L’opération sécuritaire qui a eu lieu dans la prison de Roumieh le lundi 12 janvier constitue un grand coup à la mouvance islamiste. Magazine revient sur cette affaire dans un entretien avec le député Ghassan Moukheiber, membre du Bloc du Changement et de la Réforme. Que pensez-vous de l’opération sécuritaire menée dans la prison de Roumieh?
Je salue cette opération que l’on attendait et réclamait depuis longtemps. La gageure restera de suivre cette action par le développement d’une administration pénitentiaire efficace, tant sur le plan sécuritaire, je pense particulièrement aux besoins pressants de terminer la construction du secteur carcéral de haute sécurité à la prison de Roumieh, que sur le plan qualitatif qui transforme les prisons libanaises d’un simple lieu de châtiment en un outil de réhabilitation et de réinsertion sociale et qui prolonge l’action de la justice dans le respect des normes minimales du traitement des prisonniers et des détenus. L’ensemble des actions à entreprendre est connu. Il s’agit d’investir les fonds nécessaires particulièrement en termes de construction adaptée à Roumieh et ailleurs, la formation d’une administration spécialisée et un accompagnement efficace de la justice.
Comment expliquez-vous le timing de cette opération?
Mieux vaut tard que jamais, mais on ne peut pas ne pas faire un lien avec trois faits marquants actuels. D’abord, une conjoncture politique interne de collaboration et non de compétition entre les différents acteurs, un gouvernement d’union nationale, un dialogue entre le Courant du futur et le Hezbollah et un ministre de l’Intérieur, dont je salue le courage et la détermination. Ensuite, l’attentat terroriste de Jabal Mohsen qui a eu lieu l’avant-veille de l’action. On ne peut pas s’empêcher de considérer cette opération comme une riposte, même symbolique, de l’Etat. Le ministre de l’Intérieur a mentionné le rôle des Lire le reste de cette entrée »
En tant que membre du Bloc du Changement et de la Réforme, vous avez présenté, avec Ziad Kadri, du Bloc du Futur, un projet de loi sur les victimes de disparition forcée. Où en est-il? Le projet était en gestation depuis quatre ans. Au cours de notre visite en Bosnie, nous avons suivi la politique adoptée dans ce genre de dossiers. Deux grandes communautés se sont affrontées en Bosnie et sont parvenues à gérer une formule ambitieuse de la gestion de la mémoire. Pendant quatre ans, en collaboration avec des juristes et des experts, nous avons étudié la question.
Cette proposition de loi prévoit-elle la mise en place d’une commission nationale indépendante qui aura des compétences absolues pour gérer le dossier? Pendant deux ans, nous avons étudié la formule la plus rapide: créer une commission par décret ou par une loi. Le décret n’a pas été voté. Nous avons donc présenté ce projet de loi.
Croyez-vous possible qu’il aboutisse maintenant? Mieux vaut tard que jamais. Certains groupes n’ont pas intérêt à voir ce dossier aller dans le sens que nous proposons. Mais il n’y aura pas d’avenir pour la stabilité si cette question n’est pas réglée une fois pour toutes. Les parents et proches des personnes disparues ont droit à la vérité. En ce qui concerne la Syrie, nous devons agir pour libérer celles qui sont encore en vie et rapatrier les corps des disparues. Nous n’avons pas d’autre choix que de travailler sur cette affaire jusqu’à son aboutissement.
Le président de la commission des finances au Parlement, Ibrahim Kanaan, a annoncé le 18 avril, le versement de 300 millions de dollars aux 945 municipalités provenant de la Caisse autonome des municipalités. Les municipalités attendaient ce versement depuis septembre. Le retard est récurrent en raison de différends annuels sur le mode de répartition de ces montants entre les municipalités.
A l’occasion de ce déblocage, le député a annoncé que celui des 1,2 milliards de dollars dus aux municipalités par le ministère des Télécommunications depuis 1995 est aussi imminent. (Le Commerce du Levant d’avril 2013). Les ministères de l’Intérieur, des Télécommunications et des Finances sont en train de finaliser le mécanisme de répartition de ces fonds. Le montant qui s’élève à 3,5% du PIB pourrait faciliter le lancement de projets de développement. Imaginez ce que représentent 1,2 milliards de dollars pour le développement local”, s’exclame Ibrahim Kanaan selon qui les municipalités manquent cruellement de moyens pour financer des projets locaux. Le député cite l’exemple de la construction d’une centaine de places de parking à Sin al-Fil a été plusieurs fois repoussée.
