Mouvement pour le Liban

Représentant le Courant Patriotique Libre en Belgique

La politique de dissociation du Liban de la crise syrienne plus que jamais sur la sellette

Posted by jeunempl sur mars 14, 2012

(Scarlett Haddad – L’Orient le Jour)

Plus que jamais, la politique officielle qui consiste à tenir le Liban à l’écart des développements en Syrie est sur la sellette.

La performance d’équilibrisme qui a permis jusqu’à présent au Liban officiel de refuser de participer à la conférence des « Amis de la Syrie » à Tunis et au congrès d’appui au régime syrien qui se tient bientôt à Téhéran est chaque jour remise en question par les événements sur le terrain.

Si les sources gouvernementales se gardent bien de faire le lien ouvertement, la récente découverte d’une cellule salafiste proche d’el-Qaëda au sein de l’armée montre à quel point le tissu social libanais est tributaire de la situation en Syrie.

La réapparition en force des Frères musulmans en Syrie, après leur arrivée au pouvoir en Égypte et en Tunisie, a donné un nouvel élan à la mouvance islamique au Liban, à travers d’abord la Jamaa islamiya qui devient soudainement un acteur important au Nord, mais aussi avec l’émergence de celui qu’on appelle désormais le phénomène cheikh Assir, ainsi que la présence de plus en plus visible de discours salafistes tolérés par le courant du Futur et les autres groupes sunnites, tant le sentiment que la tendance islamiste a le vent en poupe est grand.

Toutefois, l’infiltration de l’armée par une mouvance salafiste proche d’el-Qaëda est d’une grande gravité, la troupe étant considérée comme le filet de sécurité du Liban et la garantie de la stabilité, face aux multiples forces internes qui jouent constamment avec le feu et ne se soucient que de leur popularité au sein de leur communauté, sans tenir compte des autres composantes du pays.

Si, pour l’instant, « la cellule salafiste » de l’armée se résume à deux sous-officiers liés à des islamistes de Aïn el-Héloué et ailleurs, il n’en demeure pas moins qu’elle constitue le début d’un processus qui pourrait s’amplifier et constituer une menace réelle pour la troupe. Le commandant en chef de l’armée ne s’y est pas trompé, ayant immédiatement adressé un message aux soldats pour leur rappeler les principes de coexistence et de tolérance sur lesquels sont basés le Liban et son armée nationale.

Ce nouveau développement vient s’ajouter aux pressions contradictoires exercées par, d’une part, la communauté internationale et ses alliés arabes, et, d’autre part, par le régime syrien et ses alliés au gouvernement. Le Premier ministre Nagib Mikati en a touché un mot hier au cours d’une conversation à bâtons rompus avec les journalistes accrédités au Sérail, déclarant que son souci premier est de servir l’intérêt du Liban.

Cette déclaration semble ainsi confirmer les informations ayant circulé sur la teneur de son dernier entretien plutôt froid et sec avec l’ambassadeur de Syrie au Liban, Ali Abdel Karim Ali. Ce dernier aurait notamment transmis à son interlocuteur libanais le mécontentement des autorités qu’il représente au sujet du « laxisme » officiel libanais à la frontière avec la Syrie. Ali aurait ainsi affirmé à son interlocuteur que le régime syrien comprend très bien la politique officielle libanaise visant à rester à l’écart des développements en Syrie, mais cela ne signifie pas que cette politique doit nuire aux intérêts du régime syrien. Celui-ci comprend ainsi la volonté officielle libanaise de laisser ceux qui le souhaitent exprimer leur hostilité au régime et même organiser des manifestations dans ce but, mais le fait de permettre la libre circulation des armes et des combattants (notamment les déserteurs de l’armée syrienne) à la frontière libanaise est une autre affaire. Ali aurait aussi clairement déclaré que le Liban ne doit pas devenir une base d’action contre le régime syrien, alors que de nombreux indices montrent que certaines zones au Nord et dans la Békaa sont en train d’abriter des opposants syriens, ouvertement pris en charge par des parties libanaises.

En même temps, le Premier ministre a reçu les « conseils amicaux » de l’ambassadrice des États-Unis qui demandait au Liban d’assurer la protection des opposants syriens tout en leur donnant une liberté d’action sur son territoire. Cette demande a été relayée par d’autres chancelleries occidentales.

Face à ces demandes contradictoires, le Liban officiel a du mal à trouver une issue acceptable, en sachant que plus la situation en Syrie s’aggrave et plus les pressions se feront plus dures sur lui.

Il est ainsi de plus en plus clair qu’avec la fermeture de la frontière jordanienne avec la Syrie, le recul de la Turquie – qui ne peut plus se permettre d’aller plus en avant dans l’hostilité au régime syrien avec les troubles internes qui commencent à se préciser, notamment la première manifestation contre la politique d’Erdogan à Antioche, le mécontentement des alaouites non arabes et le retour des actions du PKK dans la zone kurde de Turquie –, et enfin le manque d’enthousiasme de l’Irak à aider l’opposition syrienne, il ne reste plus que le Liban pour servir de base arrière à l’opposition.

L’idée de créer des passages humanitaires sécurisés entre le Liban et la Syrie a d’ailleurs été ouvertement évoquée par les diplomates occidentaux avec les officiels libanais. Si, dans un premier temps, les diplomates ont parfaitement compris la position du Liban, ils cherchent maintenant à revenir à la charge faute d’avoir trouvé d’autres possibilités.

Les déclarations occidentales répétées sur les craintes d’une incidence négative de la situation en Syrie sur le Liban seraient en fait destinées à maintenir la pression, et le Liban officiel n’est pas dans une position confortable. Il ne lui reste plus qu’à souhaiter une issue rapide à la crise syrienne, même si cela ressemble fort à un vœu pieux.

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