Au lendemain de l’assassinat du président Rafic Hariri, l’héritier étant resté à l’ombre, Fouad Siniora est appelé à occuper le Grand sérail. Il y passera deux mandats successifs des plus difficiles. Même après avoir rendu le flambeau à cheikh Saad Hariri, représentant de la famille, le Premier ministre sortant n’a jamais douté de la confiance dont il jouissait. Il a connu de pénibles journées au Sérail et a vu se briser les griffes de ses rivaux. Qu’y a-t-il de changé?
Le chef du gouvernement, Saad Hariri, et son directeur de bureau, Nader Hariri, ont eu un aparté après lequel ils se sont dépêchés de quitter discrètement la pièce loin des yeux d’une foule arrivée très tôt à la Maison du Centre. Ce jour-là, devait avoir lieu la première rencontre entre Saad Hariri et le président syrien Bachar el-Assad. Nombreux parmi les présents, députés, politiciens, partisans ou fonctionnaires, avaient souhaité faire partie de la délégation officielle qui se rendait en Syrie. Fouad Siniora, quant à lui, s’attendait à être la première personnalité à accompagner le président Hariri. Etant, depuis les législatives de 2009, le chef du bloc parlementaire du Courant du futur et le favori de la famille, il était normal que la réconciliation rétablisse son image devant la direction syrienne. Siniora n’avait pas été invité à participer aux préparatifs de la visite de Hariri à Damas, le 19 décembre 2009. Le conseiller du roi saoudien, Abdallah Ben Abdel Aziz, avait réussi à aplanir les obstacles devant la rencontre Hariri-Assad. C’est en prenant connaissance des informations sur la visite que Siniora a compris que Saad Hariri avait pris de la distance à son égard et que le jeu politique régional a repris le dessus. C’est Nader Hariri qui sera désormais le confident et le détenteur des secrets de la «Maison» et c’est à lui que seront confiés les dossiers relatifs à Damas.
Le destin du jeune Saad Hariri, après le crime du 14 févier 2005, est bouleversé. Il a toujours été loin du bourbier politique libanais jusqu’au moment où il est appelé par la famille à assumer les responsabilités politiques. Les rumeurs veulent que Hariri, convaincu de prendre les rênes du commandement politique sunnite, après la démission de Omar Karamé, est surpris de voir Fouad Siniora prendre le pas sur nombre d’éminents concurrents et se trouver à la tête du gouvernement. Lorsque le mandataire a pris la place du mandant à la tête du troisième pouvoir, l’image de Siniora, pour nombre de gens, dont Saad Hariri, était liée à ses Lire le reste de cette entrée »