Mouvement pour le Liban

Représentant le Courant Patriotique Libre en Belgique

Alain Aoun : Engagé… et modéré

Posted by jeunempl sur juin 26, 2010

Par Joumana Nahas – L’Hebdo Magazine

Il a 38 ans, et le Courant patriotique libre, il est «tombé dedans» depuis avant même sa création. Il coule dans ses veines depuis qu’il a compris, très jeune, que son patronyme ne serait jamais anodin dans la vie publique libanaise. Cet ingénieur de formation, détenteur aussi d’un diplôme de gestion de l’Ecole supérieure des affaires, aurait pourtant pu, à son âge, devenir l’un de ces jeunes cadres brillants qui font et défont les marchés, loin de toute turbulence politique. Ce n’est pas le cas d’Alain Aoun, qui devient même député en 2009, embrassant à 100% une carrière politique. Magazine a été à sa rencontre.

Simple, décontracté, souriant, Alain Aoun s’est prêté au jeu des questions-vérités de Magazine avec l’élégance de ceux qui n’ont rien à cacher. Derrière ses lunettes discrètes, on devine pourtant un rien de timidité, ou, plutôt, une pudeur qui fait qu’on n’a pas envie de lui poser des questions qui dérangent. Le jeune député CPL ne s’est pas laissé prendre la grosse tête, comme on dit, depuis son élection au Parlement, le 7 juin 2009. Il est resté égal à lui-même, le même jeune homme très engagé dans sa lutte politique, tout en restant capable d’autocritique quand il le faut.

Il a tout juste quelques petites années, quand, en ce début de guerre civile, la famille Aoun déménage de Haret Hreik pour s’installer dans le Metn, à l’époque une région plus épargnée qu’un Beyrouth meurtri. Inscrit chez les frères Maristes de Champville, le jeune Alain grandit dans une ambiance très familiale, dans une même maison avec ses 12 cousins et cousines. «On apprend à être moins égoïste, on comprend très tôt le côté partage, le côté équipe, communauté», raconte le député, qui avoue avoir gardé de cette enfance un côté farouchement famille.

Hélas, le tableau n’a pas toujours été rose en ces années de folie meurtrière, pendant lesquelles Alain Aoun est formé non seulement à l’amour des siens, mais aussi aux dures réalités de la violence des armes. L’assassinat de Bachir Gemayel restera à jamais le premier choc du jeune homme, même si d’autres suivront. Deux de ses meilleurs amis disparaissent dans des attentats à la voiture piégée. Un troisième trouvera la mort devant ses yeux, dans la cour de l’école, en classe de terminale et un quatrième, un frère d’armes, mourra dans son vêtement de soldat libanais. D’avoir été confronté à de telles tragédies, Alain Aoun dit aujourd’hui avoir été formé: «Ces événements font partie de ma personnalité. On ne peut sortir de la guerre que politisé, forcément. Et puis il y avait le général». Il y avait le général…

Le neveu a toujours eu en tête une image très imposante de son oncle, avant même que ce dernier ne prenne les rênes du pouvoir, en 1988. Tout jeune déjà, il garde à l’esprit l’image de l’officier de l’armée qui revenait à la maison en jeep militaire, fier et l’attitude conquérante. En 1984, l’image du général se précise; il est commandant en chef de l’armée; et en 1988, la naissance du leader, Premier ministre, libérateur, il transcende non seulement les foules mais également, bien entendu, les membres de la famille.
Alain n’est pas en reste: indépendamment du lien de parenté, il dit avoir été emporté par le mouvement, comme tout le monde. A cette différence près que lui va s’impliquer naturellement plus que d’autres, même si, en parallèle, il décroche son bac en pleine tourmente guerrière et continue ses études à Paris. Il y est déjà avant l’exil du général, le 13 octobre 1990.

A partir de cette date, l’étudiant en génie n’est plus seulement simple admirateur d’un oncle connu, il devient acteur d’un mouvement qui ne devait plus s’arrêter et qui était destiné à devenir sa vie. Le jeune homme se dit aujourd’hui qu’il aurait peut-être même dû, dès lors, songer à faire des études appropriées pour son rôle, comme les sciences politiques par exemple. C’est qu’il ne s’imagine pas du tout ailleurs que dans son rôle actuel et il avoue n’avoir jamais eu la moindre hésitation, tout au long de son parcours parisien, puis libanais.

