Mosquée Reda: Une haine qui brûle et qui tue
Posted by dodzi sur mars 14, 2012
Par Jacques Laruelle
Il a proféré des menaces à l’encontre des personnes présentes
Il a, a-t-il dit à la juge d’instruction qui l’a entendu mardi après-midi, « voulu faire peur » aux membres de la communauté qui est à l’origine de la situation en Syrie. L’homme, qui a bouté le feu lundi à la mosquée chiite Imam Reda d’Anderlecht, dans lequel a péri son imam, revendique donc clairement un acte de nature politique.
Il n’a pas encore été identifié formellement. Cet homme, âgé d’une trentaine d’années, a fait irruption lundi vers 18h45 dans la salle de prière de la mosquée qui abritait alors une dizaine de fidèles. Porteur d’un sac à dos, il avait une hache, des couteaux et un bidon de quelques litres d’essence. Il s’exprimait en arabe. Il a proféré des menaces à l’encontre des personnes présentes, accusant les chiites d’être responsables des événements récents en Syrie. Il a répandu de l’essence à plusieurs endroits, et a mis le feu.
L’imam, un Belge d’origine marocaine âgé de 46 ans, Abdellah Dahdoh, est monté à l’étage pour tenter de prendre un extincteur ou de l’eau pour éteindre l’incendie. C’est là qu’il est mort, intoxiqué par les fumées. Un fidèle, qui avait fui par les toits, a été légèrement blessé. Un troisième a été blessé par un objet tranchant au bras.
Sous la menace de ses armes, l’incendiaire a voulu maintenir les personnes présentes dans la salle de prière. Un responsable de la mosquée a néanmoins réussi à ouvrir la sortie de secours pour évacuer la dizaine de fidèles. Le forcené a été enfermé dans la mosquée par un des responsables. Il a été interpellé par la police.
« C’est un coup de chance que l’on ait pu le maîtriser immédiatement sur place ou que cela n’ait pas été un skinhead. Sans quoi, la situation aurait rapidement pu devenir chaotique, avec des jeunes échauffés par la situation internationale et instrumentalisés, qui veulent en découdre », relève un enquêteur chevronné.
D’autant que les événements auraient pu prendre une tournure plus dramatique si cet intrus était venu un peu plus tard. Peu après son arrivée devait se tenir la prière organisée après le coucher du soleil, qui attire, pour une soirée comme celle de lundi, généralement entre 30 et 40 personnes.
L’identité du forcené n’a pu être déterminée : au cours de ses interrogatoires par la police, il a donné trois identités différentes, avec autant de dates de naissance, a indiqué le porte-parole du parquet de Bruxelles, Jean-Marc Meilleur. Devant la juge d’instruction, Marie Dagnely, il a dit qu’il était marocain et musulman de confession sunnite. Il a dit avoir un passeport, qui serait dans son lieu de résidence. Mais il refuse de divulguer ce lieu.
Il a expliqué son geste : fortement impressionné par des images de la situation actuelle en Syrie, il a « voulu faire quelque chose pour faire peur aux membres de la communauté qu’il juge responsables de ces violences ». Il avait choisi sa cible. La mosquée Imam Reda est la principale mosquée chiite de Bruxelles. Il a indiqué qu’il « connaissait cette mosquée pour y être passé aux alentours ces derniers temps et qu’il avait envisagé de commettre un acte il y a une petite quinzaine de jours », a précisé M. Meilleur.
Il s’agit donc clairement d’un acte prémédité. A-t-il été manipulé par des extrémistes ? Rien ne l’indique pour l’instant. Il a dit avoir agi seul et n’avoir parlé à personne de son projet. Autant d’éléments qui devront être confirmés ou infirmés par les suites de l’enquête.
Il a expliqué que, s’il n’avait pas été intercepté par les services de police, il se serait rendu lui-même. Il dit enfin qu’il n’a voulu tuer personne. La juge d’instruction l’a inculpé et placé sous mandat d’arrêt pour incendie volontaire, dans un immeuble habité, ayant entraîné la mort avec la circonstance aggravante que le mobile est basé sur la religion. L’inculpation pourrait être étendue à des infractions terroristes.
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