Julien Abi Ramia – L’Hebdo Magazine
Pour espérer sortir la tête de l’eau, le Liban,
plongé dans la tourmente sécuritaire et le vide politique, attend impuissamment une très hypothétique détente entre Riyad et Téhéran. Improbable, car embarqués dans une guerre sans merci en Syrie, où le conflit passe par une nouvelle phase.
«Soyez sûrs que vous êtes incapables de trancher la guerre avec nous. Nous trancherons la guerre. Cette guerre sera coûteuse, oui, mais elle sera moins coûteuse que d’attendre les takfiristes arriver à nos portes pour tuer nos familles et nous égorger comme des moutons». Hassan Nasrallah face à Bandar Ben Sultan. Le secrétaire général du Hezbollah contre le chef des services de renseignements saoudiens, voilà l’affiche du moment. Après avoir tombé le masque, en annonçant la participation de son organisation à la bataille de Qoussair en Syrie, le leader du Parti de Dieu a fini, dans son dernier discours, par désigner ses ennemis. Sous le parapluie israélien, «la nébuleuse takfiriste», télécommandée, selon ses dires, par certains services secrets, régionaux ou occidentaux. Les roquettes tombées dans la banlieue sud de Beyrouth étaient un avertissement, les attentats de Bir el-Abed et de Roueiss un message. Depuis plusieurs semaines, et avec un systématisme inquiétant, le Hezbollah est attaqué en plein cœur. Rien de tel pour revigorer un animal blessé. Retour aux fondamentaux, le parti est entré en résistance active. «Aux meurtriers je dis: sachez que les attentats contre nous ne nous feront jamais fléchir. Espèce d’imbéciles, revoyez notre expérience pendant 30 ans avec les Israéliens. Si nous déployons actuellement 1 000 combattants en Syrie, ils seront 2 000 en riposte à vos attentats. Si nous avons 5 000 combattants en Syrie, ils seront 10 000». Une nouvelle phase de déstabilisation à plus grande échelle s’ouvre, prélude à la décisive bataille d’Alep, qui déterminera le sort du régime syrien, de ses défenseurs et de ses opposants. Le Liban passe par pertes et profits.
«Nous vous connaissons très bien, nos mains vous rattraperont certainement. Certes, il revient à l’Etat de le faire mais là où l’Etat échoue, nous allons assumer nos responsabilités». Un discours prononcé avec le regard noir qui appelle chacun à «la responsabilité collective, d’abord celle de l’Etat, mais aussi celle de tous les citoyens et groupes politiques, qui doivent éviter le langage incitateur à la discorde confessionnelle». Est évidemment visé le leader du Courant du futur, Saad Hariri, qui n’a pas tardé à répondre. «Je ne comprends pas comment un homme responsable pourrait se contredire de cette façon, en appelant ses partisans à la retenue avant d’annoncer qu’il est prêt à aller combattre en personne en Syrie, en même temps que tous les partisans de son parti». S’il estime que l’attentat de Roueiss est un crime horrible, Hariri ajoute que «la guerre du Hezbollah en Syrie est Lire le reste de cette entrée »