Le successeur de Saint Pierre ne sera-t-il pas chez lui, lors de son séjour au Liban, où il se rendra à Beyrouth, dans cette échelle du Levant, non loin de la Galilée natale du père des pontifes ?
On ne saura sans doute pas si cela a été décisif dans l’initiative de Benoit XVI de se rendre au Liban pour clore symboliquement le synode sur le Moyen Orient, mais il a choisi d’aller à Beyrouth au détriment du Caire, de Damas et de Bagdad. Au détriment encore de Ryad dont le roi a été reçu, pour la première fois dans l’histoire de l’Arabie Saoudite, au Saint Siège, le 6 novembre 2007.
C’est donc à Beyrouth que le Pape s’adressera non seulement aux libanais, mais encore à tous les arabes et à l’ensemble des peuples du Moyen Orient, de l’Atlantique jusqu’à la vallée de l’Indus. Et il espère que son message sera entendu de tous, sans distinction de religion. Le Pape compte même s’adresser personnellement aux musulmans, pour leurs délivrer un message de paix, qui devrait faire taire bien des gens malintentionnés, qui souhaiteraient susciter la discorde entre les musulmans et le Saint Père, comme en attestent les dernières rumeurs prétendant qu’il serait antisémite, quand il ne serait pas islamophobe.
Cette visite, à laquelle le Vatican travaille consciencieusement, pourrait mettre fin au quiproquo qui entoure le Pape chez les musulmans, et permettre au dialogue avec Al Azhar de reprendre sérieusement, ce qui aurait des effets sensibles sur le sort des chrétiens d’Orient, soient arabes, perses, berbères, turcs ou qu’ils vivent dans les anciennes républiques soviétiques d’Asie centrale. Espérons en ce sens qu’une rencontre entre le pape et le mufti du Liban sera à l’ordre du jour, car il s’agit du chef musulman le plus à même d’agir dans le sens de la reprise du dialogue que le Vatican et Al Azhar ont conduit depuis de nombreuses années, et qui a été suspendu par l’université sunnite en novembre 2011, suite aux déclarations du Pape, après les attentats dont les coptes ont été victimes le même mois.
La reprise de ce dialogue aurait, en effet, pour conséquence de freiner les effets de la montée du wahabo-salafisme au sein des sociétés du Moyen Orient, puisque cela obligerait les deux parties à plus de bienveillance l’une envers l’autre. Cela signifie en clair que les récents régimes arabes seraient surveillés de plus près et qu’ils auraient ainsi toujours plus de pression, non seulement de la part du Vatican, mais encore de celle des autorités musulmanes historiques, et probablement de l’Arabie Saoudite, qui est certes wahabite, mais qui est très engagée dans le dialogue inter-religieux, dont elle est à l’origine, et qui pourrait vouloir dépasser le wahabisme dans la décennie qui a commencé, car, si cette doctrine a permis la fondation du Royaume, elle menace aujourd’hui son avenir, au regard des attentats revendiqués par des groupes salafistes, dont le pays a été victime.
Cela pourrait également avoir des conséquences sur la politique étrangère du Vatican, qui, si elle a toujours été décidée dans Lire le reste de cette entrée »