Mohammad el-Hout prolonge inutilement « pour l’exemple » la crise de la MEA
Posted by jeunempl sur décembre 3, 2011
(Fady Noun – L’Orient le Jour)
L’intransigeance du PDG de la MEA, Mohammad el-Hout, a fait échouer hier une médiation du ministre du Travail, Charbel Nahas. Les pilotes prêts à reprendre le travail en échange de la levée des sanctions.
« Il y a quelque chose de pourri au royaume du Danemark », fait dire Shakespeare à son héros Hamlet. C’est un peu aussi le cas au Liban. Sous la pression des événements, les institutions se disloquent et les esprits se détraquent.
Pour faire pièce au syndicat des pilotes qui a procédé à une escalade sans précédent en paralysant 60 % des vols, le PDG de la MEA, Mohammad el-Hout, a décidé de pénaliser les grévistes en leur retenant 5 jours de paie, jusqu’au remboursement total des pertes que leur mouvement sauvage a fait subir à la compagnie.
Ces pertes n’ont pas encore été estimées, a affirmé hier le PDG de la compagnie à L’Orient-Le Jour, tout en assurant que la pénalité qu’il a décidé d’imposer aux pilotes en grève est conforme au code du travail.
Sauf qu’elle n’a pratiquement jamais été appliquée en raison de sa rigueur.
On en était là, hier soir, au terme d’une journée de négociations, sous l’égide du ministre du Travail, Charbel Nahas. Ce dernier a proposé aux deux parties en conflit un compromis : le retour au travail, en échange de la levée de toutes les sanctions décidées par M. el-Hout. Les pilotes ont accepté. Intransigeant, et soucieux d’infliger une leçon aux pilotes, prêts à retourner au travail, le PDG de la MEA a refusé.
Échec de la médiation de Aridi
Plus tôt dans la journée, une autre médiation, celle de M. Ghazi Aridi, ministre des TP, avait échoué. M. el-Hout avait annoncé en effet qu’à la demande de M. Aridi, « un ami de la compagnie », il avait accepté de différer de quelques jours les lettres de licenciement qu’il avait décidé d’adresser à certains pilotes en grève. Mais, avait-il ajouté, les retenues de salaires seront maintenues.
Parallèlement, Mohammad el-Hout a renforcé hier ses mesures punitives à l’encontre des grévistes et a publié une circulaire interdisant l’accès du siège central de la compagnie à 21 pilotes, une mesure qui a soulevé l’indignation de ces derniers.
Des torts partagés, selon Aoun
Interrogé par L’Orient-Le Jour, M. el-Hout a fait valoir que la rigueur exceptionnelle des sanctions est à la mesure du mouvement de grève sauvage absolument sans précédent des pilotes. Il a précisé que les procédures habituelles, en cas de crise de travail, ont été bafouées et qu’il n’y a eu aucune demande de médiation, aucune grève d’avertissement, comme les pilotes ont l’habitude de le faire.
« En 14 ans de carrière, je n’ai jamais vu un mouvement de grève aussi radical et pour une cause aussi futile », a-t-il dit, déplorant le fait que les pilotes n’aient pas pris la mesure des pertes économiques et le dommage moral infligés à la compagnie.
Les pilotes avaient lancé leur mouvement pour protester contre le licenciement d’un collègue malade du cancer, renvoyé dès son départ en congé maladie. Toutefois, selon M. Nahas, cette cause juste leur avait offert l’occasion de présenter d’autres revendications touchant au contrat de travail et aux congés annuels pour les pilotes durant leur première année de travail, etc.,
M. Nahas n’a pas manqué hier de reprocher à la direction de la compagnie la dureté de ses positions, tout en déplorant l’inconscience avec laquelle les pilotes ont compromis la marche du travail dans une institution du calibre de la MEA.
Le général Michel Aoun, chef du bloc parlementaire dont fait partie le ministre du Travail, a jugé hier que « les torts sont partagés » et a lancé un appel au bon sens.
Si tout reste en l’état, les vols suivants seulement seront assurés demain : deux vols pour Paris ainsi que les vols pour Londres, Istanbul, Bagdad, Doha, Abou Dhabi, Dubaï, Koweït et Irbil. Pour tout renseignement, les clients de la compagnie sont priés d’appeler le 01/629999.
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