Bras de fer dans le dossier des journaliers de l’EDL: Les élus chrétiens forcent le report de la séance parlementaire
Posted by jeunempl sur juillet 4, 2012
Un nouveau chapitre s’est ajouté au bras de fer qui oppose le ministre de l’Energie et de l’Eau Gebran Bassil au chef du parlement Nabih Berry.
Ce mardi 3 juillet, les élus du bloc du Changement et de la Réforme (Courant Patriotique Libre, Marada, Tachnag, Parti démocratique et indépendants), des Forces Libanaises et des Kataeb se sont retirés de la séance parlementaire prévue pour le vote d’un texte de loi destiné à octroyer le statut d’employé de l’Electricité du Liban (EDL) aux journaliers (consultants et sous-traitants) qui gravitent autour de l’institution étatique.
Ces journaliers sont essentiellement des travailleurs politiquement parachutés et qui n’ont parfois pas les compétences requises pour servir l’EDL. Ils pèsent lourd dans les dépenses de l’état et c’est dans un contexte de professionnalisation de l’institution que le ministre Bassil a souhaité régulariser leur situation en les soumettant à un concours. L’objectif était en gros dans un premier temps de permettre aux 700 meilleurs d’intégrer l’institution étatique.
En conseil des ministres, Bloc du changement et de la réforme 0-1 groupe de la corruption
Jusque là, rien d’anormal. Malheureusement, les politiques qui ont parachuté ces travailleurs ont vu une partie de leur base électorale subir de plein fouet cette régularisation de la situation. S’en sont donc suivis des manifestations parfois violentes pour « dénoncer » la mesure, allant même jusqu’à paralyser le fonctionnement de l’EDL et perturber le peu d’électricité fourni à la population.
Pour contrer le texte de loi préparé par le ministre, les séances ministérielles se sont compliquées avec des discussions absurdes, reportant et bloquant la décision du ministre. Cette situation a perduré jusqu’au jour où le conseil des ministres vote un texte sorti par le clan Berry/Mikati. Celui-ci va à l’encontre de l’idée première de renforcer l’institution étatique tout en régularisant les journaliers puisqu’elle accordera le statut d’employé « en gros » à tout journalier passant le test.
En clair, le marchandage politique a fait échouer le texte réformateur de Gebran Bassil puisque Berry/Amal a regroupé autour de lui bien sûr le trio Mikati, Joumblatt, Sleiman… les anti-réformes par excellence, mais le plus surprenant restera la complétion du groupe avec le Hezbollah. Le Bloc du Changement et de la Réforme s’est à nouveau retrouvé seul face à la corruption.
Au parlement, le blocage : Chrétiens 1-1 groupe de la corruption
Mais cela ne suffit pas pour faire passer ce texte de la honte. Alors que les Libanais sont plongés dans le noir, les symboles de la corruption et de la décadence de l’EDL cherchent à perpétuer une situation intenable pour l’institution.
Ce texte de loi doit également obtenir l’aval du parlement libanais pour être appliqué. Le groupe de corruption doit donc s’élargir puisqu’à eux seuls, les membres du gouvernement ne regroupent qu’une trentaine de députés. Mais bien sûr, la corruption est transfrontalière, surtout quand on connait certains groupes de l’opposition (Hariri et son courant du Futur). Ensemble, ils forment une majorité confortable pour faire passer le texte et maintenir l’inefficacité et la corruption au sein de l’EDL.
Mais voilà, la veille au soir, les institutions religieuses chrétiennes se réunissent et dénoncent cette situation par le biais d’un communiqué officiel. Il n’en fallait pas plus pour faire réagir la classe politique. Le lendemain, lors de la séance parlementaire prévue à cet effet, les élus du Changement et de la Réforme, des Forces Libanaises et des Kataeb se sont retirés de l’hémicycle provoquant la levée de la séance, faute de quorum.
10% seulement des potentiels futurs employés de l’état sont chrétiens
Désormais, l’histoire prend une tournure communautaire puisqu’on apprend que seuls 400 des 4000 journaliers qui seraient régularisés à travers le texte de Berry sont de confession chrétienne… forçant un nouveau déséquilibre communautaire dans les institutions étatiques.
Ce constat que nous faisons ne signifie pas une communautarisation à outrance de la situation mais constitue au contraire une dénonciation des conséquences de la corruption qui gangrène l’état et qui est l’apanage de 2 groupes dont l’électorat est de confession tantôt sunnite (Hariri), tantôt chiite (Berry). Ces pratiques mènent automatiquement à une surenchère confessionnelle dans le discours politique.
