
« Si vous n’êtes pas un criminel quand on vous amène ici, vous en devenez un à coup sûr pendant votre séjour », affirme un Irakien qui attend depuis un an d’être présenté devant un juge, après être entré clandestinement au Liban. « Nous sommes entassés comme des sardines, on nous laisse moisir ici comme des rats », déclare-t-il sous couvert de l’anonymat, dans une lettre transmise à l’AFP via une organisation non gouvernementale.
Son cas est loin d’être unique dans la prison de Roumieh, où 3.700 détenus s’entassent dans un bâtiment prévu pour en accueillir un millier. Parmi eux, seuls 721 ont été jugés. Et certains restent derrière les barreaux des mois après avoir fini de purger leur peine, attendant qu’un juge signe leur autorisation de sortie.
L’un des détenus décédés, âgé d’une vingtaine d’années, avait bénéficié d’une amnistie présidentielle après avoir purgé une peine pour homosexualité, un crime au Liban. « Ils nous traitent nous et nos enfants comme des animaux », dénonce Umm Ahmed, qui vient régulièrement voir son fils détenu pour consommation de drogue. Chaque semaine, « je demande à mon fils de soulever son T-shirt pour voir s’il n’a pas été battu. Il n’a pas accès à la douche et maigrit chaque semaine ». Comme des centaines de mères, elle apporte régulièrement de la nourriture à son fils, faisant la queue à l’extérieur pendant des heures, avant des contrôles de sécurité minutieux.
« Le ministre de l’Intérieur avait prévenu il y a deux ans que la situation allait exploser (…). Mais personne n’a rien fait, car ce n’était pas la priorité du gouvernement alors », explique le criminologue Omar Nashabe, auteur du livre « Si Roumieh pouvait parler ». « Maintenant ils ne peuvent plus l’ignorer », ajoute-t-il. Lire le reste de cette entrée »