Le festival international du film indépendant (FIFI) s’est déroulé à Bruxelles du 2 au 7 novembre. Ce rendez-vous important accueillait pour la première fois depuis 37 éditions un film libanais « Que vienne la pluie » (Shatti ya dini) réalisé par Bahij Hojeij, présent au festival et accompagné des ravissantes actrices Julia Kassar et Carmen Lebbos. Récit d’une série d’entretiens avec les artistes du film et les organisateurs de cette fête.
Shatti ya dini raconte en parallèle plusieurs histoires de kidnappings opérés dans les années 80 par les forces de sécurité du pays, souvent sans réelles raisons. Elle raconte la détresse des familles, essentiellement ces femmes dévouées qui gardent l’espoir de revoir leurs maris ou enfants un jour libérés. L’une de ces histoires est réelle. Bahij Hojeij insiste sur sa symbolique; « cette histoire constitue le fil conducteur du film, elle apporte une belle touche » à l’oeuvre.
L’histoire principale est la libération de Ranaz, interprété de manière éblouissante par Hassan Mrad, qui arrive un beau jour, après 20 ans de détention. Mais la délivrance et la joie laisseront très vite place à la cruelle réalité. Dans ce film, Ranaz incarne ces personnes qui, une fois libérées, ont du mal à se réintégrer dans le cocon familiale. Ces années d’absence pèsent et restent difficiles à combler. Le monde bouge à une telle vitesse que l’adaptation, ou plutôt la réadaptation, devient très difficile, voire impossible.
Le cinéma libanais connait depuis Caramel, de Nadine Labaki, un nouveau souffle. Cet engouement est d’autant plus étonnant que les moyens alloués à la culture et au cinéma en particulier n’ont pas évolué. Julia Kassar, qui joue le rôle de Marie, la femme de Ranaz, tente une explication en allant jusqu’à souhaiter que le cinéma libanais ne soit jamais gâté afin qu’il reste ce qu’il est et qu’il continue à produire ses chefs-d’oeuvres. « Peut-être a-t-on de la chance de ne pas avoir de facilités pour avoir plus de passion. Si Bahij ne tenait pas vraiment à faire ce film, on ne l’aurait jamais fait de cette façon. » Et pour cause, Bahij Hojeij est à la fois producteur et réalisateur de Shatti ya dini. Avec la simplicité qui le caractérise, il nous décrit non sans un peu de dépit sa difficulté à réaliser le film: « Il m’a fallu 4 ans pour réaliser ce film sur base d’un financement personnel. Le temps était très long et lorsqu’on est à la fois producteur et réalisateur, sans soutien extérieur, on passe par des périodes difficiles, même de doute. Le résultat plait, c’est ce qui importe finalement. Mais je ne referai plus la même erreur » conclut-il en rigolant.
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