnes d’armes et de munitions destinées aux opposants syriens, qui devaient leur être acheminées via la région de Wadi Khaled, au Liban-Nord. Il s’agit de plusieurs milliers de fusils mitrailleurs russes, Kalachnikov, et américains, M16, des lance-roquettes de divers types, des canons de mortier de 120 mm, des munitions et des explosifs.
Des sources proches de la majorité ont assuré que l’opération a été montée avec la complicité de partis libanais sympathisant avec la révolte syrienne, et que les armes devaient être transportées par ces mêmes partis vers la région frontalière. Mais d’autres ont nié ces informations, affirmant que seuls des citoyens syriens seraient impliqués dans ce trafic. Pour le moment, aucun indice ne prouve l’implication d’acteurs libanais, et l’interrogatoire des onze personnes arrêtées, dont l’agent Lire le reste de cette entrée »
Les habitants de Maïfadoun, au Liban-Sud, la communauté des journalistes et les Libanais en général, ont fait, hier, leur dernier adieu au caméraman de la NTV, Ali Chaabane, tué lundi du côté libanais de la frontière à Wadi Khaled, par des tirs provenant vraisemblablement de l’armée syrienne.
Une fois n’est pas coutume, la mort d’Ali Chaabane a été unanimement condamnée par les Libanais, toutes tendances confondues, même si certaines parties tentent de politiser cette tragédie.
Les collègues du jeune homme de 32 ans se sont recueillis devant le cercueil, au siège de la NTV, avant que le convoi funéraire ne se dirige vers le domicile du défunt, à Haret Hreik, dans la banlieue sud de Beyrouth, où la famille, les proches et les voisins, lui ont réservé un accueil émouvant. Le cortège a ensuite pris la direction du Liban-Sud, où le malheureux a été inhumé après des funérailles officielles auxquelles ont assisté des représentants du président de la République Michel Sleiman, du chef du législatif Nabih Berry, et du Premier ministre Najib Mikati. Le représentant du secrétaire général du Hezbollah, sayyed Hassan Nasrallah, le député Hassan Fadallah, a condamné le meurtre du caméraman et réclamé que Lire le reste de cette entrée »
L’armée libanaise a renforcé sa présence dans la région de Wadi Khaled, frontalière de la Syrie et proche de la province rebelle de Homs pilonnée depuis six jours par les troupes syriennes, ont rapporté vendredi des responsables et des témoins.
« Une unité de l’armée a été vue jeudi soir se déployer dans une base de Wadi Khaled et a commencé à patrouiller dans les villes et les villages de la région », a affirmé un responsable local sous couvert de l’anonymat.
Selon un autre responsable, les militaires se sont positionnés dans trois villages frontaliers: Knaissé, El-Hnaider et Qarha. Plusieurs habitants ont déclaré que l’armée procédait à des fouilles de véhicules et à des contrôles d’identité au principal check-point situé à l’entrée de Wadi Khaled, une région pauvre du nord du Liban.
L’armée n’était pas joignable dans l’immédiat pour commenter ces informations. Depuis plusieurs mois, l’armée syrienne pose des mines le long de la frontière libanaise, apparemment dans une tentative de bloquer la contrebande d’armes vers la Syrie, selon des responsables locaux libanais.
Cette région frontalière, seulement séparée de la Syrie par des monticules de terre, est généralement un lieu de passage pour la contrebande de marchandise du Liban vers la Syrie. Ces derniers mois, des centaines de Syriens des villages frontaliers se sont réfugiés à Wadi Khaled, pour fuir les violences.
Les salafistes libanais soutiennent ouvertement les opposants syriens et dénoncent l’attitude du gouvernement, qui comprend le Hezbollah. Ils appellent aussi les chrétiens à « prendre leur distance » à l’égard de Damas.
C’est sous bonne escorte que le sheikh Dai al-Islam al-Chahal se rend à la grande prière du vendredi. Un groupe d’hommes, dont plusieurs sont armés, l’attend au pied de son immeuble du quartier d’Abi Samra, à Tripoli (Liban). Fils de Salem al-Chahal, le fondateur du mouvement salafiste au Liban, il en est aujourd’hui la figure de proue.
Les yeux clairs, la barbe blanche, il dirige l’Association pour le conseil et la charité, qui œuvre essentiellement dans le domaine de l’éducation. « Le régime criminel de Bachar al-Assad n’a plus aucune légitimité, dénonce Dai al-Chahal. Les salafistes libanais apportent un soutien moral, politique et financier au peuple syrien. Nous fournissons aussi de la nourriture, des médicaments ou des vêtements aux réfugiés. »
« Nous avons peur du Hezbollah«
L’imam radical Omar Bakri affirme être né à Beyrouth et n’avoir «jamais vu la Syrie de sa vie». De 1985 à 2005, il a vécu à Londres où il s’est rendu célèbre en qualifiant de «magnifiques» les auteurs des attentats du 11-Septembre.
