Le ridicule ne tue pas !
Posted by jeunempl sur septembre 28, 2010
(Wassim Henoud)
Le ridicule ne tue pas ! Surtout pas ceux qui détiennent les pouvoirs politique et médiatique au Liban. Et ce qui ne les tue pas les rend hélas, encore plus forts.
J’avais écrit il y a un temps un article sur le « Coup d’état permanent » au Liban, pour reprendre le titre d’un livre écrit à l’époque par feu le président François Mitterrand. Cet article n’a pu être publié au Liban car il touchait paraît-il au système Hariri. Or on voit ces-jours-ci que l’équipe Hariri semble avoir repris à son compte ce concept de putsch. Et à force de le répéter à tout bout de champ, ils vont finir par se faire peur à défaut d’ameuter la population.
Car quand on déconstruit un état de droit, aussi imparfait soit-il pour en asseoir un autre qui bafoue le droit et toute velléité de justice (que cette justice soit sociale, administrative ou judiciaire), comment peut-on prétendre accuser l’opposition si elle se rebiffe, de fomenter un putsch? Un putsch est-il effectué seulement par la force des armes? La bonne place pour une opposition, serait-elle dans les geôles du pouvoir ?
Quand on se sent menacé par le pullulement des bandes armées pour la première fois depuis le départ des forces d’occupation, et quand on commence à avoir peur de l’État qui est censé nous protéger, est-ce celui qui craint pour sa sécurité qui serait source de danger pour l’autre ? Quand on alloue 30 millions de dollars pour équiper l’armée et qu’on en dépense presque un milliard pour mettre la main sur le parlement, est-ce respecter la volonté nationale ? Quand on accule le sommet de l’État à demander des dons pour cette même armée alors que le cadre supérieur d’une compagnie nationale s’alloue royalement un demi-million pour s’offrir une voiture blindée parce qu’il s’est senti en danger, est-ce se plier aux aspirations d’un peuple ?
A ceux qui ont dérobé la date doublement sacrée du 14 mars pour consolider leur mainmise sur le peuple du Liban: De grâce, arrêtez de prendre les gens pour des idiots. M. Joumblatt l’a fait avant vous et il s’en mordait les doigts pas plus tard qu’hier ; et M. Hariri n’a pas manqué de le suivre sur son chemin de Damas – au propre comme au figuré. On attend maintenant de voir par quelles pirouettes les autres vont se ranger sur la nouvelle Voie.
Ce n’est plus le comble de l’intelligence en politique que de retourner sa veste au gré des désirs de ses maîtres d’outre-frontières. Le ridicule ne tue plus au Liban, ou alors quand on s’écroule de rire ; aussi amer que ce rire puisse être.
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