Mouvement pour le Liban

Représentant le Courant Patriotique Libre en Belgique

Diatribe du Mufti de la République libanaise contre le courant de Hariri

Posted by jeunempl sur août 18, 2012

Al Akhbar

« Ils veulent mon turban (…) je ne leur permettrai pas ! » Des propos qui résument le ras-le-bol du Mufti de la République du Liban des exactions pratiquées par le courant du Futur des Hariri !

En effet, dans une interview exclusive accordée au quotidien libanais al Akhbar , le Mufti de la République du Liban, cheikh Mohammad Qabbani est sorti de son silence pour dénoncer ce qu’il a appelé « le mensonge des politiciens au Liban, à leur tête le courant du Futur  » !
Allant jusqu’à conseiller les responsables du courant du Futur de craindre Dieu, les invitant à la piété pour sortir de leur « Moi » : car c’est ce « Moi » qui a chassé Satan du Paradis.

La plus haute-instance religieuse sunnite qualifie les responsables du Courant du Futur de « politiquement immoraux »

Dans ses propos, le Mufti a expliqué les raisons de son désaccord avec le courant du Futur : «J’ai eu une position qui ne s’accorde avec celle du Courant du Futur, or la différence dans les opinions ne justifie pas le recours à la diffamation. Et le courant du Futur a sali la réputation du Mufti de la République ».

Et de poursuivre : « Notre désaccord a débuté avec ma décision d’interdire à cheikh Oussama Rifai à Akkar de délivrer des fatwa sur des questions administratives. Un de leurs députés a alors demandé de ne plus prier derrière le Mufti, un autre m’a accusé d’être un faux mufti.. Comment peuvent-ils se comporter ainsi ? »

Ensuite le fossé s’est creusé de pus en plus entre le Mufti du Liban et le courant du Futur après la nomination de Najib Mikati comme Premier ministre.
« Dar Al-Fatwa a accueilli une réunion de l’Union islamique élargie au cours de laquelle ont été discutés les principes islamiques proposés par le Courant du Futur. Ils se résument en cinq points et visent à forcer le président Najib Mikati à se désister de former un gouvernement. Je ne voulais pas mêler Dar Al-Fatwa dans ce genre de jeu politique, j’ai demandé la modification de l’un des principes».

Quant à la goutte d’eau qui a fait déborder le vase, il s’agit de la demande du Hezbollah à visiter le Mufti !

« A ce moment, les pressions ont commencé pour me forcer à annuler cette visite… j’ai refusé. Le lendemain, leurs journaux ont écrit que le Mufti a retourné sa veste », précise le Mufti Qabbani.

Toutefois, ce qui a le plus provoqué la colère du Mufti, rompant le cordon d’amitié entre le courant du Futur avec la plus haute-instance religieuse sunnite, c’est le projet du Premier ministre, Fouad Siniora, «qui vise à modifier le décret législatif n °18 émis en 1955, qui réglemente les affaires des musulmans sunnites». Or, ce décret octroie «un grand nombre de pouvoirs au Grand Mufti de la République».

« Dans le projet présenté , 19 articles grignotent l’autorité du mufti ! Et donc que reste-il du Grand Mufti de la République? Hormis sa robe qui cache son corps. Ils l’ont dépouillé de son turban, c’est pourquoi ils ne prient plus derrière lui » s’indigne le Mufti Qabbani.

Et de poursuivre : « Cette modification signifie que le Mufti doit se contenter de recevoir des visiteurs, de parler aux médias et d’émettre des fatwas ».

Concernant «les pouvoirs du Mufti que le courant du Futur cherche à les lui retirer », son éminence évoque «l’article 18 du décret qui définit le Grand Mufti de la République comme le chef religieux des musulmans, toutes communautés confondues». Selon l’amendement présenté par Siniora, le Mufti de la République devient le «chef religieux des musulmans sunnites» seulement.

Et de s’interroger: «Pourquoi cette volonté de nous diminuer? Si la loi nous donne un grand rôle et que toutes les confessions s’accordent autour, pourquoi nous limiter? Autre exemple: «il y a une disposition dans le décret qui confirme que le Grand Mufti de la République représente l’autorité suprême des legs religieux. Si le projet de Siniora est adopté, il supprime totalement cette indication, ce qui signifie que le Mufti n’a plus rien avoir avec les legs religieux, et cela je ne peux pas l’admettre ».

« En tant que Mohammad Rashid Qabbani, et en tant que mufti de la République, je ne permettrai pas à qui que ce soit de toucher le décret n°18 et j’affronterai quiconque. Je n’accepterai pas que mon successeur hérite des pouvoirs réduits ».

