Comme nous pouvons le voir sur cette copie d’écran, le réseau LBN Ogero est « vivant », c’est à dire qu’il existe, il est visible pour la plupart des appareils, même s’y on ne peut s’y connecter.
Ce réseau à l’origine de l’altercation entre le ministre des télécoms Charbel Nahas, la société Ogero et les FSI venue en soutien de cette dernière. Cela amène donc à un petit billet sur le sujet.
Tout d’abord, le fait que ce réseau soit en ligne amène à des questions légitimes, à savoir pourquoi tout d’abord, tout test « technique » ne nécessitant pas qu’il soit visible. Donc on peut se demander qui sont ses utilisateurs actuels? Dans quel but?
La facilité par laquelle le directeur général d’Ogero – qui a, depuis un certain temps, désobéi à son ministre de tutelle Charbel Nahas – a remis les cartes d’accès au centre névralgique de ce réseau augure du fait qu’il sait qu’il est dans un certain tord, dans une certaine illégalité par rapport à la situation.
Deuxièmement sur la légalité même de ce réseau, offert à l’origine pour créer une nouvelle société Liban Télécom, à l’image de France Télécom, en vue de sa privatisation. Ogero utilise donc un réseau qui n’est pas le sien, donc il s’agit d’un réseau privé. Ogero avait eu l’autorisation d’installer ce matériel qui a été fourni en 2010, mais pas de le mettre en ligne. Ogero n’a pas reçu les autorisations d’utilisation des fréquences par le Conseil des Ministres. Le fait que les FSI protègent donc ce réseau est en infraction avec les intérêts de l’état libanais, ce qui explique la mise en accusation de leur commandant Achraf Rifi qui a désobéi à son ministre de tutelle Ziad Baroud, entrainant la démission de ce dernier.Il est aussi assez « ridicule » de voir des personnes comme l’ancien ministre de l’éducation, Mnenieh, défendre un réseau de télécommunication illégal alors qu’ils étaient si prompts à dénoncer le Lire le reste de cette entrée »
La branche d’Information des FSI, département illégal au sein des Forces de Sécurité Intérieure, a lancé un assaut au sein du ministère des Télécommunications pour l’empêcher de faire son travail, c’est-à-dire rétablir l’autorité de l’état. Cette véritable milice du clan Hariri a ainsi empêché les employés du ministère de venir travailler (voir explications ci-dessous), sur ordre du chef des FSI… Achraf Rifi. Rifi est un fidèle de Hariri pour lequel il protège l’entièreté de son système de corruption.
Mais comment en est-on arrivé là?
En 2007, la Chine offre au Liban un équipement complet de réseau mobile, un package complet capable d’opérer comme une 3ème société de télécom au Liban. Le réseau fut installé dans le désormais fameux bâtiment (au 2ème étage) et était supposé rester non opérationnel jusqu’à ce que le gouvernement lui donne le permis d’opérer en tant que 3ème fournisseur de services de téléphone mobile, à côté d’Alfa et MTC.
Un secteur qui semblerait atteint de schizophrénie permanente. C’est sans doute la description la plus exacte que l’on pourrait faire du marché Internet au Liban, partagé entre fournisseurs légaux et illégaux. Objet de multiples scandales, liés à une corruption endémique, il pourrait également figurer dans un roman d’espionnage.
Une véritable économie parallèle caractérise le secteur Internet libanais, où les fournisseurs d’accès Internet (FAI) légaux ne représentent que la partie visible de l’iceberg. Selon des spécialistes du cru, près de 50% des fournisseurs d’Internet au pays du Cèdre opéreraient tranquillement en toute illégalité.
Deux types de fournisseurs existent au Liban. Les FAI (fournisseurs d’accès Internet – ISP en anglais) constituent la passerelle indispensable pour permettre aux utilisateurs de naviguer sur Internet. Les fournisseurs d’accès de données (DSP) disposent de l’infrastructure spécialisée, nécessaire aux ISP pour relier les ordinateurs personnels et les réseaux Internes des entreprises, au réseau mondial. Ce service, qui est payant, transite par le ministère des Télécoms qui le fait facturer au prix fort, près de 3 000 dollars pour chaque ligne E1 (2 Mbps). «Les DSP doivent également verser 20% de leurs revenus au ministère des Télécoms et seule l’Autorité régulatrice des télécoms (ART) peut leur accorder une autorisation de fréquence nécessaire pour installer et opérer un réseau radio de transmission de données servant les FAI ainsi que les banques et les grandes entreprises», assure un spécialiste du secteur.