Pas une semaine ne passe, ces derniers temps, sans que les autorités libanaises n'annoncent avoir découvert un stock de produits alimentaires avariés dans un entrepot ou une décharge.
Après le scandale des viandes avariées, le ministre de l’Agriculture affirme que « de nouvelles mesures strictes seront appliquées à l’encontre des contrevenants ».
Le ministre de l’Agriculture Hussein Hajj Hassan a promis hier que « de nouvelles mesures très strictes seront mises en place par le ministère à l’encontre de ceux qui commercialisent des produits avariés », affirmant qu’elles constitueront « une onde de choc pour les importateurs ». « Le ministère de l’Agriculture, en coordination avec les ministères de l’Économie et de la Santé, demandera à tous les importateurs de dresser une liste de leurs clients », a-t-il poursuivi. Il a annoncé que tout propriétaire d’un dépôt de stockage de viandes et de poissons devra dorénavant obtenir un permis spécial, soulignant que « le ministère exigera de tous les importateurs de le prévenir une semaine avant l’expiration de la date limite de consommation de chaque stock ».
Le ministre, qui s’exprimait à la Voix du Liban-93.3, a assuré que « la situation dans le port de Beyrouth, à l’aéroport et au niveau du passage frontalier de Masnaa est à 90 % sous contrôle ». « Le problème, a-t-il poursuivi, c’est quand ces viandes ne sont pas écoulées avant leur date d’expiration, pour diverses raisons, dont les mauvaises conditions de stockage, les recongélations des produits décongelés pour leur vente dans les supermarchés et les restaurants… Le plus souvent, le consommateur ne sait pas qu’il achète un produit périmé. »
Hajj Hassan a révélé que « le dépôt appartenant aux frères Natour perquisitionné à Sabra et Chatila (et dans lequel des tonnes de viandes avariées ont été découvertes) n’est pas le premier, mais c’était celui où la plus grande quantité de denrées a été saisie, d’où la panique suscitée par cette affaire ». Il a assuré que « les contrevenants ne bénéficient d’aucune couverture politique », et ajouté que « les produits avariés ne se limitent pas à la viande, mais englobent également les produits laitiers, le café, les pesticides et les chips ».
Pour ce qui est de la pénalisation des contrevenants, Hajj Hassan a appelé la justice à sévir et à ne prendre en compte aucune circonstance atténuante. « Le problème, à la base, découle de vingt ans de lacunes dans le cadre de l’État et de l’absence de contrôleurs sanitaires dans les municipalités », a-t-il ajouté. Lire le reste de cette entrée »
Refusé au Festival de Cannes par toutes les sections (de la Sélection officielle à la Semaine de la critique en passant par la Quinzaine des réalisateurs), Lebanon s’est imposé quelques mois plus tard comme un Lion d’or indiscutable à la Mostra de Venise. Voilà qui relativise le jugement sacro-saint des sélectionneurs, et prouve en même temps qu’aucun film ne fait jamais tout à fait l’unanimité, chacun ayant ses raisons de plébisciter ou de rejeter l’oeuvre en fonction de critères qui sont affaire de goût, de subjectivité, d’idéologie.
Ce film, le premier réalisé par Samuel Maoz, se situe dans le sillage d’autres oeuvres retraçant, comme lui, la première guerre du Liban d’un point de vue israélien. Les plus connus sont Beaufort (2007), de Joseph Cedar, qui, dépeignant les derniers jours d’une forteresse israélienne assiégée par le Hezbollah, reçut l’Ours d’argent au Festival de Berlin. Et Valse avec Bachir (2008), d’Ari Folman, qui retraçait, par le biais du cinéma d’animation, l’invasion israélienne du sud du Liban en 1982 et la nuit du massacre des camps de réfugiés palestiniens de Sabra et Chatila.
Le terme « point de vue israélien » n’est pas tout à fait exact. Lebanon et ces deux précédents films ont ceci de commun qu’ils adoptent le regard des soldats israéliens, et non celui de leur gouvernement. Charges contre la guerre et son absurdité en général, ces films se gardent bien d’émettre des jugements politiques (ce qui leur a été reproché), se polarisent sur le traumatisme que cette campagne a provoqué dans des consciences. Il s’agit moins de films historiques que d’expériences individuelles, de mémoires intimes, de chocs psychiques générant des cauchemars privés. Lire le reste de cette entrée »
Peut-on tenir le pays des cèdres à l’écart, le soustraire à son environnement?
Même si nous le voulions, nous ne pouvons arracher le Liban à son appartenance régionale sans risquer d’en altérer les racines voire les endommager irrémédiablement.
