Julien Abi Ramia – L’Hebdo Magazine
Elu au 13e tour de scrutin, l’évêque de Jbeil, Béchara Rahi, est donc le 77e patriarche d’Antioche et de tout l’Orient. Charismatique, rassembleur et fin connaisseur des institutions, il correspond trait pour trait au profil idéal dressé par le Vatican. Sa mission première, revigorer l’Eglise maronite sous toutes ses formes.
Il faudra désormais l’appeler Mar Béchara Boutros Rahi. Lorsqu’il apparaît sur le perron du siège patriarcal de Bkerké, il ne porte ses ornements sacrés que depuis quelques minutes. Quelques minutes, c’est peu pour savourer la consécration d’une vie. Ceux qui l’ont côtoyé le savent, l’évêque n’est pas homme à étaler ses sentiments. Il faut donc croire que son sourire révèle un bonheur infini. Son regard perçant l’horizon, plus familier, un honneur et une immense fierté. Quelques minutes, c’est peu pour entrer dans la peau d’un personnage. Mais la volonté du Saint-Esprit est infaillible. A voir sa façon de saluer la foule et de descendre les marches, le doute n’est plus permis. Le rôle et la fonction lui vont comme un gant. Dans la chapelle qui donne sur la cour, entouré de ses deux gardes Farid Heykal et Amine el-Khazen, et devant un parterre de journalistes, le patriarche égrène la longue liste de remerciements. Le phrasé est clair, posé et solennel. Aux premiers rangs, on retrouve de nombreux évêques, dont son prédécesseur Nasrallah Sfeir, mais aussi le nonce apostolique à Beyrouth, l’archevêque Gabriele Caccia et le cardinal Leonardo Sandri, préfet de la Congrégation des Eglises orientales rattachées au Saint-Siège.
«Nous n’avions jamais vécu d’élections comme celle-ci, pleine de joie, de bonheur et d’amour», déclarera le nouveau chef de l’Eglise maronite. Béchara Rahi a été élu par 34 voix sur 39 possibles au bout du 13e tour de scrutin. Jusqu’alors, le résultat des dépouillements offrait quatre ou cinq possibilités. Boulos Matar, Guy Njeim, Youssef Béchara et Mansour Hobeika en faisaient certainement partie. A chacun son profil. Au premier, sa popularité au sein du collège électoral, au second le candidat de consensus par excellence. Dans notre édition du 11 mars, nous expliquions que la procédure de vote déterminait à elle seule les candidatures qui devaient se disputer la victoire, sauf surprise prématurée. Chacun des électeurs a d’abord voté pour son Lire le reste de cette entrée »