Le spectacle honteux de l’affrontement entre un ministre et un officier des Forces de sécurité intérieure, que les Libanais ont suivi en direct sur le petit écran, est inconcevable même dans les Républiques bananières. Cette affaire dépasse le cadre d’une dispute entre un ministre et un directeur général. Quels sont les véritables enjeux?
Le fossé entre le clan Hariri et celui de Michel Aoun n’a fait que se creuser depuis le retour d’exil du général, en mai 2005. Connaissant l’intérêt et l’importance qu’accorde Saad Hariri – comme son père avant lui – au secteur des télécommunications, le chef du Bloc du Changement et de la Réforme insiste, lors des tractations pour la formation des derniers gouvernements, pour placer l’un de ses proches à la tête du ministère concerné. Le but, dit-il, étant de rétablir les droits de l’Etat sur ce secteur rentable qui constitue, sans aucun doute, une poule aux œufs d’or. Mais la mauvaise surprise de Gebran Bassil et après lui de Charbel Nahas aura été de découvrir que le directeur général d’Ogero opère hors de leur contrôle (Voir page 21). Abdel-Menhem Youssef avait été désigné par Rafic Hariri au poste de directeur général du ministère des Télécommunications. Il avait réussi – avant d’être emprisonné pendant dix mois et remplacé à la direction générale du ministère – à renforcer son contrôle sur l’administration sans jamais cacher qu’il ne prenait ses instructions que des Hariri, et non de son ministre de tutelle.
C’est pourquoi ces deux dernières années ont été le théâtre d’une lutte sans merci entre des ministres très «autoritaires», déterminés à récupérer toutes leurs prérogatives, et le directeur général d’Ogero qui ne veut rien céder des siennes. La suite est connue et la confrontation qui s’est déroulée sur les escaliers de l’immeuble des Télécoms, à Adlié, constitue le dernier épisode en date de ce bras de fer.
Dans cette tragi-comédie, les deux protagonistes sont sûrement fautifs, à des degrés différents. Mais il reste une question sans réponse: que cache au juste ce fameux «deuxième étage» pour que Lire le reste de cette entrée »