L’Hebdo Magazine – Julien Abi Ramia
De l’avis de tous les experts, l’accueil des réfugiés syriens constitue pour le Liban le plus grand défi économique et social de son histoire récente. Illustration en quelques chiffres marquants.
Selon le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), le nombre de réfugiés syriens installés sur le territoire libanais devrait franchir la barre des 1,6 million à la fin de l’année. Ils représenteraient alors 38% de la population du pays. A la mi-septembre, selon les derniers chiffres disponibles, les services de l’Onu ont enregistré près de 1,2 million d’exilés. Les projections indiquent que leur nombre réel est plus proche des deux millions. A lui seul, le Liban accueille plus de 40% des Syriens ayant fui leur pays. Lundi, l’administratrice du Programme de développement des Nations unies (PNUD) Helen Clark, en visite au Liban, a salué «la générosité du Liban qui a accueilli les réfugiés syriens, et cela malgré les pressions qu’il est en train de subir». Un discours compassé. Fragile, le pays a beaucoup de mal à en supporter le poids. Les experts économiques tirent la sonnette d’alarme.
Selon les chiffres du gouverneur de la Banque du Liban (BDL), Riad Salamé, l’accueil des réfugiés syriens coûte un milliard de dollars à l’Etat, et trois milliards et demi de manière indirecte, creusant de 6% le déficit du pays. Des chiffres qui confirment la dernière étude de la Banque mondiale. Elle estime que le conflit en Syrie aurait coûté au Liban plus de 7,5 milliards de dollars jusqu’à l’été dernier, causant une chute de 2,9% du PIB entre 2011 et 2014. Les Libanais paient leur prix fort de cette nouvelle charge. Depuis 2011, 170 000 Libanais de plus vivraient en dessous du seuil de pauvreté et le taux de chômage a doublé, passant au-dessus de la barre des 20%. En 2014, selon les estimations disponibles, 50 000 Libanais supplémentaires vivront dans la pauvreté.
Le ministre des Affaires sociales, Rachid Derbas, a récemment expliqué que seuls 17% des réfugiés syriens vivent dans des camps. L’immense majorité d’entre eux est installée dans des immeubles en cours de construction, dans des conditions sanitaires déplorables. Le ministre a également mis l’accent sur la prise en charge de 100 000 élèves syriens supplémentaires qui congestionnent les écoles du pays. Seule la moitié des enfants réfugiés est scolarisée. Derbas pointe du doigt les Lire le reste de cette entrée »