Flou artistique sur les normes parasismiques
Posted by jeunempl sur août 4, 2010
Rima Harfouche – Les Hirondelles
La faille du Levant est responsable des secousses telluriques au Liban. Mais face à cette épée de Damoclès, l’application des normes parasismiques dans le bâtiment reste aléatoire.
La terre tremble. Cette année, un séisme de 7,5 sur l’échelle ouverte de Richter a fait 250 000 morts à Haïti. Un autre, de 8,8, 800 morts au Chili. Le Liban, lui, connaîtrait «des retombées dramatiques » avec un tremblement de terre de 7, selon Yves Vuarambon, directeur de l’Agence de développement suisse (ADS). Autant dire qu’aujourd’hui – alors que les spécialistes prévoient un séisme majeur d’ici une centaine d’années maximum –, l’application la plus stricte des normes antisismiques dans les nouvelles constructions devrait être assurée. Ce qui n’est pas le cas.
Selon Bilal Alayly, directeur de l’Ordre des ingénieurs, des codes parasismiques régissent bien l’industrie libanaise du bâtiment, sans être systématiquement appliqués.
«Cela représente un danger réel, constate-t-il. Ces règles visent à empêcher que le bâtiment s’effondre sur ses habitants, cela ne veut pas dire que le bâtiment restera intact. Depuis 1993, par exemple, la construction des bâtiments publics est réglementée par une commission de contrôle technique.»
C’est le cas de la Cité sportive, des hôpitaux publics ou de l’Université libanaise à Hadath, mais aussi de bâtiments privés comme ceux construits par Solidere au centre-ville.
Mais impossible de savoir qui fait quoi pour les innombrables nouveaux immeubles des grandes villes libanaises. Pourtant, selon Alayli, «si les normes sont prises en compte au début de la construction, cela ne représente que 3 à 5% de plus vis-à-vis du coût initial de la construction. Si un promoteur veut appliquer les normes ultérieurement, cela représentera un surcoût de 30%».
Pour Alayly et Vuarambon, l’objectif principal est de changer les mentalités, des clients comme des promoteurs.
Faire des économies sur la construction des immeubles est un très mauvais calcul à long terme. Ainsi, l’ADS s’investit dans la sensibilisation de la population, à travers des conférences, des expositions ou la distribution du manuel du Pr Hugo Bechmann sur la conception parasismique des bâtiments.
Elle collabore également avec les universités, les municipalités et l’Ordre des ingénieurs.
Alors que Beyrouth a été plusieurs fois détruite par des tremblements terre, Vuarambon appelle à la plus grande vigilance, quitte à choquer, quitte à faire peur: «Un mauvais constructeur est un meurtrier potentiel.»
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