Les groupuscules salafistes jihadistes n’ont pas d’éthique musulmane

Concernant ses relations avec l’Arabie saoudite, son éminence affirme qu’ «il n’y a pas de médiation saoudienne entre lui et le courant. Les amis espèrent que nos différences s’estompent. Pour ma part, je ne n’ai pas de problème avec eux. C’est eux qui ont décidé de ne plus prier derrière moi, et c’est leur affaire ».

Et de s’interroger sur un ton moqueur : « Peut-être cela fait partie de la modernité politique que de ne pas prier derrière moi et d’humilier la dignité des gens. Or, comment pouvez-vous garder votre dignité si vous vous attaquez à celle des autres » ?

La plus haute référence religieuse sunnite a ajouté : «un conseil et je le dis sans la moindre animosité : je conseille aux responsables du courant du Futur de craindre Dieu. Leur public est bon et sa majorité est silencieuse. Mais leurs responsables adorent leur Moi respectif. Ce Moi qui chassa le diable du paradis ».

Le Mufti a accusé le courant du Futur d’avoir diffusé des rumeurs et de fausses informations sur des dossiers financiers et d’ingénierie. « Certes des erreurs ont eu lieu, mais cela ne justifie pas la diffamation et le scandale » a-t-il ajoué.

Et de souligner : « Tout en politique est mensonge. Les politiciens mentent les uns aux autres, et ils ont pensé que le Mufti de la République est comme eux. Ils ont agi de façon honteuse et c’est la preuve qu’ils n’ont pas de moral politique ».

Pour ce qui est des mouvements jihadistes salafistes, le Mufti Qabbani a indiqué que «le Jihad en Islam représente le devoir et l’honneur, mais il doit passer par une référence religieuse. Or, la violence exercée par les jihadistes salafistes est étrangère à l’Islam et au vrai salafiste, elles ne dérivent que de leurs coutumes et de leurs habitudes. Ils ne viennent pas à Dar Al-Fatwa, ils ne parlent pas avec le Grand Mufti, ils ne m’ont jamais rencontré. Malheureusement, ce n’est pas l’éthique de l’Islam. La religion n’enseigne pas la haine ».

La Loi électorale de la proportionnalité ne nuit pas à la communauté sunnite

Au sujet de la proportionnalité, son éminence a estimé que « la proportionnalité ne nuit pas à la communauté sunnite. Tout d’abord, parce qu’elle assure une élection juste et parce qu’elle permet la représentation de tout le monde. Mais elle doit répondre à certaines conditions ».

Il ajoute: «la loi votée par le Conseil des Ministres a adopté des circonscriptions électorales qui sabotent la proportionnalité. Car elles sont le fruit des caprices politiques des auteurs de la loi. Alors que la proportionnalité est un principe acceptable et nécessaire. Les Accords de Taëf ne prévoient pas la proportionnalité. Toutefois, le texte encourage à l’adoption d’une loi électorale qui puisse représenter tous les Libanais ».

Relation entre le Mufti de la République avec le Hezbollah

Le mufti a qualifié sa «relation avec tout le monde comme bonne. On se rencontre, on partage nos idées et on échange nos conseils ».

Faisant allusion de nouveau aux politiciens, son éminence insiste sur la nécessité de «respecter l’opinion des autres. Ils mentent parce qu’ils refusent d’accepter l’Autre, ils détestent le mufti parce qu’il rencontre les autres ».

La Oumma n’est pas la meilleure nation des Hommes à cause de son comportement

Concernant les événements régionaux, le Mufti Mohammed Rashid Qabbani soutient la «réforme de la nation, les réformes politiques dans chaque pays, mais non pas à travers la violence qui nous empêche d’être « la meilleure nation des hommes sur la Terre». Maintenant nous ne sommes pas la meilleure nation cause de notre comportement et ce qui se passe sur le terrain».

Enfin son éminence a mis en garde contre «de graves conséquences au Liban suite à la crise syrienne et arabe, des incidents très graves nous guettent, à moins si Dieu le veut et si les responsables politiques contrôlent la situation au Liban».

Et de conclure : « les choses sont plus calmes maintenant, mais peut-être il s’agit du calme avant la tempête. La politique libanaise est une politique attentiste ce n’est pas une politique investigatrice. Les politiciens libanais guettent ce qui va arriver dans la région arabe pour s’affronter ensuite. Nous devons préserver notre pays de ce qui se passe à l’étranger, que ce soit en Syrie ou dans n’importe quel pays arabe ».

« Nous risquons de plonger dans le gouffre si les dirigeants politiques ne prennent pas conscience que la politique qu’ils pratiquent est irresponsable et stupide » a-t-il souligné.

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