Mouvement pour le Liban

Représentant le Courant Patriotique Libre en Belgique

Les jeunes Libanais laïquent it

Posted by dodzi sur septembre 11, 2011

El Watan

Par Antonino Galofaro

Pendant que leurs voisins syriens manifestent malgré une sanglante répression, les jeunes Libanais se battent pour que la religion n’ait plus son mot à dire en politique. Un vieux combat auquel le printemps arabe a donné un nouveau souffle.

Ras-le-bol du système confessionnel. Au Liban, la politique est fondée sur l’appartenance religieuse. Un système que dénonce Ali Fakhry. Attablé à un café, sur la rue Hamra, l’une des plus animées de Beyrouth, le jeune militant tente une explication de la politique libanaise, malgré sa voix grave couverte par les nombreux klaxons. Le siège du Parlement se divise donc entre confessions : une partie pour les chrétiens, l’autre pour les musulmans. Il passe sa main dans sa barbe, s’arrête et réfléchit. Mais non, il ne se rappelle pas du nombre de sièges attribué à chaque religion. Peu importe, c’est tout le système qu’il remet en cause : «Il s’agit d’une situation dans laquelle les partis politiques qui nous gouvernent ne font que se battre pour le pouvoir. Au nom de la religion, mais sous le couvert de la Constitution civile.» Et ça, ça l’irrite. Que le président libanais doive «obligatoirement» être chrétien maronite, ça l’irrite – «Et si moi, je voulais devenir président ?». Que le Premier ministre doive «obligatoirement» être musulman sunnite, ça l’irrite.

Appel sur Facebook

Pire, pour le jeune homme engagé en politique, la religion n’est qu’un prétexte pour mieux les contrôler, lui et les autres Libanais. «Ce système nous divise selon notre confession. Quand tu divises les Libanais, quand tu ne leur donnes par leurs droits devant la Constitution ou la loi civile, ça devient plus facile pour ces sectes religieuses de nous contrôler.» «Sectes» religieuses ou politiques, du pareil au même pour Ali Fakhry. «Dans les entreprises de l’Etat, il y a des quotas.» Comme Ali Fakhry, Yalda Younes se bat pour que politique rime avec laïcité et non plus religion. Elle a lancé en 2009, avec quatre amis, un appel sur facebook : la Laïque Pride. Une marche organisée chaque année autour du mois d’avril. Lors de la dernière, 3000 personnes se sont mobilisées à Beyrouth. Ce qu’elle dénonce, ce sont surtout les inégalités qui découlent du système confessionnel. Elle reprend : «Dans ces entreprises, quand tu présentes ta candidature, tu n’es pas choisi en fonction de tes compétences, mais selon ta religion. On dit : “Tiens, ici, il faut un sunnite. Ici, il faut équilibrer, il faut un chiite.” Ça marche au piston.» A l’initiative de la Laïque Pride, le mouvement contestataire descend dans la rue en 2010. Cette année, la mobilisation a connu un nouveau souffle grâce au printemps arabe. «Je pense que les révolutions arabes ont confirmé une chose : c’est aux petits “pions” de porter le changement, explique Yalda Younes. Et c’est ce qu’il manquait au Liban. Les révolutions dans les pays arabes nous ont redonné confiance. C’était comme un shoot d’adrénaline : ça y est, on peut le faire !»

Supermarchés religieux

Ali Fakhry est plus pessimiste. Pour lui, la lutte sera plus difficile : «La différence entre nous et la Tunisie, l’Egypte, le Yémen ou encore le Bahreïn, c’est qu’ils n’ont qu’un dictateur. Au Liban, nous avons des centaines de dictateurs. Nous avons tous ces présidents de régions, de partis politiques. Nous avons aussi ce que nous appelons les supermarchés religieux, qui vendent la religion au nom de la Constitution.» A savoir, ces «sectes religieuses au pouvoir» qu’il dénonce. Ali Fakhry ne cesse de le répéter, tout comme Yalda Younes d’ailleurs : ils ne se battent pas contre la religion, mais dénoncent son utilisation en politique. Un combat d’ailleurs au-delà de la religion, tant il unit les diverses confessions qui «font la richesse du Liban», s’enthousiasme Yalda Younes. Un enthousiasme que l’on retrouve chez Ali Fakhry : «La jeunesse libanaise se mobilise enfin pour détruire cette mentalité politique qui sévit depuis des centaines d’années. Et pour la première fois, vous voyez des musulmans et des chrétiens dans le même combat contre le système politique confessionnel.»

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