Le ministre de l’Energie, Gebran Bassil, a pour la première fois dénoncé l’absence de conscience du Hezbollah à qui il reproche de ne rien faire pour arrêter les pratiques mafieuses de son allié chiite, Amal. Le général Aoun, tout en conservant le positions du CPL en matière de sécurité, n’a pas exclu de participer à l’établissement d’un nouveau paysage politique libanais. Le soir même, les 10 ministres du bloc du Changement et de la Réforme poursuivirent le mouvement de protestation en s’absentant de la séance ministérielle, provoquant également son report faute de quorum.
Recueil d’articles
Berri déclare la séance parlementaire levée faute de quorum
Le Président de la Chambre Nabih Berri a déclaré mardi la séance parlementaire levée faute de quorum.
47 députés seulement étaient présents au Parlement.
M. Berri a annoncé que « 23 projets-lois et propositions de loi ont été approuvés et 11 autres figureront toujours sur l’ordre de jour ».
Il a en outre indiqué que la décision prise concernant la levée de la séance est due à l’absence des parties politiques essentielles, dont les blocs parlementaires des forces libanaises, des Kataëb et du Changement et Réforme.
M. Berri a appelé à la tenue d’une prochaine séance le jeudi 5 juillet à 15 heures.
Des rencontres ont été tenues auparavant entre M. Berri et le Premier ministre Najib Mikati, ainsi que l’ancien Premier ministre et chef du bloc parlementaire du « Futur » Fouad Siniora.
Geagea: les contacts sont ouverts avec Berri et la loi des journaliers de l’EDL est à amender
Le chef des « Forces Libanaises » Samir Geagea a exprimé mardi « tout son respect » au président de la Chambre Nabih Berri, assurant que « les contacts sont toujours ouverts avec ce dernier qui a une façon « différente » de traiter les problèmes que le pays affronte ».
M. Geagea s’est exprimé lors d’une conférence de presse à Mehrab, au cours de laquelle il s’est penché sur plusieurs sujets d’actualité.
Abordant l’affaire des journaliers de l’EDL, le chef des FL a affirmé que « le refus de son parti de cadrer tous les journaliers n’a rien de confessionnel ».
« Notre point de vue découle de raisons pratiques relatives à la bonne gestion des affaires de l’Etat; cadrer tous ces journaliers serait catastrophique pour le pays », a-t-il expliqué.
« Qu’adviendra-t-il des autres employés dans ce cas, ceux du ministère de l’Information à titre d’exemple? » a-t-il demandé.
M. Geagea a alors estimé que le vote de la loi relative aux journaliers s’est fait de façon ambigüe, signalant que « cette loi doit être amendée puis proposée à nouveau ».
Il a enfin insisté sur l’importance de l’équilibre confessionnel dans les administrations de l’Etat, clamant que nul compromis n’est acceptable dans les institutions publiques.
Aoun: une crise réelle a eu lieu lors de la séance législative au Parlement
Le chef du bloc parlementaire « Changement et Réforme », le député Michel Aoun, a déclaré mardi, au terme de la réunion hebdomadaire de son bloc à Rabieh, qu’une crise réelle a éclaté aujourd’hui lors de la séance législative au Parlement.
« Cette crise a pour raison l’affaire des journaliers de l’EDL dont le nombre peut atteindre les 5000 ou 10 000 sans compter spécifiquement ceux parmi eux qui se rendaient au travail », a-t-il ajouté, accusant l’Etat de corruption et de vol.
M. Aoun a indiqué que l’Etat ne saurait être édifié avec cette démagogie mais il (l’Etat) a une structure qu’il s’agit de respecter.
« Nous effectuons une vraie réforme et nous ne tendons pas notre main aux autres ministères. L’approbation du projet de loi relatif aux journaliers de l’EDL manque de respect aux institutions qui doivent être régies par les lois et les régulations », a-t-il critiqué.
Le député Aoun a assuré que « notre boycott de la séance ministérielle aujourd’hui est dû au projet de loi des journaliers que le gouvernement avait présenté ».
« L’opinion publique doit savoir pour quelles raisons ce boycott a eu lieu au Parlement et les autres parties doivent nous soutenir s’ils ont le minimum de sens des responsabilités », a-t-il dit.
Le chef du bloc « Changement et Réforme » a indiqué que « les alliances politiques peuvent suivre d’autres trajectoires mais qu’il est important de laisser la résistance à l’écart sans oublier notre position stable vis-à-vis d’elle ».
« Que nul ne songe à expliquer les choses à sa propre manière », a-t-il clamé.
Et de conclure: « rien ne peut nous obliger à participer demain mercredi à la séance du Conseil des ministres car le climat ambiant n’est pas propice aux discussions actuellement ».
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