Liban : Démission du ministre du Travail Dr Charbel Nahas
Posted by jeunempl sur février 21, 2012
Le ministre du Travail, le Dr Charbel Nahas, a décidé de remettre sa démission au chef du bloc du Changement et de la Réforme, le général Michel Aoun qui l’a à son tour transmise au chef du gouvernement. Conformément à ses convictions, le ministre Nahas s’oppose à la signature d’un décret illégal fixant les allocations de transport tout en les séparant du salaire minimum, et de facto la part de sécurité sociale qui en était liée. Ce décret était par ailleurs destiné à être aussitôt rejeté par le conseil d’état comme le furent les précédents. Par l’intermédiaire du chef du parlement Nabih Berry, un accord politique avait été trouvé entre le premier ministre Mikati et le bloc du Changement et de la Réforme sur un processus de règlement de la crise, passant par l’élaboration d’une loi légalisant et autorisant le gouvernement à fixer les indemnités de transport des salariés. Par la suite, le ministre devait signer ce décret alors légalisé.
Cette décision est un coup dur pour la société civile qui perd là son ambassadeur le plus actif au sein de ce gouvernement. Le Dr Charbel Nahas est à l’origine de plusieurs réformes d’envergure, d’abord au ministère des Télécommunications de décembre 2009 à juin 2011, puis au ministère du Travail de juin 2011 à février 2012. Il s’était distingué dernièrement en faisant avancer un dossier important, celui du droit des femmes libanaises à transmettre leur nationalité. Voici un lien vers ses accomplissements en tant que ministre:
1. Les réformes du Dr Charbel Nahas au sein du Ministère des Télécoms
2. Les réformes du Dr Charbel Nahas au sein du Ministère du Travail
Aoun : « C’est au gouvernement de gérer la démission de Nahas »
(L’Orientle Jour)
Le ministre libanais du Travail, Charbel Nahas, a remis sa démission aujourd’hui au député Michel Aoun, a annoncé la Voix du Liban (100.5). Lequel Michel Aoun l’étudierait.
Le ministre Nahas était au coeur d’un bras de fer l’opposant au Premier ministre Nagib Mikati, autour d’un décret sur les indemnités de transport. Un décret adopté par le Conseil des ministres mais que le ministre Nahas, membre du bloc du Changement et de la Réforme, refusait de signer, le jugeant « illégal ».
Le chef du Courant patriotique libre (CPL) Michel Aoun a commenté mardi la démission du ministre du Travail Charbel Nahas, qui appartient à son bloc, se disant « surpris » de la tournure prise par les événements concernant la crise gouvernementale.
« Nous avons soutenu dès le départ, le refus de M. Nahas de signer le décret concernant les indemnités de transport », a affirmé M. Aoun à l’issue de la réunion du Bloc du Changement et de la Réforme à Rabieh. « Nous nous étions mis d’accord avec le chef du Parlement Nabih Berry et le Premier ministre Nagib Mikati pour étudier un projet de loi concernant cette affaire lors de la prochaine séance parlementaire » prévue demain, a-t-il poursuivi, assurant que son bloc continuera de gérer la question des salaires de façon « légale ». « Nous apprécions les efforts de M. Nahas, bien que nous ayons eu des différends internes », a-t-il affirmé. « J’ai reçu la démission du ministre du Travail, mais c’est au gouvernement de gérer cette affaire », a-t-il conclu.
Ce matin, le ministre du Travail a informé Michel Aoun de son intention de démissionner. M. Nahas n’a pas remis sa démission au Premier ministre Nagib Mikati.
Après l’approbation par le Conseil des ministres, en janvier dernier, du décret relatif au réajustement des salaires, le décret portant sur les allocations de transport constituait toujours un point de discorde au sein du gouvernement. Charbel Nahas refusait de signer ce décret « illégal », selon lui, en dépit du fait que le décret en question a été approuvé en Conseil des ministres. Le Premier ministre, lui, estimait que M. Nahas devait se conformer à la décision prise en Conseil des ministres et signer le décret.
Depuis, un bras de fer opposait le ministre aouniste au chef du gouvernement. La crise gouvernementale s’est encore aggravée le 1er février, après la décision du chef de gouvernement de geler sine die les réunions du Conseil des ministres, sur fond de conflit avec les ministres aounistes mais sur un autre dossier, celui des nominations administratives.
Dimanche, le ministre de l’Intérieur, Marwan Charbel, avait assuré que le ministre du Travail signerait lundi le décret sur les indemnités de transport. M. Charbel avait souligné la nécessité de trouver une issue à cette crise « afin de pouvoir dire aux Libanais que c’est la loi et la Constitution qui règnent ».
Hier, des sources proches du président du Parlement avaient indiqué que Nabih Berry était optimiste concernant un règlement de la crise gouvernementale. Selon ces sources, Charbel Nahas devait signer le décret sur les indemnités de transport avant (note du MPLBelgique.org: il était prévu que cette signature se fasse après la légalisation et non avant, mais le tandem Mikati-Sleiman en a décidé autrement en imposant la tenue d’une séance gouvernementale avant la réunion parlementaire) la tenue d’une session parlementaire ce mercredi. Ce qui, selon ces mêmes sources, devait permettre au Parlement de voter ce décret puis au Conseil des ministres de l’adjoindre au décret sur le réajustement des salaires.
La presse (note du MPLBelgique: la presse proche du clan Hariri) avait également rapporté que Nagib Mikati avait proposé cinq options pour sortir de la crise.
Selon la première option, le ministre Nahas signait le décret. Selon la deuxième, le ministre du Travail partait quelque temps à l’étranger pour laisser à Nicolas Fattouche, qui assure l’intérim en cas d’absence du ministre du Travail, le soin de signer le décret.
Selon la troisième option, Nagib Mikati décidait de remanier le gouvernement.
Selon la quatrième, Charbel Nahas démissionnait.
La dernière option était la conséquence du rejet des quatre précédentes, à savoir : Nagib Mikati jetait l’éponge.
Le président libanais Michel Sleiman a été le premier à réagir sur la décision du ministre du Travail en déclarant que la démission de Charbel Nahhas, si elle est confirmée, est « normale, (…) (allant) dans la bonne direction » (…) et « conforme à la Constitution », rapportent la chaîne de télévision MTV et la radio la Voix du Liban.
De son côté, l’ancien ministre Mario Aoun, membre du CPL, a déclaré à la radio VDL que la démission de Nahas était « définitive » et que « cette décision était nécessaire et conforme aux convictions de Nahas ».
La Confédération générale des travailleurs du Liban (Note du MPLBelgique.org: la CGTL est une organisation politisée et corrompue) a, par ailleurs, porté plainte contre le ministère du Travail auprès du directeur général de l’Organisation internationale du Travail (OIT) Khuan Somafia pour « violation du code international du travail et de la loi libanaise et des droits accordés au ministère par le gouvernement en ce qui concerne les négociations tripartites, la liberté syndicale et la définition des salaires ».
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