Les rumeurs les plus folles courent sur le Liban-Nord, accusé par certains médias d’abriter des mouvances radicales alliées au Front syrien al-Nosra. Comment tirer le vrai du faux? Magazine enquête.
L’artère principale tripolitaine, reliant le nord du pays au rond-point central d’Abou Ali, s’habille de teintes grisâtres entre chien et loup. Les bâtiments délabrés prennent des allures fantomatiques. Les rues sont vidées par les tirs de francs-tireurs résonnant de part et d’autre, provoquant la panique des conducteurs.
Depuis une dizaine de jours, l’insécurité s’est aggravée à Tripoli, ventre mou du Liban. L’agression à Beyrouth de quatre cheikhs sunnites, dans deux incidents séparés, impliquant des jeunes de la communauté chiite, a mis le feu aux poudres dans la capitale du Nord. Des affrontements ont opposé les quartiers de Bab el-Tebbané, à majorité sunnite, soutenant la rébellion syrienne, à ceux de Jabal Mohsen, dont les résidants sont alaouites et appuient le régime du président Bachar el-Assad, lui-même membre de la communauté. En fin de semaine, la situation a également dégénéré après l’annonce de la démission du Premier ministre Najib Mikati, sunnite de Tripoli, en raison de divergences politiques à l’intérieur du gouvernement, portant notamment sur la prorogation du mandat du chef des Forces de sécurité intérieure, Achraf Rifi. Au moins sept personnes, dont un soldat, sont tuées et une trentaine d’autres blessées dans ce nouveau cycle de violences. Les affrontements se sont également propagés à d’autres quartiers comme Chaarani, Maloula, Rifa et Baqqar.
Vingt-cinq fauteurs de troubles
«Ce regain de tensions et de violences entre Bab el-Tebbané et Jabal Mohsen est attribué à un groupe de vingt-cinq jeunes gens. On ignore tout des factions politiques qui les appuient mais il semble que l’armée soit réticente à les arrêter», signale une source salafiste s’exprimant sous couvert d’anonymat.
Autre facteur préoccupant: le changement des priorités dans certains cercles extrémistes. On assure, en effet, que certains membres de la communauté salafiste tripolitaine, très enthousiastes auparavant, à l’idée de combattre en Syrie, estiment désormais devoir concentrer leurs efforts sur leur ville. «Ils pensent qu’ils seront amenés à jouer un plus grand rôle (dans ce nouveau front qu’est devenu Tripoli) en raison des tensions croissantes entre Lire le reste de cette entrée »