Mouvement pour le Liban

Représentant le Courant Patriotique Libre en Belgique

Bruit de bottes au Moyen-Orient : La guerre totale se rapproche

Posted by jeunempl sur novembre 17, 2011

L’Hebdo Magazine – Propos recueillis par W.R.

Les masques sont tombés et les gants sont rangés. La confrontation entre les Etats-Unis et leurs alliés arabes et européens d’un côté, la Syrie, l’Iran et leurs amis de l’autre, a lieu sur tous les fronts et par tous les moyens. Ce bras de fer risque d’atteindre un point de non retour et se terminer par une guerre totale. Voilà pourquoi.

Au moment où l’Iran tentait de faire oublier les accusations graves portées contre elle, pour son implication présumée dans une tentative d’assassinat de l’ambassadeur d’Arabie saoudite à Washington, Adel al-Jobeir, un autre dossier est propulsé au devant de la scène: un programme nucléaire qui ne serait pas aussi pacifique. Avant même que le rapport de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) ne soit présenté officiellement à l’Onu, les responsables américains et israéliens avaient menacé Téhéran d’une frappe militaire. Réponse du berger à la bergère, les généraux iraniens et le Guide suprême répliquent que, si les installations nucléaires iraniennes étaient visées, Israël serait simplement rasé de la carte! Cette escalade a fait trembler la région, d’autant que l’on n’évoque plus un conflit limité mais une guerre totale et dévastatrice. Car l’Iran n’est pas la Libye, l’Afghanistan ou même l’Irak de Saddam Hussein. Le pays s’est doté, ces quinze dernières années, d’une armée puissante, équipée de milliers de missiles de longue et moyenne portées, ainsi que d’une force aérienne et navale non négligeable.
C’est justement cette réalité qui rassure les observateurs, car attaquer l’Iran militairement serait suicidaire pour l’Etat hébreu. Mais si cela est vrai, quelles sont les raisons de cette escalade verbale sans précédent? La réponse semble simple: les Américains souhaitent durcir substantiellement les sanctions économiques et politiques imposées à la République islamique et désirent voir le Conseil de sécurité adopter une résolution à ce sujet. Or, les deux principaux partenaires de Téhéran: Pékin et Moscou, ne voient pas les choses du même œil, d’où le chantage livré par l’Administration Obama au deux puissances: choisir entre les sanctions économiques et l’attaque militaire.

De graves répercussions

Quelles pourraient être les répercussions d’une frappe contre Téhéran? D’abord, l’Iran, grand exportateur de pétrole avec plus de 4 millions de barils par jour, a fait savoir que ses missiles frapperaient Israël et tous les Etats de la région alliés de Washington. Ainsi, le Koweït, le Qatar, les Emirats arabes unis et l’Arabie saoudite seront des cibles prioritaires, sachant qu’avec l’Iran, ils produisent 80% du pétrole mondial. Ce scénario catastrophe fera exploser le prix du baril et mènera à l’effondrement de l’économie mondiale. Or l’économie de l’Europe, du Japon et des Etats-Unis vont mal et il est difficile d’envisager comment l’Italie, l’Espagne ou le Portugal, au bord de la faillite, pourraient contribuer financièrement à une guerre dont le coût se chiffrera à des centaines de milliards de dollars.

Les Américains, qui devraient évacuer l’Irak voisin avant la fin de l’année, ont conclu un accord avec le gouvernement koweïtien après cette montée de la tension, prévoyant le maintien de 4 000 GIs aux portes de l’Irak. Le Pentagone a, de même, annoncé avoir donné son feu vert pour la vente de 5 000 bombes ultrasophistiquées aux Emirats arabes unis, censées doter ce pays d’une puissance de frappe face à l’Iran. En période de crise, les industries de l’armement prospèrent, une aubaine pour des économies haletante!

L’attitude des Américains a gêné les alliés européens et le gouvernement israélien, qui espéraient voir l’Oncle Sam planifier une guerre contre la Syrie et l’Iran. Mais l’Administration Obama, qui se prépare pour les élections présidentielles, ne compte guère se jeter dans un nouveau bourbier, surtout que la décision de participer à la guerre de Libye a été prise par la Maison-Blanche du bout des lèvres et avec le minimum de risques possibles.

