Après la multiplication des déclarations et des prises de position reflétant une détérioration des relations entre le Courant patriotique libre (CPL) de Michel Aoun et le Hezbollah, beaucoup de Libanais ont retenu leur souffle, craignant un rupture entre les deux partis. Dans certaines chancelleries occidentales et arabes et quartiers généraux de formations libanaises, des célébrations ont commencé et des paris ont été lancés pour fêter le divorce annoncé entre les deux alliés.
Le timing de cette affaire est très significatif, puisqu’il intervient à la veille de la commémoration de la guerre de juillet, au cours de laquelle le soutien du général Michel Aoun à la Résistance contre l’agression israélienne a été l’un des fondements de la victoire historique, aux côtés des sacrifices des résistants. Cet homme de principes a adopté cette position alors que personne ne connaissait encore l’issue de cette terrible guerre et le CPL a ouvert ses régions dans le Metn, au Kesrouan, à Jbeil et ailleurs, pour accueillir les dizaines de milliers d’habitants du Liban-Sud et de la banlieue de Beyrouth, ciblés par la machine de guerre israélienne. Et même les menaces directes de bombarder sa résidence et de le tuer avec les membres de sa famille ne l’ont pas fait reculer. Cette même position de principe, il l’a prise aussi au le début de la guerre universelle contre la Syrie, mettant l’accent sur la priorité de lutter contre le terrorisme takfiriste.
J’ai porté toutes mes inquiétudes et celles de nombreux amis et me suis rendu chez le général Aoun avec qui j’ai eu un échange franc et sincère, comme d’habitude. Le leader du CPL précise d’emblée que le Hezbollah n’est pas la première partie libanaise à s’être impliquée en Syrie. Il estime qu’il a été contraint à prendre cette décision à la lumière des développements sur le terrain, à cause de l’importance de l’ingérence israélienne sur le terrain et de la menace qui pesait sur les lignes de ravitaillements vitales pour la Résistance. La raison invoquée par son ami et partenaire, sayyed Hassan Nasrallah, sur les attaques contre les villages et les régions qui Lire le reste de cette entrée »
Après des mois de débats acharnés, mais relativement stériles, les députés devaient proroger le mandat du Parlement pour une durée d’au moins un an, le temps pour eux d’élaborer une nouvelle loi électorale. Une décision qui ne satisfait pas tout le monde, mais qui semble actée.
Votera, votera pas? C’est sans doute ce que se sont demandé les Libanais ces derniers jours, en assistant aux éternelles tergiversations sur la tenue des élections législatives. Après la mise à l’écart des différents projets de loi, censés remplacer la loi de 1960, par l’une ou l’autre des parties en présence, la solution intermédiaire de la prorogation a effectué son grand retour, au grand dam de certains.
Pourtant, lundi, le Premier ministre démissionnaire Najib Mikati et son Conseil des ministres, réunis brièvement à Baabda, se sont décidés à former la Commission de supervision des élections législatives. Ils ont même approuvé un budget de 22 milliards de livres libanaises, destiné à la gestion des élections le 16 juin prochain, en vertu de la loi électorale en vigueur. Dans une quinzaine de jours donc. «Nous souhaitons une loi électorale plus juste pour les Libanais, mais nous sommes obligés de remplir nos devoirs conformément à la loi», a déclaré Najib Mikati, à l’issue de la réunion. Surprise donc pour les Libanais, appelés théoriquement à se rendre dans les isoloirs le 16 juin, sans avoir pris connaissance des programmes – si programme il y a – des candidats à la députation. Toutefois, qu’ils se rassurent, cette annonce n’est au final qu’un coup d’épée dans l’eau, purement pour la forme, puisque la prorogation du mandat du Parlement semble bel et bien actée. Sur ce sujet, le Premier ministre démissionnaire a estimé que «le gouvernement ne se prononce pas sur cette affaire, c’est la Chambre qui doit décider. Si la décision est prise de proroger le mandat du Parlement, nous l’examinerons et chacun donnera son avis sur cette demande». En préalable à cette annonce de la date des élections, quasiment tous les partis, à l’exception des Kataëb qui ont attendu lundi pour le faire, ont présenté leurs candidats à la législature (voir encadré), qu’ils soient opposés ou non à la loi de 1960.
La situation très instable du Liban, du fait des événements en Syrie et leurs répercussions dans plusieurs points névralgiques comme Tripoli, Saïda, Ersal ou encore les roquettes tombées sur Chiyah ces derniers jours, apparaît comme la raison première de la prorogation. Pour autant, tous les partis ne sont pas d’accord sur la durée de cette prorogation.