Redoutant la dilapidation des fonds et la corruption, certains experts indépendants ou membres d’ONG affichent un point de vue différent. Les projets de développement financés pourraient être trop éloignés des besoins locaux si des mesures assurant la transparence et la responsabilisation des municipalités ne sont pas prises. Même si la loi oblige les municipalités à annoncer publiquement leur budget, la majorité d’entre elles ne publient qu’une partie des dépenses et des recettes totales et utilisent des lignes budgétaires vagues et allusives. Le problème qui se pose est celui de la capacité institutionnelle des municipalités à utiliser ces fonds à bon escient, disent-ils.
Elle passe inaperçue, mais il s’agit de l’une des plus grandes réformes que ce gouvernement ait réalisé car cette loi fixe les bases d’une décentralisation saine de l’état.
Le chef du bloc du Changement et de la Réforme, le Général Michel Aoun, a tenu jeudi une conférence de presse conjointe avec le ministre des Télécommunications Nicolas Sehnaoui et le président de la commission des Finances, le député Ibrahim Kanaan, portant sur la distribution des revenus du secteur de la téléphonie mobile aux municipalités.
Cette réforme permet ainsi de mettre fin à l’injustice qui frappait les municipalités libanaises depuis la fin de la guerre civile. En effet, sans raison depuis 1994, celles-ci ne percevaient pas les revenus de la téléphonie mobile issu d’une taxe que le gouvernement libanais se devait de redistribuer aux municipalités (pour mieux comprendre, veuillez consulter cette page).
Pour rappel, il a fallu l’intervention des ministres du CPL dès 2009 pour venir à bout d’un véritable bras-de-fer politique :
– Bassil qui a dénoncé et mis en place les premiers moyens d’actions
– Nahas qui a mis fin au transfert vers le ministère des Finances et ouvert un compte pour emmagasiner les arriérées dues aux municipalités
– Sehnaoui qui a continué sur cette voie en veillant à aboutir sur un accord politique, en coopération avec le président de la commission parlementaire des Finances, le député Ibrahim Kanaan.
Le Général Aoun a rappelé que son bloc avait soumis, le 15 octobre 2012, au Parlement, une loi « bis référé » sur le financement des municipalités (Cliquez ici pour lire le projet de loi complet), mais que cette loi n’a pas été discutée en raison du boycott, par les députés de l’opposition, des séances parlementaires.
« C’est le gouvernement qui a finalement approuvé le versement de ces sommes aux municipalités », a-t-il fait savoir.
En effet, cela fait près de 20 ans que les municipalités ne recevaient plus ce financement qui leur revenait de droit. La faute aux Lire le reste de cette entrée »
Des yeux qui pétillent de malice, de l’humour et un franc-parler. Il fait partie de ceux qui nomment les choses par leur nom et vont droit au but. Il a gardé en lui le côté frondeur de celui qui, à 12 ans, participait déjà à des manifestations. Portrait du député druze de Baabda, Fadi el-Awar, membre du Bloc du Changement et de la Réforme.
C’est dans le village de Kornayel qu’il a grandi dans une famille composée de cinq enfants, quatre garçons et une fille. A l’âge de cinq ans, il perd son père. «On a vécu avec ma mère dans une maison modeste. Ma mère travaillait et nous possédions une petite parcelle de terrain à Beyrouth qui nous rapportait des rentrées. En ce temps-là, cela suffisait pour subvenir aux besoins de la famille», se souvient Fadi el-Awar. C’est à l’école publique de Kornayel qu’il fait ses études scolaires, avant d’entamer des études universitaires à la BUC (actuelle LAU) et à l’Université libanaise.
A un âge très précoce, il fait ses débuts en politique. Il a 12 ans lorsqu’en 1972 il organise la première manifestation à l’école publique et réclame qu’on asphalte les routes. «C’était une demande vitale pour nous car on s’enfonçait dans la boue», dit-il. Il est retenu dans la voiture des gendarmes mais ses collègues réussissent à le libérer en leur jetant des pierres.
En 1973, lorsque les problèmes entre l’armée et les Palestiniens commencent, il se promène partout avec une keffieh autour du cou, alors que toute la famille se rendait auprès du ministre de l’Intérieur, Bachir el-Awar, qui était un parent à lui. «J’ai toujours considéré mienne la cause Lire le reste de cette entrée »
Il fait partie des militants de la première heure, ceux qui ont connu la prison, la torture et l’humiliation des interrogatoires. Originaire de Hadath (Baabda), il a vécu l’occupation syrienne qui a créé chez lui un sentiment de frustration. Il est membre de la Fédération internationale des droits de l’homme de Paris et membre fondateur de l’Association des droits de l’homme et de l’individu du Liban. Depuis 1989, il a commencé son parcours au sein du Courant patriotique libre (CPL) et a réussi, en 2009, à faire son entrée au Parlement en tant que député de Baabda, une région particulièrement sensible. Portrait de Hikmat Dib.