Avant la défaite de l’ « homme malade » qu’était l’empire Ottoman et la création « du Grand Liban », nos villes faisaient partie des provinces de l’empire en question, au même titre que les villes syriennes et palestiniennes entre autres. Il n’est pas étonnant donc de retrouver, hors des frontières libanaises aujourd’hui, en Syrie, en Palestine, en Jordanie ou en Irak des personnes portant le même nom. A l’époque un commerçant beyrouthin père de six ou sept enfants et pour le développement de son entreprise envoyait ses fils s’établir à Haïfa, à Damas… Cet exemple, à priori anodin, prouve à lui seul l’existence d’un lien qu’on ne peut défaire, le lien de sang.
Advint ensuite l’époque glorieuse de la colonisation -que l’Europe associe trop au progrès civilisateur pour que l’on trouve quelque chose de répréhensible dans le fait d’aller coloniser des provinces ottomanes- où les anglais et les français se partagèrent le gâteau, certains ont même été jusqu’à prétendre que la création du grand Liban dans ses frontières actuelles, la proclamation de son indépendance, avaient un but bien précis, celui de paver la route pour ce qui allait devenir quelques années plus tard Israël*. Malgré la partition de ce qui fut « la grande Syrie » subsistent aujourd’hui encore, des similitudes sociologiques, des intérêts politiques et vitaux communs aux anciennes provinces ottomanes. Le communautarisme et le confessionnalisme figurent en bonne place au « hit parade », au grand jour au Liban, tapis dans l’ombre en Syrie et en Irak par la force des régimes au pouvoir. (Suite à la chute du régime en Irak, nous assistons à l’émergence du confessionnalisme et à la guerre fratricide qui en découle. Les communautés palestiniennes sont elles, restées à l’abri, unies dans leur lutte, ne connaissant qu’un éclatement d’ordre politique pour l’instant).
Quelles sont les menaces réelles qui pèsent sur le Liban?
La première menace qui attend le Liban au tournant est bien une menace qui vient de l’intérieur. Dès la naissance, ce Liban indépendant a déjà développé un cancer congénital qui finira par l’anéantir ou à défaut le maintenir dans un statu quo qui le fragilise et l’empêche de s’élever au rang d’une nation. Le Lire le reste de cette entrée »
Dick Cheney, le nom qui surgit toujours à chaque fois qu’il y a des discussions au sujet d’un crime sérieux quelque part dans le monde. En effet, Cheney avait sa propre équipe de la mort au sein d’une unité de la CIA qu’il dirigea à partir de la Maison Blanche. Par les ordres de Cheney, cette unité d’assassinats a tué l’ancien ministre libanais et chef des Forces Libanaises, Elie Hobeika, le 24 janvier 2002 ainsi que l’ancien premier ministre Rafic Hariri le 14 février 2005, a déclaré le journaliste d’investigation Wayne Madsen.
Madsen, connu pour ses contacts étroits avec les cercles actifs de la CIA, s’exprimait à la TV « Russia Today » lorsqu’il révéla que la même équipe qui avait assassiné Hobeika, en coordination avec le bureau de l’ancien premier ministre israélien Ariel Sharon, avait également assassiné Hariri.
« C’est quelque chose que j’ai entendu il y a 5 ans de la part de sources au sein de la CIA », a dit Madsen. « J’ai rapporté en 2005 que la cellule au sein de la CIA liée à la Maison Blanche était responsable d’avoir coordonné les assassinats au Liban de l’ancien leader chrétien Elie Hobeika, et aussi l’ancien premier ministre libanais Rafic Hariri, et que cela avait été effectué en coordination étroite avec une cellule similaire dirigée par le bureau du premier ministre israélien Ariel Sharon », a-t-il déclaré.
En 2002, Hobeika devait voyager à Bruxelles pour témoigner contre Sharon dans l’affaire des massacres de Sabra et Chatila à Beyrouth. Cependant, en 2005, l’assassinat de Hariri avait pour objectif de créer une situation Lire le reste de cette entrée »
« Le Liban raconté à ma fille » … Et plus largement, tout le Proche et Moyen-Orient peut s’associer au panorama culturel et religieux ici dressé face à vos yeux ébahis qui inviteront votre esprit à penser que vous lisez une fiction, une histoire un peu tirée par les cheveux afin de faire battre le cœur ; mais non, bien au contraire : ici, tout est vrai !
Et c’est bien là tout l’intérêt de ce livre qui nous plonge au plus profond de la société libanaise, avec ses antagonismes, ses paradoxes, ses merveilles et ses démences. Oui, il ne fait pas bon être une fille en Orient, et surtout dans la communauté musulmane ; et pas plus au Liban qu’ailleurs même si la vitrine semble donner une image plus conciliante du pays du cèdre.
