Genévrier et grive, une question de vie ou de mort
Posted by jeunempl sur août 18, 2010
Salma Abou Assaf – Les Hirondelles
Deux maillons de l’écosystème de l’Anti-Liban sont fortement menacés. Le genévrier et la grive draine souffrent du déboisement, du surpâturage et de la chasse.
Sans la grive, la graine de l’arbre ne germe pas. Sans le genévrier, l’oiseau perd son abri. La vie de l’un dépend de l’autre. Sur les hauts plateaux du Hermel au nord de la Bekaa, les fameuses forêts de genévriers sont en voie de disparition, et les grives se font de plus en plus rares.
«De la chasse aux grives et de l’utilisation des pesticides résulte une difficulté de régénération naturelle de ces arbres», explique Dr Mohanna, directeur au ministère de l’Agriculture. Selon lui, les grives draines arrivant au Liban passent par des champs et des oliveraies bourrées de pesticides… en Turquie. L’oiseau résiste difficilement à ces produits chimiques. Et une fois au Liban, les rescapés sont la cible privilégiée des chasseurs. Malgré la loi prohibant la chasse entre octobre et décembre, les oiseaux sont massacrés par milliers dans la plaine de la Bekaa, véritable corridor pour les oiseaux migrateurs.
L’arbre, lui, est dépendant de la grive pour la germination de ses graines: seules les enzymes gastriques de cet oiseau permettent de fragiliser l’écorce des graines afin que celles-ci puissent germer. La chute de la population des grives limite la germination, transformant les forêts en petits groupes d’arbres solitaires, comme le note Dr Mohanna.
Face à ce problème, le ministère de l’Agriculture tente de réagir pour protéger les deux maillons. Le genévrier est en effet essentiel pour la région car il protège la terre contre l’érosion, constitue un abri pour la faune et, étant le seul arbre de haute altitude, contribue à la conservation de l’eau de neige dans les nappes souterraines. Mais la population continue de s’en servir comme bois de chauffe, pour les toitures ou le décor des maisons. Le seul reboisement de l’Anti-Liban ne suffit donc pas: l’absence de tout contrôle sur les lieux constitue un réel obstacle à ces projets.
Fasciné par la résistance et les caractéristiques de cet arbre, le Dr Youssef Taouk, membre de l’association Protection de l’environnement, a décidé de le planter dans la région de Bcharré en se passant de la grive pour la germination. «J’applique la technique de l’ébouillantage, explique-t-il. Je trempe les graines dans l’eau bouillante durant 20 secondes. Ensuite, je fais refroidir l’eau pour atteindre une température de 50 degrés. Le lendemain, je plante ces graines fragilisées dans le sol. Le résultat est satisfaisant. Plus de la moitié de ces graines donnent des pousses.» Une solution sparadrap car si l’homme veut protéger la chaîne naturelle, il devra prendre ses responsabilités pour protéger les grives draines d’abord.
hadraj said
Bon article