L’isolement de la Syrie

En parallèle à ces développements alarmants, un autre événement est survenu au centre de l’actualité: la décision de la Ligue arabe de mettre le régime syrien sur la touche. Or, la Ligue n’avait jamais pris une telle décision, assortie d’un appel solennel à l’armée syrienne de ne pas obéir aux ordres de son gouvernement, même dans des périodes charnières de l’histoire des Arabes. Une journaliste libanaise présente au Caire le jour de la réunion des ministres des Affaires étrangères, le 12 novembre, explique à Magazine que personne ne s’attendait à une décision d’une telle sévérité. «A travers les contacts que j’ai eus avec plusieurs délégations arabes, il semblait que la plupart des pays membres préféraient former un nouveau comité, qui aurait pour mission de visiter Damas et lancer un ultime avertissement au président Assad, affirme la journaliste. Mais les délégations qataries et saoudiennes ont exercé des pressions énormes, surtout sur l’Algérie et le Soudan très réticents. Elles ont finalement obtenu gain de cause. D’ailleurs, quand la conférence de presse du ministre Hamad Ben Jassem et du secrétaire général Nabil al-Arabi a commencé, personne ne s’attendait à ce que la Ligue prenne des décisions aussi fermes. Ce fut la surprise générale dans la salle».

Une surprise bien préparée

Cette surprise avait pourtant été bien préparée entre les capitales du Golfe et les centres du pouvoir en Europe et aux Etats-Unis. Car, tout comme les pressions sur l’Iran devaient s’accélérer, aucun répit ne devrait être donné à Damas. Voilà pourquoi l’Autorité palestinienne avait cédé son droit de présider les réunions ministérielles arabes au Qatar, bien qu’Abou Mazen se préparait à s’adresser aux Nations unies pour réclamer l’adhésion complète. Cette position de force a permis à cheikh Hamad Ben Jassem de faire plier Nabil al-Arabi, quant à la proposition qatarie qui a été adoptée par le conseil ministériel sans discussion. Devant les protestations du ministre algérien des Affaires étrangères, Mourad Medelci, cheikh Hamad a rétorqué: «Si vous vous opposez à nous, votre tour viendra bientôt». Le ministre russe des Affaires étrangères n’a d’ailleurs pas mâché ses mots en accusant un pays arabe de ne pas vouloir trouver de solution en Syrie. Selon Serguei Lavrov, «ce pays veut imposer son propre agenda et sabote toute tentative entreprise de résoudre le problème pacifiquement».

L’«axe de la Résistance» a désormais le dos au mur. Il s’agit d’un retournement de situation digne d’un film Hitchcockien, car quelques mois auparavant, ce même axe pensait avoir pris un avantage décisif sur les «suppôts de l’Occident». Les milieux proches de la Syrie et de l’Iran, rappelaient sans se lasser les victoires de juillet 2006 au Liban et de Gaza en décembre 2008-janvier 2009. Le président Bachar el-Assad n’avait-il pas annoncé dans sa fameuse entrevue avec le Wall Street Journal, quelques jours après la chute de Moubarak et quelques semaines après la fuite de Ben Ali, que les alliés de Washington au Moyen-Orient étaient hors jeu? Les «demi-hommes», dénigrés par le président syrien au lendemain de la guerre de juillet 2006, prennent leur revanche, non seulement des dix années du mandat d’Assad-fils, mais de cinquante ans du règne du Baas.