Ingénieur civil de formation, il fait ses études chez les frères Antonins à Baabda et à l’Université Saint-Joseph ensuite. Elève agité et turbulent, il est chassé de l’école plusieurs fois. Du petit garçon frondeur, Hikmat Dib, âgé aujourd’hui de 56 ans, a gardé le sentiment de révolte contre toute forme d’injustice et un côté espiègle qui le rend si proche des gens. Né dans une famille de six enfants, cinq garçons et une fille, c’est à la maison qu’il a appris le respect envers la femme. «Ce sentiment a influé sur ma vision de la femme en général, ma manière de traiter ma femme et ma fille, et en particulier dans la législation», dit Hikmat Dib.
Cinéphile, amoureux de l’art, il est marié à Carole Hatem, peintre. Ils ont trois enfants, une fille et deux garçons. Racha, 23 ans, en cinquième année de médecine, Naddy, 21 ans, qui étudie l’architecture et Rayan, 16 ans, en seconde. «Et j’ai deux chiens», ajoute-t-il en souriant.
Passionné de politique, il se contentait de suivre celle-ci en tant qu’observateur jusqu’en 1989, date de l’apparition du général Michel Aoun. «Je vivais dans une région occupée par les Syriens et j’assistais frustré et impuissant à la chute de l’Etat», confie Hikmat Dib. Le 20 octobre 1991, alors que le général Aoun était à l’ambassade de France à Mar Takla, il organise la première manifestation, et depuis, il est fiché chez les Lire le reste de cette entrée »
Un nouveau chapitre s’est ajouté au bras de fer qui oppose le ministre de l’Energie et de l’Eau Gebran Bassil au chef du parlement Nabih Berry.
Ce mardi 3 juillet, les élus du bloc du Changement et de la Réforme (Courant Patriotique Libre, Marada, Tachnag, Parti démocratique et indépendants), des Forces Libanaises et des Kataeb se sont retirés de la séance parlementaire prévue pour le vote d’un texte de loi destiné à octroyer le statut d’employé de l’Electricité du Liban (EDL) aux journaliers (consultants et sous-traitants) qui gravitent autour de l’institution étatique.
Ces journaliers sont essentiellement des travailleurs politiquement parachutés et qui n’ont parfois pas les compétences requises pour servir l’EDL. Ils pèsent lourd dans les dépenses de l’état et c’est dans un contexte de professionnalisation de l’institution que le ministre Bassil a souhaité régulariser leur situation en les soumettant à un concours. L’objectif était en gros dans un premier temps de permettre aux 700 meilleurs d’intégrer l’institution étatique.
En conseil des ministres, Bloc du changement et de la réforme 0-1 groupe de la corruption
Jusque là, rien d’anormal. Malheureusement, les politiques qui ont parachuté ces travailleurs ont vu une partie de leur base électorale subir de plein fouet cette régularisation de la situation. S’en sont donc suivis des manifestations parfois violentes pour « dénoncer » la mesure, allant même jusqu’à paralyser le fonctionnement de l’EDL et perturber le peu d’électricité fourni à la population.
Pour contrer le texte de loi préparé par le ministre, les séances ministérielles se sont compliquées avec des discussions absurdes, reportant et bloquant la décision du ministre. Cette situation a perduré jusqu’au jour où le conseil des ministres vote un texte sorti par le clan Berry/Mikati. Celui-ci va à l’encontre de l’idée première de renforcer l’institution étatique tout en régularisant les journaliers puisqu’elle accordera le statut d’employé « en gros » à tout journalier passant le test.
En clair, le marchandage politique a fait échouer le texte réformateur de Gebran Bassil puisque Berry/Amal a regroupé autour de lui bien sûr le trio Mikati, Joumblatt, Sleiman… les anti-réformes par excellence, mais le plus surprenant restera la complétion du groupe avec le Hezbollah. Le Bloc du Changement et de la Réforme s’est à nouveau retrouvé seul face à la corruption.
Au parlement, le blocage : Chrétiens 1-1 groupe de la corruption
Mais cela ne suffit pas pour faire passer ce texte de la honte. Alors que les Libanais sont plongés dans le noir, les symboles de la corruption et de la décadence de l’EDL cherchent à perpétuer une situation intenable pour l’institution.
Ce texte de loi doit également obtenir l’aval du parlement libanais pour être appliqué. Le groupe de corruption doit donc s’élargir puisqu’à eux seuls, les membres du gouvernement ne regroupent qu’une trentaine de députés. Mais bien sûr, la corruption est transfrontalière, surtout quand on connait certains groupes de l’opposition (Hariri et son courant du Futur). Ensemble, ils forment une majorité confortable pour faire passer le texte et maintenir l’inefficacité et la corruption au sein de l’EDL.