Même barbe blanche, même quartier. Hassan al-Chahal est l’une des autres figures du mouvement. » Hafez al-Assad, comme son fils Bachar [de confession alaouite, une branche du chiisme, ndlr], ont très mal traité les sunnites, que ce soit au Liban ou en Syrie, dénonce-t-il. Sur 10 musulmans, il y a 9 sunnites en Syrie. C’est à nous de prendre le pouvoir ! »
Né au Liban en 1946, le courant salafiste, qui prône un retour à « l’islam des origines », s’organise autour d’une cinquantaine d’associations de charité et d’écoles religieuses, concentrées dans le nord du pays. Si leur mouvement reste d’ampleur limitée, les salafistes ont gagné en influence depuis l’assassinat de l’ancien Premier ministre Rafic Hariri et le retrait des forces syriennes du pays, en 2005.
Ils sont aussi fortement impliqués dans la vie politique : les salafistes sont « au cœur des tensions sectaires grandissantes entre sunnites et chiites », écrivait dès 2008 Omayma Abdel-Latif, alors experte au Centre Carnegie pour le Moyen-Orient.
A Qibbeh, un quartier pauvre situé à la périphérie de Tripoli, la prière se termine. À l’extérieur de la mosquée Hamza, une petite foule se rassemble derrière un pick-up où ont été entassés des haut-parleurs. Au centre du cortège, des Syriens qui disent avoir été victimes de la répression : l’un claudique sur ses béquilles, l’autre est en fauteuil roulant. Un troisième a le bras bandé.
Début août, ils ont été jusqu’à 700 à manifester en soutien aux opposants syriens. Ils ne sont plus que quelques dizaines à se mettre en marche, en scandant des slogans hostiles au président Assad. Tripoli, située à une quarantaine de kilomètres de la Syrie, est pourtant la deuxième ville du pays – et un véritable bastion sunnite. Lire le reste de cette entrée »
Près de la moitié des quelques milliers de Syriens qui ont fui dernièrement dans le nord du Liban pour échapper aux flambées de violence dans le sud-ouest de la Syrie sont rentrés dans leur pays, selon les habitants de la région.
« Cinquante pour cent des familles syriennes sont rentrées dans leur ville d’origine », a déclaré un cheikh de la région, sous couvert de l’anonymat. Dans la ville de Hadath, en Syrie, les familles et amis des demandeurs d’asile avaient informé ces derniers que la situation était calme dans leurs villages, a-t-il ajouté.
D’après Dana Sleiman, porte-parole du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), la situation est relativement calme dans la région de Wadi Khaled en Syrie, où se trouve Hadath.
« Bien que la situation soit grave, nous ne pensons pas pour l’instant qu’il s’agisse d’une situation d’urgence car le nombre des déplacés reste limité », a-t-elle dit. « Il n’y a pas d’afflux important ».
Il y a un peu plus d’un mois, des Syriens, dont une majorité de femmes et d’enfants originaires de villes telles que Lire le reste de cette entrée »
Le communautarisme et les territoires du politique
Ce décalage entre le lieu du vote et le lieu de résidence conduit à évoquer une disjonction des territoires du politique, au sens où l’expression territoriale du vote, dans la circonscription, renvoie à des réalités sociologiques et politiques qui se nouent à une autre échelle. Surtout, les solidarités familiales, villageoises, voire confessionnelles, relèvent autant d’une inscription territoriale que d’une logique de réseaux de relations et d’appartenance. Le vote est dépendant de l’expression de ces solidarités transterritoriales. En ce sens, la territorialisation du politique au Liban peut être qualifiée de «virtuelle» (Khayat, 2001). L’une des ressources de la compétition politique réside alors dans la capacité de mobilisation de ces réseaux relationnels à une échelle qui dépasse la circonscription. Les pratiques des acteurs politiques pour contrôler le vote l’illustrent nettement.
Le jeu sur les listes électorales
La composition des listes électorales est un élément crucial. En 1994, un décret de naturalisation d’environ 95 000 électeurs a été pris pour, en principe, apurer les situations litigieuses de populations nomades et apatrides (dont des Arméniens qui avaient quitté l’Anatolie pour la Syrie, notamment la région d’Alep, avant de migrer de nouveau vers le Liban, mais aussi des Kurdes). Il a suscité la polémique car il touchait aussi les Palestiniens, provoquant la crainte d’une partie de l’opinion, surtout chrétienne, qu’il ne favorise leur implantation plutôt que leur «retour» (en fait leur départ) (Peteet, 1996; Rougier, 2000). Par delà le problème de l’implantation, les naturalisés étaient en majorité musulmans, et le pouvoir a été soupçonné de vouloir affaiblir la population chrétienne. La répartition des nouveaux inscrits, en particulier les nomades, a également attisé la controverse car le lieu de résidence des nouveaux citoyens ne semble pas avoir toujours été le critère déterminant le village d’inscription. À chaque élection, les caciques locaux convoient en bus des «naturalisés» vers des bureaux de vote où ils sont Lire le reste de cette entrée »