Pour la première fois en 1500 ans : Un patriarche maronite à Antioche
Posted by jeunempl sur juillet 8, 2012
L’Hebdo Magazine – Arlette Kassas
Le 77e patriarche d’Antioche et de tout l’Orient, Béchara Raï, est le premier patriarche maronite qui, depuis 1500 ans, célèbre la messe à l’occasion de la fête des Saints Pierre et Paul sur un ancien autel situé dans une église rupestre datant du 1er siècle de l’ère chrétienne, dans la ville d’Antioche.
Le pèlerinage, sans précédent, dans l’Histoire de l’Eglise maronite est plus que symbolique. C’est à Antioche que, pour la première fois, les disciples du Christ ont été appelés «chrétiens». L’Eglise maronite doit son nom et son origine à Saint-Maron qui vivait à Cyr dans la région d’Antioche. Le peuple maronite est celui qui a recueilli l’héritage spirituel des moines du monastère de Saint-Maron.
En 985, après le décès du patriarche byzantin Anastase en 685, le siège patriarcal d’Antioche était toujours vacant. Les maronites se dotèrent alors d’un patriarche d’Antioche et de tout l’Orient. Il résida dans un monastère à Kfarhay, dans la région de Batroun, dans le Nord.
La messe célébrée à Antioche fut l’occasion pour le patriarche maronite de se prononcer sur les événements actuels et les préoccupations de Chrétiens d’Orient. Il s’est engagé, dans son homélie, à travailler main dans la main avec les musulmans pour «un Printemps arabe reposant sur les valeurs chrétiennes et musulmanes spirituelles, morales et humaines, un Printemps arabe marqué par le respect de la dignité humaine et des droits essentiels de la personne, le renforcement des libertés publiques et, en premier lieu, de la liberté religieuse de croyance et d’exercice, l’avènement d’un régime démocratique qui respecte la volonté des peuples et leurs aspirations, les droits des peuples à demander des comptes à leurs dirigeants, la séparation entre la religion et l’Etat, le respect de toutes les croyances religieuses». Il n’a pas oublié non plus de s’engager à œuvrer à l’approfondissement, avec les Eglises orthodoxes, du «patrimoine antiochien commun», et à la rencontre des Eglises d’Orient et d’Occident, celle de deux cultures différentes.
Dans le contexte régional actuel, c’est tout un programme culturel, reposant sur la rencontre des civilisations, et un engagement envers l’Eglise d’Orient. Un autre but est poursuivi par le patriarche maronite. Celui qui lui tient à cœur et qu’il n’a pas manqué d’évoquer à l’occasion de ses précédentes visites en Turquie et à Chypre. L’Eglise maronite souhaiterait aujourd’hui, en effet, retrouver certains wakfs qui lui avaient été confisqués, par l’Empire ottoman.
Une délégation de la Fondation maronite dans le monde, a accompagné le patriarche dans sa visite qui a englobé Adana, Tartous, Antioche, Mersin et Iskenderun. La présence maronite dans la région est très réduite. Une ou deux familles maronites seulement à Antioche, une centaine de maronites à Mersin et une trentaine à Alexandrette.
La visite patriarcale à Antioche revêt plus d’une signification. Mgr Raï réussira-t-il à appliquer son programme pour les chrétiens d’Orient?
Antioche et christianisme
La ville d’Antioche fut l’un des centres culturels et démographiques de l’Empire Romain. Elle comptait au temps des apôtres un demi-million d’habitants et a constitué un point de départ important dans l’essor du christianisme naissant.
Antioche est une ville d’ouverture, de dialogue et d’initiative. Elle a rallié Jésus-Christ grâce à quelques-uns de ses disciples, et approfondi sa foi grâce à l’Apôtre Paul et son compagnon, Barnabé. L’Eglise d’Antioche a eu une grande influence. Elle est devenue un des cinq patriarcats, à savoir: Rome, Constantinople, Alexandrie, Antioche et Jérusalem.
En 518, ce fut la division de l’Eglise en chalcédoniens et non chalcédoniens. Un siècle plus tard, une autre division frappe l’Eglise d’Antioche entre les syriaques, les maronites et les melkites. Au 7e siècle, ces différentes communautés se dotent chacune d’un patriarche: melkite, maronite, syriaque, assyrien et arménien. Au 12e siècle, un nouveau Patriarche vint rejoindre les précédents; ce fut le patriarche latin.
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