Dans le camp du 8 mars, si le Hezbollah et Amal n’étaient pas hostiles à cette option, pour des raisons stratégiques – le premier étant occupé sur le front syrien -, on a vite écarté l’éventualité d’une prorogation de six mois. Une échéance trop brève pour se mettre d’accord. Le tandem chiite penchait plutôt pour un report de deux ans des élections. Mais c’était sans compter sur le président du Courant patriotique libre (CPL), Michel Aoun, qui a refusé en bloc une quelconque prorogation, après avoir accepté du bout des lèvres, la tenue des législatives en temps et en heure, selon la loi de 1960, qu’il a pourtant décrié depuis de longs mois. Le leader du CPL préférait en effet une élection dans les délais, plutôt que Lire le reste de cette entrée »
Face à la prorogation parlementaire, le peuple réclame des comptes…
« Ils disent avoir peur de la situation sécuritaire… la seule chose qui leur fait peur, c’est de perdre leur chaise parlementaire », lance un manifestant.
Seuls les députés du Courant patriotique libre ont refusé ce vote et feront appel contre cette loi au conseil constitutionnel.
Depuis la séance parlementaire avortée de mercredi qui a vu la chute du projet dit orthodoxe, la scène chrétienne est en ébullition, revivant des moments douloureux que chacun souhaiterait pourtant effacer de sa mémoire. Le clivage entre les deux camps rivaux, le CPL de Michel Aoun et les Forces libanaises de Samir Geagea, est à son apogée et Geagea ne ménage pas ses critiques directes et personnelles à Aoun, dont les partisans ne sont pas non plus tendres avec lui. Mais au-delà de cette animosité toujours vivace, une partie de la rue chrétienne a été choquée par l’abandon du projet orthodoxe, considéré par certains comme une chance pour les chrétiens de recouvrer les droits dont ils ont été spoliés par l’accord de Taëf. Dans l’entourage du général Aoun, certains se demandent même pourquoi ce dernier n’avait pas prévu le scénario d’un retournement de dernière minute de Geagea contre le projet « orthodoxe », en dépit des engagements pris à Bkerké, alors que plusieurs indices allaient dans ce sens et que les milieux proches de Saad Hariri avaient sciemment révélé les reproches à peine voilés qu’il avait adressés au chef des FL pour son appui à ce projet.
Les sources proches de Rabié précisent à cet égard que le chef du CPL avait évidemment pensé à un tel scénario, mais il avait préféré penser que les hommes peuvent changer et que le chef des FL ne pouvait pas laisser passer cette chance unique. En même temps, les mêmes sources précisent que Aoun était convaincu qu’en changeant d’avis au sujet du projet « orthodoxe », Geagea serait en porte-à-faux avec la rue chrétienne et sa popularité auprès des électeurs en prendrait un sérieux coup. En somme, s’il devait se retourner contre ce projet, il serait en confrontation avec la base chrétienne et non plus avec le CPL.
Les même sources ajoutent que ce qui confirme cette thèse, c’est que depuis mercredi, Geagea et ses députés multiplient les apparitions devant la presse pour expliquer leur position et cibler les attaques contre le général Aoun. Par contre, le CPL et son chef, estiment les mêmes sources, ont gagné en crédibilité, étant conséquents avec eux-mêmes et avec leurs positions, évoquant à cet égard les résultats de nouveaux sondages. Le ministre de l’Énergie et de l’Eau, Gebran Bassil, avait d’ailleurs clairement défini la position du CPL en disant que le premier choix est le projet orthodoxe, et le pire la prorogation du mandat du Parlement. Il avait ajouté que Lire le reste de cette entrée »
Najib Mikati, le Premier ministre libanais, a annoncé sa démission surprise, vendredi 22 mars, à l’issue d’une réunion gouvernementale houleuse. Cette démission laisse le Liban sans gouvernement à un moment particulièrement critique, aussi bien sur le plan interne qu’au niveau de la situation à ses frontières.
La démission de Najib Mikati a surpris aussi bien ses alliés au sein du gouvernement, que ses adversaires de l’opposition.
Le Premier ministre a annoncé son départ peu après une réunion houleuse du gouvernement, vendredi soir, lors de laquelle il a été mis en échec par une coalition formée de ministres chiites du Mouvement Amal et du Hezbollah et de ministres chrétiens du parti du général Michel Aoun.
Les raisons de la démission
La première porte sur la nomination des membres de la Commission de supervision des élections législatives, ce qui entrave la tenue du scrutin à la date prévue, en juin.