Le Courant est dans ses tripes, dans ses veines, depuis toujours. Aussi fait-il partie de sa personnalité profonde, il façonne sa manière d’être, de penser, de vivre, de travailler. Le jeune homme s’est vu confronté quelques fois à des inimitiés en raison du nom qu’il porte et de son engagement profond envers un homme qui ne laisse pas indifférent. Qu’importe… Alain Aoun sait qu’il a un rôle actif à jouer dans son pays; et les obstacles et les difficultés qu’il rencontre ne sont pas suffisants pour l’empêcher de l’accomplir. Aussi, n’a-t-il que brièvement travaillé dans son domaine, le génie, avant de se rendre à l’évidence: le challenge continu de la politique le rattrape, l’épouse, l’habite comme une seconde peau. C’est non pas seulement un challenge collectif, mais aussi un défi personnel;

Et c’est dans cet esprit que le militant s’est engagé encore un peu plus dans le chemin qu’il s’est tracé, en devenant un élu du peuple. Une responsabilité que le député de Baabda assume avec beaucoup d’abnégation, même s’il avoue que le système parlementaire libanais n’est pas adapté à un mouvement législatif plus dynamique. Les parlementaires y ont à jouer un rôle politique, social et législatif, ce qui n’est pas possible sans aide. Une aide que les députés doivent supporter seuls financièrement, sans le support de l’Etat.
Le travail législatif est ralenti par les incessantes obligations sociales des élus: «Vous savez ce que je me sens parfois? Un bureau pour l’emploi! Je reçois des dizaines de CV par jour. Je ne peux malheureusement pas placer tout le monde. Que voulez-vous? Cela fait aussi partie de notre travail».

Avant de prendre congé du jeune député dont le téléphone ne cesse de lui rappeler les innombrables sollicitations des uns et des autres, nous ne pouvons nous empêcher de poser la question qui dérange un peu. Pourquoi donc Alain Aoun a une réputation de forte tête du CPL? Rire franc et réponse limpide: «Dissident, moi? Pas du tout! Je suis simplement très droit et j’accepte de faire mon autocritique quand il le faut. J’estime que c’est essentiel en politique». S’attire-t-il des inimitiés à l’intérieur de son clan? Comme partout, il peut y avoir des frictions. Mais encore? Fermeture du rideau en douceur, avec le sourire charmeur.

Ce qu’il en pense

L’avenir du CPL, après la disparition de son fondateur
«Je suis soucieux du vide énorme qu’un personnage de l’envergure du général pourrait laisser chez les chrétiens. En même temps, je sais que le CPL ne peut être dissocié de l’avenir de ces mêmes chrétiens. Ce parti fait désormais partie intégrante du paysage politique libanais. Il doit trouver le mécanisme de sa propre continuité en temps voulu».

La stratégie de défense
«Elle doit être traitée avec beaucoup plus de logique, sans sentiments ni instincts. Elle doit être pensée rationnellement, surtout par les personnes qui sont contre l’armement du Hezbollah. Il faut d’abord traiter un problème quand on veut atteindre des solutions acceptables. A mon avis, seule une solution package peut apporter une solution définitive à cette question».

Relations avec la Syrie
«C’est normal que la Syrie continue de déclencher les passions au Liban encore aujourd’hui. Mais on ne peut pas rester figé dans le temps! Depuis le tournant de 2005, il est devenu important d’ouvrir une nouvelle page, de nouvelles relations. Il faut aujourd’hui les consolider, les renforcer. Dépassons la logique de l’animosité et admettons d’aller de l’avant».

Mariage civil en vue!

Le fringant célibataire du CPL n’est plus un cœur à prendre… Alain Aoun se marie cet été avec la jeune Sarah Souhaid, tout juste 23 ans. Très amoureux, le député nous montre fièrement les photos de sa jeune fiancée sur son téléphone portable. Une beauté aux cheveux châtains, souriante et heureuse aux bras de l’homme de sa vie. «Elle est ingénieure électromécanique», jette Alain Aoun, pour rappeler que son choix ne s’est pas porté uniquement sur une image, mais bien sur une femme de tête, comme il les aime. Une femme qui se sera fait attendre: par rapport aux Libanais, Alain Aoun a relativement tardé à s’engager. Ce n’est point que l’engagement lui fasse peur, au contraire: il a simplement mis du temps à remarquer Sarah, qu’il connaissait quand elle était encore petite fille!

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