Visite d’Ahmadinejad: La folie occidentale
Posted by jeunempl sur octobre 12, 2010
La visite prochaine d’Ahmadinejad au Liban suscite soubresauts et convulsions, dans l’axe des Us-raélien et leurs alliés. Ce déplacement intervient sur fond de tension. D’une part la question du nucléaire iranien est à l’origine d’un grand remue-ménage international, de l’autre il y a l’éventuelle incrimination du Hezbollah, dans l’enquête sur l’assassinat de Hariri. Des observateurs vont jusqu’à soutenir que cette visite est un feu vert, à un coup d’état militaire de la Résistance libanaise.
La venue du Président iranien au Liban est devenue le sujet le plus controversé de ces dernières semaines. Elle nourrit les spéculations les plus pessimistes. La secrétaire d’Etat américaine, Hillary Clinton, mettait en garde la semaine dernière, contre «une visite qui pourrait saper la souveraineté nationale du Liban. Les Israéliens qui versent comme de coutume dans la théorie du complot par l’axe du mal, évoquent la thèse d’un coup d’Etat du Hezbollah, fomenté de concert par Téhéran et Damas. Quant aux Européens, ils voient d’un mauvais œil une visite qui «renforcera le front contre Israël».
Mauvaise foi et langue de bois
En résumé, les Etats-Unis représentants de Dieu sur terre, se font le relais des positions du gouvernement sioniste. Les Américains, premiers à s’immiscer dans les affaires internes du Liban et à dicter une conduite politique, qui exacerbe les clivages communautaires, s’érigent en garants de la souveraineté nationale. Israël, Etat colonisateur et oppresseur, qui occupe illégalement les territoires palestiniens et soumet la population à un régime d’apartheid, a l’audace de donner des conseils aux autorités libanaises. La visite d’Ahmadinejad aurait pour finalité, d’intimider et d’humilier le Premier ministre libanais, afin de le contraindre à dissoudre le TSL, qui doit mettre en accusation le parti de Dieu. La folie n’a pas encore atteint son paroxysme. Les Européens remuent également ciel et terre, pour dénoncer cette visite considérée comme une provocation à l’encontre d’Israël. L’Union européenne avec un rôle politique limité, qui n’a plus aucune stratégie visible au Moyen-Orient, et contrainte de mendier une place dans les négociations directes, s’inquiète de la venue d’Ahmadinejad. L’hypocrisie générale est en train d’atteindre des proportions démesurées ; rien de surprenant étant donné la tournure dramatique que prennent les pourparlers directs israélo-palestiniens. Pourquoi ne pas commencer dès maintenant à manipuler l’opinion, instrumentaliser les différends en accusant le Hezbollah de coup d’Etat. Ce serait alors une entreprise facile, pour faire plonger le pays dans le chaos. A l’heure actuelle, il y a consensus parmi la classe dirigeante, pour accueillir le Président iranien et reconnaître que cette décision relève de la souveraineté libanaise. Cependant, brandir la thèse d’une visite intimidante, qui menace le Premier ministre libanais, permettrait demain de précipiter le pays dans une guerre civile. A l’évidence, les Us-raéliens disposent d’un mois, pour trouver une échappatoire, à l’échec quasi inéluctable des pourparlers directs. Netanyahu a annoncé hier, qu’il était prêt à proroger le moratoire sur le gel des colonies, en échange de la reconnaissance officielle de l’Etat d’Israël comme Etat juif. Il ne serait pas surprenant que la ligue arabe et à sa tête l’Arabie saoudite, la Jordanie et l’Egypte concluent ce marché de dupe. Mais cela nécessitera, pour faire accepter et appliquer cette décision, de déclencher un conflit intercommunautaire au Liban, suffisamment sanglant pour détourner l’attention du monde, de la conclusion du contrat de vente de la Palestine. La visite d’Ahmadinejad et les accusations infondées sur les intentions du Hezbollah, doivent rendre possible l’exécution de ce scénario. Ahmadinejad désigne à lui seul l’axe du mal dans les consciences occidentales.