La deuxième concerne la prorogation du mandat du chef des Forces de sécurité intérieure, le général Achraf Rifi, qui Lire le reste de cette entrée »
Les tentatives effrénées d’entrainer le Liban dans la discorde sectaire se poursuivent et se déplacent d’une ville à l’autre. Face à ce danger extrême, l’Etat réagit avec mollesse et hésitation, optant pour une stratégie visant à contenir le phénomène plutôt qu’à essayer de l’étouffer dans l’œuf.
A Saïda, l’Armée libanaise, qui a quadrillé la ville, est parvenue à contenir le mouvement subversif du cheikh intégriste Ahmad Al-Assir. Déployée en force, elle a empêché les partisans du dignitaire religieux de se diriger vers des appartements habités depuis 25 ans par des familles chiites, dont certaines sont proches du Hezbollah. Mais Ahmad al-Assir poursuit ses tentatives et veut organiser des sit-in d’une manière quotidienne. Il a réussi, dimanche, à passer au travers des filets de l’armée pour manifester brièvement sur la place de l’Etoile dans la troisième ville du Liban. Il a tenu un discours virulent contre le Hezbollah et l’Iran, avant de se replier vers sa mosquée à Abra, à l’Est de la ville.
Mais Saïda a tenu à donner d’elle-même une autre image, celle de la ville de la convivialité, de la modération et de l’ouverture qu’elle a toujours été. La commémoration du 38ème anniversaire de la mort du leader populaire Maarouf Saad s’est transformée en réunion nationale transcommunautaire dimanche. Des milliers de personnes ont répondu à l’appel de Lire le reste de cette entrée »
Le député Alain Aoun a dénoncé la trop longue période consentie pour trouver un consensus que ne voulait manifestement pas le Courant du Futur (Hariri) et le Parti Social Progressiste (Joumblatt).
La dernière proposition soumise par le tandem Ali Bazzi (Amal) – Georges Adwan (FL) s’est confronté à un refus catégorique du tandem Fatfat (Courant du Futur) – Samy Gemayel (Kataeb). Le CPL avait quant à lui soumis ses propositions pour améliorer le projet d’entente.
Les travaux de la sous-commission parlementaire se sont donc clôturés sans entente.
Dans le même temps, Sayyed Hassan Nasrallah a une nouvelle fois réitéré l’appui du Hezbollah au projet de loi de la Rencontre Orthodoxe.
On se dirige donc peut-être vers un vote semaine prochaine, après la convocation de la chambre des députés par son président Nabih Berry. Par ailleurs, la première loi soumise au vote sera la loi orthodoxe… de quoi justifier l’optimisme du député Alain quant à une issue favorable dans cette réforme tant attendue et primordiale pour l’avenir des Chrétiens au Liban.
Recueil d’articles sur la dernière journée de la sous-commission:
19h21 : Fin de la réunion de la souscommission parlementaire électorale
La sous-commission parlementaire chargée d’examiner la loi électorale, a clôturé sa réunion, ce soir.
La réunion présidée par le député Robert Ghanem, n’a abouti à aucune solution concernant l’approbation d’une Lire le reste de cette entrée »
La communauté internationale a intensifié ses pressions, ces dernières 48 heures, pour garantir la tenue des élections législatives à la date prévue, en juin, indépendamment des négociations en cours entre les différents protagonistes pour s’entendre sur une loi électorale consensuelle.
Mardi, le représentant du secrétaire général des Nations unies au Liban, Derek Plumbly, et l’ambassadeur des Etats-Unis, Maura Connely, ont défilé chez les responsables officiels pour délivrer ce message. M. Plumbley a rappelé au Premier ministre Najib Mikati la disposition de l’ONU à offrir une assistance technique en matière électorale au Liban, mettant l’accent encore une fois sur la nécessité d’organiser le scrutin dans les délais prévus.
Pour sa part, Mme Connelly, qui s’est rendue chez le ministre de l’Intérieur, Marwan Charbel, a «encouragé le Liban à rester attaché à ses principes démocratiques et constitutionnels et à faire en sorte que les élections se déroulent à la date prévue».
