Autour de ce petit village, dans la Vallée de la Beka’a, région reculée de Jordanie proche de la frontière syrienne, les moyens de subsistance de douzaines d’agriculteurs sont menacés.
Selon les paysans locaux, de nombreux agriculteurs cultivant dans le no man’s land qui sépare les postes-frontière syrien et libanais, appelé Mashari El Qaa, ont abandonné leur ferme ces derniers mois. Certains ont laissé tout leur matériel et se sont enfuis en voyant les rebelles syriens approcher. D’autres ont arrêté de planter à cause des mines terrestres ou se rendent plus rarement dans leurs champs.
« Nous n’y allons plus tous les jours comme avant », a dit Joseph, un agriculteur local. « Nous y allons une ou deux fois par semaine et nous récoltons ou plantons ce que nous pouvons. Nous récoltons un peu, mais nous avons beaucoup de pertes. Nous n’avons pas [le temps] de récolter correctement. Nous le faisons à la va-vite. »
Déjà floue, la frontière entre la Syrie et le Liban l’est encore plus depuis quelques mois, car les rebelles syriens et les soldats du régime pénètrent sur le territoire libanais pour combattre.
Jusqu’à 60 pour cent de la population de cette zone frontalière vit de l’agriculture et de l’élevage. Ces sources de revenus sont cependant de plus en plus mises en péril par les affrontements transfrontaliers entre les forces du régime de Bachar Al-Assad et ses opposants.
Les rebelles syriens utilisent les fermes libanaises pour lancer des roquettes sur les villages chiites du district d’Hermel, à 17 km d’El Qaa. Ils viseraient les villages contrôlés par le mouvement libanais Hezbollah, qui combat en Syrie aux côtés des forces de M. Al-Assad. L’armée syrienne a également poursuivi des rebelles jusque sur le territoire libanais.
Baisse du marché
Les agriculteurs qui parviennent à obtenir quelques récoltes malgré l’insécurité peinent à vendre leurs produits, car la concurrence est rude avec les produits de contrebande syriens vendus moins cher.
« La situation est mauvaise en Syrie, a dit Pierre Saad, un autre agriculteur d’El Qaa, alors ils passent leurs fruits en contrebande et les vendent ici, où ils obtiennent un meilleur prix qu’en Syrie. C’est une dure concurrence pour nous. Les consommateurs […] choisissent simplement les produits les moins chers. »
C’est l’une des raisons pour lesquelles, à Firzil, l’un des plus grands marchés de fruits et légumes de la fertile vallée de la Bekaa libanaise, la plupart des camions sont Lire le reste de cette entrée »