Attention à l’image en Orient ! Tout n’est qu’image, apparence ou attitude et la violence de cette société tribale et patriarcale ne se voit pas, mais les mentalités sont dignes du Moyen Age. Une fille n’est rien, rien aux yeux de la loi, rien aux yeux de la société, rien aux yeux des parents qui ne rêvent que d’avoir un mâle, un héritier, un futur guerrier, en quelque sorte …
Alors qu’arrive-t-il à une jeune fille, dont le père est un éminent intellectuel musulman qui prône la laïcité en sa famille et la liberté pour ses enfants ? Comment appréhender le prix de cette liberté au pays des 17 communautés religieuses qui se regardent de biais et s’égorgent au moindre conflit ? Dans quelle mesure est-elle applicable cette liberté érigée en dogme, qu’elle soit sexuelle, amoureuse, politique, sociale ou religieuse ? Lire le reste de cette entrée »
Le film israélien sur le massacre de Sabra et Chatila circule sous le manteau.
BEYROUTH, de notre correspondante ISABELLE DELLERBA
La porte de fer claque. Les retardataires resteront dehors. La galerie d’art beyrouthine, transformée pour un soir en salle de projection, est déjà comble. Elle ne pourra accueillir, ce soir-là, tous ceux qui, curieux ou sceptiques, veulent voir comment «l’autre», l’ancien soldat israélien devenu réalisateur, Ari Folman, relate l’une des pages les plus sombres de leur propre histoire : le massacre de Sabra et Chatila, commis en septembre 1982 par les phalangistes chrétiens au lendemain de l’assassinat de leur chef, Béchir Gemayel, alors que les troupes de l’Etat hébreu encerclaient le camp palestinien.
Le film d’animation Valse avec Bachir, Golden Globe Award et césar 2009 du meilleur film étranger, n’est pas diffusé dans les cinémas libanais. Le visionner est même illégal. Le Liban boycotte en effet tous les produits israéliens. «Je comprends parfaitement cette politique mais je trouve absurde de prohiber une œuvre d’art», lâche Ralf, appareil photo en bandoulière – «au cas où les forces de l’ordre interviendraient pour mettre fin à la projection».
Au premier rang, un couple de quinquagénaires BCBG a prévu des sandwiches «pour avoir quelque chose à se mettre sous la dent si nous sommes arrêtés». Lire le reste de cette entrée »
La cour d’appel de Paris vient de condamner RFI à verser 200.000 euros d’indemnités au journaliste Alain Ménargues, licencié en 2004 parce qu’il avait osé dénoncer le caractère raciste d’Israël.
Souvenez-vous, cela avait un peu remué le PAF, certains y étaient allés une fois encore de leur discours idiot sur l’antisémitisme qui revenait, sur des propos inadmissibles, c’est vrai, Israël n’est que la « première démocratie » du Proche-Orient, ô jamais un pays raciste et xénophobe, enfin non voyons restons sérieux …
Hé bien, le Tribunal a décidé que dire sur le plateau de LCI que Israël est un état raciste ne permet pas à RFI de licencier aussitôt le porteur d’une telle vérité ; même si toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire …
A tel point que l’article ici publié en son temps avait fait réagir les internautes qui se sont alors confondus dans leur mauvaise foi pour certains courtisans de l’état hébreu …
Mais que reproche-t-on, finalement, à Ménargues ?
Avoir rendu compte, de longue date, des crimes de l’armée israélienne au Proche-Orient, que ce soit dans ses reportages ou dans ses livres. Alain Ménargues connaît bien la région, pour avoir été notamment correspondant de Radio-France à Beyrouth pendant de nombreuses années. Lire le reste de cette entrée »
Difficile de ce rendre compte du caractère exceptionnel de cet évènement. Ayant remporté le César du meilleur film étranger en 2008, il semblerait presque normal qu’il soit diffusé dans les salles du pays du Cèdre, mais cela serait sans tenir compte de la loi : « aucun produit israélien n’est autorisé sur le territoire ».