Mais voilà, la veille au soir, les institutions religieuses chrétiennes se réunissent et dénoncent cette situation par le biais d’un communiqué officiel. Il n’en fallait pas plus pour faire réagir la classe politique. Le lendemain, lors de la Lire le reste de cette entrée »
Devant des milliers de partisans réunis au théâtre Platea à Sahel Alma, venus fêter les sept ans du retour d’exil de leur leader, le chef du Bloc du Changement et de la Réforme, Michel Aoun, s’en est violemment pris à ses opposants au Liban, dans la région et à l’étranger.
Samedi était une journée-test pour la direction du parti. En sollicitant à plein son réseau médiatique et ses antennes locales, le CPL voulait évaluer grandeur nature le degré de mobilisation de ses supporters. La présence du parti au sein d’un gouvernement paralysé pouvait laisser craindre une désaffection.
Au sortir de l’événement, les organisateurs du rassemblement ont pu tirer plusieurs enseignements. La forte présence de jeunes entre 15 et 18 ans en est un. Malgré le beau temps, ils sont venus en force prouver à leurs détracteurs la forte implantation du CPL au sein de cette catégorie de la population très disputée par les autres partis chrétiens. A la Platea, les responsables du parti ont pu sentir le lien presque filial qui s’est tissé entre les élus du CPL et leurs partisans. A un an des élections législatives, l’image est symbolique. Les sympathisants se sont identifiés à Lire le reste de cette entrée »
Au cours de l’histoire contemporaine du Liban, aucune loi électorale n’a jamais pu être votée sans un consensus national. Les tentatives se multiplient pour obtenir un accord sur une loi différente de celle en vigueur depuis les années soixante, qui a connu quelques minimes amendements ponctuels.
Un projet de loi basé sur la proportionnelle a été présenté par le ministre de l’Intérieur, Marwan Charbel. Les positions des différents partis vont du refus net et catégorique à un accueil plutôt froid. Le président de la République, le chef du gouvernement et le président de la Chambre sont en faveur de ce mode de scrutin. L’Eglise maronite n’y a pas opposé d’objections, mais le patriarche maronite, en réponse aux journalistes qui lui demandaient ce qu’il en pensait, a répondu: «Que quelqu’un m’explique ce qu’est la proportionnelle!».
C’est que la proportionnelle demeure une énigme tant pour de nombreux politiciens que pour les électeurs. La proportionnelle et la circonscription unique pour tout le Liban forment ce projet qui remonte aux années soixante-dix, mais l’absence d’un mode d’application a constitué un obstacle à son application.
Les contre-arguments
Selon le mécanisme proposé, les électeurs devront choisir une liste, ou des noms sur cette même liste, ils ne peuvent pas sélectionner ou combiner des noms sur des listes différentes. Chaque liste recevra alors un nombre de sièges proportionnel au nombre de bulletins qu’elle aura réussi à avoir au niveau de la circonscription. Par exemple, si l’ensemble des électeurs dans un mohafazat est de 200000 et que l’une des listes réunit 20.000 voix, elle aura droit à dix pour cent des sièges prévus.
Le mécanisme est simple et complexe à la fois. Pour l’électeur, il n’a qu’à sélectionner une liste, ou des noms sur la même liste, et son rôle s’arrête là. Pour le décompte des voix, le mécanisme est plus complexe. Il se fait en deux étapes: d’abord, définir le nombre de votes qu’il faut obtenir pour avoir droit à un siège. A cet effet, on divise le nombre total des bulletins par le Lire le reste de cette entrée »
Le Parlement étudie un projet de loi pour allonger le congé maternité de sept à dix semaines : les députés Gilberte Zwein (bloc du Changement et de la Réforme, Courant Patriotique Libre) et Michel Moussa (Mouvement Amal) viennent en effet de déposer devant le Parlement un projet de loi visant à allonger la durée légale du congé maternité. Si ce projet est voté, le congé maternité passerait de 7 semaines – la durée actuelle – à dix semaines. Les trois semaines supplémentaires accordées aux salariées du privé comme aux fonctionnaires du public devraient également être payées sur la base du salaire plein.
Pour Michel Moussa, qui dirige la Comité parlementaire sur les droit de l’homme : « l’extension à dix semaine du congé maternité est indispensable au bien-être de la mère et du nouveau-né, c’est une mesure sociale que les entreprises doivent accepter ». La proposition des deux députés reste cependant encore en deçà des préconisations de l’Organisation Internationale du Travail qui préconise un congé maternité minimum de 14 semaines. « Il faut avancer progressivement, car l’impact économique est fort», prévient Michel Moussa.
En cela, le timing est sans doute mal choisi. L’Etat et les entreprises sortent en effet à peine de la hausse générale des salaires, adoptée en janvier dernier. Dans ce contexte, l’allongement du congé maternité pourrait Lire le reste de cette entrée »