Une visite déterminante
Pour Thierry Coville, politologue et spécialiste du dossier nucléaire iranien, la politique étrangère de l’Iran n’a pas évolué sur le fond. C’est la forme du discours et le radicalisme du ton adoptés par Ahmadinejad, qui radicalisent les tensions entre l’Occident et l’Iran.
«Le dernier discours du Président iranien aux Nations Unies, a suscité le mécontentement de la communauté internationale. Il a contribué à nourrir les craintes. Si lors de sa visite au Liban, il opte pour cette tactique, cela risque de renforcer les tensions. Il est très facile, compte tenu de la manière dont Téhéran gère la politique étrangère, de manipuler l’opinion dans le sens d’une campagne anti-iranienne», explique-t-il.
Selon Thierry Coville, c’est ce catégorisme sur la forme, et la manière brutale d’exprimer ses idées, qui affaiblit la position politique de l’Iran.
«La révolution verte impulsée par le chef de fil de l’opposition Mir Hussein Moussawi n’a jamais remis en cause la politique extérieure de l’Iran. Elle s’attaque aux déclarations à l’emporte pièce d’Ahmadinejad, qui font le jeu du camp occidental et l’intérêt d’Israël. Il devient alors facile d’exploiter le personnage, pour le présenter comme le mal incarné» précise-t-il.
François Giret, politologue et spécialiste du Moyen-Orient, adhère également sur le fond à cette analyse. Il rejette totalement la thèse du coup d’Etat militaire de la Résistance. « Le Hezbollah ne se résume pas à un pion manipulé par l’Iran, comme le laisse entendre la thèse dominante en Occident. Il dispose d’une autonomie politique sociale et économique dans le pays. La visite d’Ahmadinejad va au contraire, permettre au Hezbollah d’élaborer une stratégie commune, qui soit conforme à ses intérêts en tant que parti politique libanais, tout en conservant sa relation privilégiée avec l’Iran» développe-t-il.
Ainsi il n’est aucunement question d’intimider le gouvernement libanais, ou de menacer le Premier ministre. Cette visite a pour but de vérifier que les différentes formations politiques libanaises, sont d’accord pour maintenir le statut quo, et qu’il n y a pas d’intérêt à ce que cet équilibre se modifie.
«Selon moi, la situation est similaire à celle de l’Irak. L’évolution politique du gouvernement irakien est marquée par l’influence iranienne. Cependant les Irakiens sont soucieux de définir des limites de cette influence. La venue du Président iranien va permettre d’arrêter une stratégie commune, par rapport aux Occidentaux et in fine à Israël», précise cet analyste.
Pour François Giret, l’axe de Washington s’inquiète de l’impact du renforcement des relations libano-iraniennes, sur la présence des forces de l’ONU au Sud Liban. Il craint de nouveaux affrontements entre l’armée libanaise et la Finul. La présence d’Ahmadinejad, pourrait de leur point de vue, entraîner de nouveaux débordements avec les forces stationnées au Sud-Liban. Il estime néanmoins que tous ces arguments ne sont pas fondés. «Le leader du Hezbollah est suffisamment intelligent pour rechercher constamment un équilibre, entre le soutien traditionnel de la Syrie, de l’Iran et son autonomie politique sur le plan interne», conclut-il
Cette visite semble être un signal très fort, qui n’est pas orienté vers la rupture. Les thèses apocalyptiques occidentales n’ont pour autre finalité que de semer le trouble au Liban, pour détourner l’opinion publique internationale du drame humain, sur lequel pourraient déboucher ces négociations. De tout temps, la population libanaise a été une victime collatérale. Elle pourrait cette fois être sacrifiée sur l’autel des intérêts partagés, de l’axe de Washington et de la ligue arabe.
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