En fait, le monde musulman et le monde arabe sont divisés, depuis les années 50, entre deux blocs qui se détestent et se battent sans relâche. C’est, dans ce cadre, que l’on peut comprendre ce qui sépare Damas et Doha et qui oppose Téhéran et Riyad. Le premier front brandit les slogans de la lutte contre l’impérialisme et le colonialisme, tandis que le second affirme défendre les intérêts de la nation arabe contre les ingérences perses et le danger chiite. D’ailleurs, le roi Abdallah de Jordanie avait clairement exprimé son inquiétude face à la montée de ce qu’il avait appelé le «croissant chiite», il y a 5 ans. Ce même Abdallah a, récemment, franchi un pas en devenant le premier leader arabe à demander publiquement au président syrien de quitter le pouvoir. Mais le dilemme, auquel font face les pro-américains, est le suivant: au cas où la guerre est déclarée contre Téhéran et Damas, quelle armée mènera la danse? Les armées arabes alliées à Washington ne sont pas à la hauteur d’un tel défi, alors que la Turquie ne peut jouer ce rôle à elle seule, ceci nécessiterait une intervention directe de la part des Américains ou de l’Otan, ce qui n’est pas près d’arriver. Reste Israël qui, à travers son président Shimon Peres, a été le premier pays à battre les tambours de guerre. Dans ce cas, la frappe militaire sera limitée à des raids aériens qui ne peuvent pas neutraliser complètement la riposte syrienne et iranienne. Ceci démontre que sans la participation américaine, Ankara et Tel-Aviv ne sont pas en mesure d’agir unilatéralement, et vue la position de l’Administration Obama, il semble que cette éventualité soit peu probable.

L’«axe de la Résistance» a perdu ces derniers mois des soutiens de taille, tel ceux du Soudan, de l’Algérie et même de la Libye. Mais l’Iran et ses alliés détiennent encore des cartes, notamment le soutien de Moscou et de Pékin, sans oublier le poids important du Hezbollah et du Hamas. De plus, l’Occident n’est pas parvenu à diviser «l’axe du mal» en séparant Damas de Téhéran. Reste que les efforts déployés ces derniers mois par le Qatar semblent avoir influencé le Hamas, qui s’éloigne de plus en plus de ses anciens amis.

Embrasement régional

Face à ces menaces grandissantes, le Guide de la révolution iranienne, le président syrien et le secrétaire général du Hezbollah, ont clairement annoncé qu’au cas où une attaque est lancée contre l’Iran ou la Syrie, la région entière s’embrasera. D’ailleurs, la réaction de Youssef Ahmad, ambassadeur syrien à la Ligue arabe à la fin de la réunion du Caire, quand il qualifia le Premier ministre qatari d’agent et de traître, et les attaques contre les représentations diplomatiques d’Arabie saoudite, de Turquie et de France, démontrent que le régime baasiste est plus que déstabilisé. Ankara envisage désormais l’établissement d’une zone tampon à l’intérieur du territoire syrien pour permettre à «l’Armée libre syrienne» d’opérer avec impunité, un scénario catastrophe pour Damas. Dans ces conditions, l’«axe de la Résistance» devra compter plus que jamais sur l’Iran, devenu le principal moteur de l’action commune, bien que le ministre des Affaires estrangères syrien, Walid al-Moallem, a tenté de calmer le jeu, en assurant que Damas était toujours attachée à l’action arabe et a présenté ses excuses pour les attaques contre les missions diplomatiques étrangères. Damas, qui avait appelé au lendemain de la réunion de la Ligue à la tenue d’un sommet arabe urgent, a vu sa requête rejetée 48 heures plus tard par le Conseil de Coopération du Golfe, qui l’a jugé inutile!

Les Américains et leurs alliés arabes, européens et turcs, ont réussi, en quelques mois, à retourner la situation en leur faveur. Mais la partie est loin d’être terminée dans une région imprévisible et connue pour ses rebondissements. Une seule vérité est sûre: l’hiver sera très chaud dans cette partie du monde. Walid Raad

Histoire du nucléaire iranien

Le programme nucléaire iranien a été mis en place sous le règne du Chah qui considérait son pays comme une superpuissance. Dans les années 60, il s’engage dans des négociations secrètes avec la France, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis pour construire vingt réacteurs nucléaires supposés fournir l’Iran en électricité. Face à l’opposition de Washington, Reza Pahlavi créa un programme nucléaire secret dans les années 60, sans en informer ses protecteurs occidentaux. Cette version des faits, avancée par les Américains, est réfutée par la République islamique qui assure que ce sont les experts américains qui avaient aidé le Chah à construire son programme inachevé.