Propriétaire du Art Lounge café, où se déroulait la diffusion en hébreu sous-titrée anglais, Nino avait l’air surpris lorsque je lui ai dit qu’il était interdit de diffuser ce film. « Je fais ce que je veux dans mon café ». Pas peur d’avoir des problèmes ? « Non, c’est une salle privée ». Pourquoi la presse est là ? « Ils l’ont su, mais c’est pas grave ». Inconscience, naïveté, ou peut-être qu’il me faisait juste marcher, je ne le saurai jamais…
Toujours est-il que dimanche soir, sur la Quarantaine à Beyrouth, non loin du quartier où nombre de phalangistes résident, était montré à une petite centaine de personnes, Valse avec Bachir. Durant la séance, tout le monde était attentif, concentré. Tout le monde savait qu’une fois les lumières rallumées, il allait falloir commenter le film, justifier ses propos… Et quand ce fût le cas, les visages étaient fermés, les esprits retournés, on pouvait entendre les voix susurrer : « T’as aimé ? »
Par manque de place, Rana était assise à la droite de l’écran sur un plot noir. Elle, elle n’a pas aimé le film : « les Israéliens ont l’air tellement innocent. A croire qu’ils n’ont rien fait. Ils se déculpabilisent complètement dans ce film ». Rana a grandit à Beyrouth pendant la guerre, et a vécu l’invasion israélienne. Lire le reste de cette entrée »
Personnellement, je trouve le film exaspérant, inquiétant, scandaleux et trompeur. Il mérite un Oscar pour les illustrations et l’animation, mais une marque d’infamie pour son message. Ce n’est pas par accident que lors de la cérémonie du Golden Globe, Folman n’a même pas mentionné la guerre de Gaza qui faisait rage au moment où il acceptait ce prix prestigieux. Les images en provenance de Gaza ce jour-là ressemblaient étonnamment à celles de son film. Mais il a gardé le silence. Aussi, avant que nous ne chantions les louanges de Folman, louanges que nous nous adresserions bien sûr à nous-mêmes, nous ferions bien de nous rappeler que ce n’est pas un film contre la guerre, ni même un film qui critique Israël en tant que puissance militariste et occupante. C’est une tromperie et une escroquerie d’auto congratulation, qui nous dit à nous et aux autres combien nous sommes adorables.
Par Gideon Levy
Hollywood sera sous le charme, l’Europe applaudira et le ministère israélien des affaires étrangères enverra le film et ses réalisateurs dans le monde entier pour montrer le pays sous son beau jour. Mais en vérité, c’est de la propagande. Ses réalisateurs ont de la classe, ils sont sophistiqués et doués et ils ont du goût, mais le film est de la propagande. Un nouvel ambassadeur de la culture rejoindra Amos Oz et A.B. Yehoshua et lui aussi sera considéré comme fabuleusement éclairé – à l’inverse des soldats assoiffés de sang aux postes de contrôle, des pilotes qui bombardent les quartiers résidentiels, des artilleurs qui tuent les femmes et les enfants, et des ingénieurs de combat qui défoncent les rues. Ici, vous avez le tableau opposé. Et qui plus est, en dessin animé. C’est un bel Israël, éclairé, angoissé et moralisateur, qui danse une valse avec et sans Bachir. Pourquoi aurions-nous besoin de propagandistes, d’attachés, de commentateurs et de porte-paroles pour diffuser « l’information » ? Nous avons cette valse. La valse repose sur deux fondements idéologiques. Le premier est le syndrome « nous avons tué et nous pleurons » : oh ! Qu’est ce que nous avons pleuré et pourtant nous n’avons pas de sang sur les mains. Ajoutez une pincée d’holocauste sans lequel il n’y a pas d’introspection israélienne qui vaille. Et une larme de victimisation- autre ingrédient absolument essentiel dans le discours public national- et c’est fait ! Vous avez le portrait trompeur d’Israël en 2008, en paroles et en images. Lire le reste de cette entrée »
Valse avec Bachir a été distingué par de nombreuses nominations, dont plusieurs prix, dont un Oscar et un César
La censure dont a été l’objet le film d’animation israélien Valse avec Bachir par les autorités libanaises, prouve que ces dernières illustrent fidèlement l’adage qui dit que le propre des imbéciles est de détester tout ce qu’ils ignorent. Il suffit qu’un film soit de production israélienne pour l’interdire et le fuir comme la peste, sans même le visionner pour forger sa propre critique et à ce moment-là opter pour un rejet ou pour une acceptation. C’est d’ailleurs cette politique suivie depuis plus d’une décennie dans le pays des cèdres : les dirigeants bac + 1 et les héritiers des sièges politiques de leurs parents ou de leurs aïeux qui pensent à la place du peuple et décident de ce qui peut être ou ne pas être accessible au commun des mortels.
D’ailleurs, interdire un film ces jours-ci émane de l’ignorance elle-même, puisqu’il suffit d’un écran d’ordinateur, d’une connexion et de quelques clics afin d’avoir le produit du 7ème art à portée de main.
Voilà comment, avec la curiosité de voir dans quel contexte le nom de l’ancien dirigeant des Forces Libanaises a été évoqué dans une production de l’état hébreu, nous avons pu nous procurer facilement ce film qui nous ont renvoyés à une époque où le Liban saignant de la guerre civile a été témoin d’un affreuxmassacre de civils palestiniens, celui de Sabra et de Chatila, mais vu par les yeux d’un juif. Lire le reste de cette entrée »