Le mystère sur l’identité d’Amina, blogueuse soit-disante enlevée le 6 juin dernier, est levé. Il ne s’agirait, ni plus ni moins, d’un certain Tom MacMaster, résident d’Edimbourg, comme un site d’information israélien l’a relevé via l’adresse Ip qui intervenait régulièrement sur des articles concernant des personnalités israéliennes sur Wikipedia.
Il existait déjà des inconsistances notoires dans le récit de l’enlèvement, comme le fait que le véhicule des ravisseurs supposés arbore un autocollant de Bassel el Assad, enfant terrible et notoirement sanguinaire de feu Hafez el Assad – il devait même lui succéder à la tête du régime syrien – mais décédé en 1994, officiellement dans un accident de voiture et qui pourrait être en réalité un attentat.
« One of the men then put his hand over Amina’s mouth and they hustled her into a red Dacia Logan with a window sticker of Basel Assad. The witness did not get the tag number. She promptly went and found Amina’s father. »Ce récit m’avait fait douter dès l’origine, estimant que ces derniers auraient plutôt mis l’autocollant d’un membre « vivant » de la famille Assad, en l’occurrence Bachar el Assad ou son frère, Maher el Assad. Des commentateurs israéliens avaient d’ailleurs relevé cette incohérence, estimant le récit faux, y voyant plutôt l’œuvre d’opposants libanais au régime syrien, se remémorant sous des airs romantiques des récits de la guerre civile libanaise. L’auteur de ce blog aurait peut-être dépassé par l’ampleur de la supercherie, inventant « pour tuer le personnage », une histoire d’enlèvement, voir cherchant un moyen maladroit de s’en sortir, tout en ne n’exposant pas, blâmant ainsi le régime sanguinaire syrien.
Le premier doute sur l’identité réelle d’Amina est tout simplement en raison de la photographie supposée de la jeune femme – il s’agirait en réalité d’une londonienne d’origine croate, Jelena Lecic qui avait dénoncé l’utilisation de son portrait -, lançant une grande enquête sur la supercherie.
Toujours est-il que cette histoire puisqu’il ne s’agit désormais que d’une histoire avait amené une partie de la blogosphère libanaise et internationale notamment sur Facebook, à s’emparer de la cause d’Amina, comme le Blog Ami Beirut Spring, oubliant tout le recul que l’on se doit d’avoir concernant les informations circulant actuellement sur la situation réelle en Syrie.
Il faut dire que le récit d’Amina avait tout pour plaire: syrienne et sunnite qui fait face à la répression et lesbienne, ce qui permettait de convaincre l’opinion publique occidentale de la justesse d’une cause « moderne » et laïque. La construction d’une cause où le méchant était tout désigné.
Ce faux devrait cependant nous rappeler qu’il ne faut pas se saisir de tout et de n’importe quelle information sans recul qui sous-entend « Vérité ». D’autres récits sur la répression en Syrie, dont celle de Hamza, ce jeune syrien émasculé, pourraient être également des actes de supercherie selon d’autres sources, décrédibilisant les histoires réelles de la répression. Faut-il encore rappeler que la page Facebook Syrian National Revolution est tenue par des Frères Musulmans, opposants notoires et historiques de Bachar el Assad qui n’est certes pas un ange, mais on peut peut-être y voir une instrumentalisation – paraitre des anges face à un régime sanguinaire – au détriment de la vérité?