Les religieux iraniens arrêtent toutes les activités nucléaires en 1979, car selon eux, l’arme atomique était contraire à l’islam. Mais trois ans plus tard, à cause de la guerre qui faisait rage avec l’Irak, l’Ayatollah Khomeiny change de priorité et donne son feu vert à la construction du réacteur de Bouchehr par des scientifiques russes, bien que les travaux furent d’abord entrepris en 1975 par une compagnie allemande. Le réacteur est entré en action en grande pompe pour la première fois en septembre 2011, après avoir été relié au réseau d’électricité iranien. Durant les années 80, le site fut attaqué à deux reprises par les chasseurs irakiens. En 1995, la Russie de Boris Eltsine, au bord du gouffre, accepte de compléter le projet pour un coût tenu secret.

Guerres secrètes

Quelques heures après l’annonce par les autorités bahreïnies du démantèlement d’une cellule pro-iranienne financée par des richissimes hommes d’affaires chiites koweïtiens, les autorités iraniennes arrêtaient à leur tour deux citoyens koweïiens accusés d’espionnage. Ces deux dernières années, les bahreïnis ont déjà prétendu avoir démantelé quatre cellules pro-iraniennes. Alors que les Iraniens ont qualifié ces accusations de ridicules, les Koweïtiens, eux, ont réagi violemment en convoquant d’urgence l’ambassadeur d’Iran.

Presque au même moment, une explosion importante retentissait dans une caserne des Gardiens de la Révolution au sud-ouest de Téhéran, tuant dix-sept personnes, dont le général Hassan Tehrani Moqaddam, responsable du programme balistique. Quelques heures plus tard, le bureau de Mohsen Rezaei, l’ancien chef des Gardiens et le secrétaire général du Conseil de Discernement de l’Intérêt Supérieur du Régime, annonçait la mort suspecte de son fils Ahmad dans un hôtel de Dubaï.

3 question à Lurdes Vidal

Entrevue avec Lurdes Vidal, directrice du Département du Monde Arabe et de la Méditerranée à l’Institut Européen de la Méditerranée, un think tank basé à Barcelone (www.iemed.org).

Quel serait le meilleur scénario pour mettre fin au bain de sang en Syrie?

Il n’y a pas de doute que la décision de mettre fin au bain de sang réside entre les mains du président syrien. Les agents qui pratiquent la violence sont des membres de l’armée et des milices pro-gouvernementales, étant donné que les protestations populaires étaient en grande partie pacifiques. Voilà pourquoi le régime doit cesser la violence pour sortir de cette crise. Mais pour cela, il faut qu’il abandonne les fausses promesses qui n’ont plus aucune crédibilité au sein de la population.

Quelle est votre analyse des dernières sanctions adoptées par la Ligue arabe contre le régime syrien?

Ces sanctions signifient clairement que le régime n’est plus crédible sur le plan international et régional, puisque quelques semaines auparavant, un accord avait été conclu avec ce régime, prévoyant entre autres le retrait de l’armée des villes syriennes, la libération des prisonniers politiques et l’ouverture d’un dialogue avec l’opposition. Mais en réalité, sur le terrain, la répression a continué. Ainsi, la dernière décision arabe qui était encouragée par Qatar, démontre que le régime actuel ne survivra pas très longtemps. Il faut noter que Qatar joue un rôle de plus en plus prépondérant sur le plan régional. Il est vrai que les Etats-Unis ont aussi exercé des pressions sur la Ligue, mais si le régime Assad avait respecté l’accord, il aurait évité toutes ces sanctions.

Le Liban, sera-t-il affecté au cas d’une escalade militaire en Syrie?

La grande influence de Damas sur son voisin libanais rend la situation très vulnérable au Liban. En fait, on pourrait même dire que le Liban fait face à une instabilité à cause des événements en Syrie. Cette situation est inévitable puisque ce pays a toujours souffert des effets des conflits qui se produisent autour de lui.

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