(L’Hebdo Magazine – Delphine Darmency)
Qui, à Beyrouth, ne connaît pas le City center? Peut-être que le nom n’évoque rien, mais l’image de ce Dôme, cet œuf emblématique, ce coquillage, est encrée dans les mémoires de toutes les générations. Il fait partie intégrante de la Place des Martyrs. Celui qui n’a jamais laissé indifférent reste, malgré tout, mystérieux pour la plupart des Beyrouthins.
Le 13 mai dernier, à la clôture de la double exposition Missing d’Umam et In a sea of oblivion de Feel Collective, le public est assis dans l’ancien cinéma du Dôme. «C’est un lieu de rencontre essentiel, je dis ça pour que ceux qui veulent détruire l’espace l’entendent bien», déclare Lokman Slim, fondateur et directeur d’Umam. Dans le Dôme, la pénombre règne. Les gens sont venus s’assoir dans l’obscurité sans savoir sur quoi, ni à côté de qui. Peut-être aux côtés de Nadine Labaki, cinéaste, ou de Lamia Jreige, fondatrice du Beirut Art Center. A y regarder de plus près, il ne reste plus que des gradins, qui devaient accueillir environ 900 places. A droite de la scène, où se déroulent une performance de danse puis un concert, la projection de l’exposition « Dans un océan d’oubli » est inébranlable. Elle continue de montrer le Dôme installé dans la mer. La représentation est finie.
Alfred Tarazi, l’un des responsables de Feel Collective s’interroge: «Pourquoi n’y a-t-il toujours pas de mémorial dédié aux victimes de la Guerre civile. Le Dôme du City center pourrait devenir un mémorial permanent, il faudrait le déplacer vers un autre endroit de la capitale». Le City center est construit en 1965 selon la demande des messieurs Samadi et Saleh. Il est inauguré trois ans plus tard. Sur les plans initiaux de l’architecte Joseph Philippe Karam, il existait trois blocs. Le premier comprenait cinq étages en sous-sol, destinés à servir de garage pour un millier de voitures et de gare routière qui aurait assuré les lignes de taxi-services pour la capitale et toutes les régions du pays. Le deuxième était constitué de trois étages comprenant 144 magasins, un supermarché d’une superficie de 1000 m², un cinéma et un bar-restaurant. Le troisième bloc aurait dû Lire le reste de cette entrée »