Ces pressions se sont immédiatement reflétées dans les déclarations des hauts responsables. M. Mikati a indiqué que «le gouvernement est contraint d’organiser les élections législatives le 9 juin prochain en vertu de la loi en vigueur si une nouvelle législation n’est pas adoptée», c’est-à-dire la loi de 1960, Lire le reste de cette entrée »
Lorsque le 6 février 2006 le général Michel Aoun a signé avec le secrétaire général du Hezbollah le fameux document d’entente entre leurs deux formations, il savait qu’il s’engageait pour l’avenir et qu’il ne s’agissait pas d’une alliance électorale ou éphémère comme il y en a tant au Liban. Cette démarche s’inscrivait chez le chef du CPL dans le cadre de sa vision stratégique des développements dans la région, sur le plan de la présence chrétienne qu’il sentait déjà menacée dans les années 1990 et à laquelle il fallait assurer un filet de sécurité, et sur celui de la montée des extrémismes confessionnels dont le Liban commence à faire les frais, sachant qu’il avait tiré la sonnette d’alarme sur le sujet dans une lettre adressée au président français François Mitterrand.
Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si cette année en particulier le Hezbollah et le CPL ont décidé de célébrer le septième anniversaire de leur alliance en lui prédisant un long avenir. Dans le passé, de nombreux adversaires ou rivaux du général disaient qu’il était la partie perdante dans ce duo, en assurant une couverture chrétienne au Hezbollah, sans obtenir de contrepartie valable. Mais aujourd’hui, la situation est totalement différente, notamment dans l’approche de la loi électorale. Aoun a réussi à entraîner son allié, le Hezbollah, et l’allié de son allié le mouvement Amal dans un projet de loi électorale, dit « grec-orthodoxe », qui au départ était contraire à leurs principes basés sur « les mélanges confessionnels pour consolider l’entente nationale ». D’ailleurs, c’est sur cette position affirmée à plusieurs reprises tant par les cadres du Hezbollah que par le président de la Chambre Nabih Berry qu’avaient misé les rivaux du général Aoun pour faire échouer ce projet censé assurer une véritable parité entre chrétiens et musulmans.
Le 14 Mars – et en particulier les parties chrétiennes au sein de cette alliance – était convaincu que l’appui du Hezbollah et de Amal à ce projet ne pouvait pas durer et que ces deux mouvements finiraient par dévoiler la manœuvre et laisser Aoun affaibli, face à son projet irréalisable, adopté, pensaient-ils, dans le cadre d’une Lire le reste de cette entrée »
En levant le boycott imposé à Najib Mikati et à son gouvernement, l’Arabie saoudite semble avoir changé d’approche au Liban. Désormais, le Courant du futur n’est plus considéré comme le représentant exclusif des sunnites. Riyad veut jouer plusieurs chevaux pour être sûr que le sien figurera parmi les finalistes.
Ce n’est un secret pour personne. L’Arabie saoudite n’a pas apprécié l’éviction de l’ancien Premier ministre Saad Hariri en janvier 2011, qu’elle a considérée comme un retournement syro-iranien contre les arrangements conclus à Doha, en mai 2008. Par conséquent, elle a accueilli froidement la nomination de Najib Mikati à sa succession, sans pour autant aller jusqu’à afficher une franche hostilité à son égard. Pendant des mois, le chef du gouvernement a tenté par mille et une voies d’obtenir une couverture saoudienne, mais il n’y est pas parvenu. Cependant, le royaume s’est gardé de jeter sur lui l’opprobre, se contentant de l’ignorer superbement. Habile, Najib Mikati a évité toute réaction impulsive et a continué à envoyer des signaux positifs en direction de Riyad et de la communauté internationale. Le plus fort signal aura sans doute été le financement du Tribunal spécial pour le Liban, en dépit des réserves du Hezbollah.
Les événements syriens et l’engagement de l’Arabie saoudite aux côtés des rebelles ont compliqué la donne pour le Premier ministre, surtout que le Courant du futur était, lui, en phase avec les options saoudiennes en Syrie. Najib Mikati a alors transformé en politique officielle le fameux concept de «dissociation», destiné à empêcher le Liban d’être broyé par la crise qui secoue son voisin. Il a convaincu la communauté internationale d’appuyer cette orientation.
La dissociation n’a pas empêché les protagonistes libanais de s’impliquer à plus d’un niveau dans le chaudron syrien, mais l’Etat faisait semblant de ne rien voir, un peu comme du temps des fedayin palestiniens dans les années 60-70 du siècle dernier. Cela arrangeait tout le monde, y compris l’Arabie saoudite.
Les choses auraient pu continuer sur ce modèle pendant longtemps si le chef de la section des renseignements des Forces de sécurité intérieure (FSI), le général Wissam el-Hassan, n’avait pas été assassiné, le 19 octobre dernier. Estimant que cet attentat la visait directement, l’Arabie saoudite a exprimé son mécontentement et a appuyé les revendications du Courant du futur appelant à la démission du gouvernement. On se souvient de l’image de l’ambassadeur Ali Awad el-Assiri devant Lire le reste de cette entrée »