Nucléaire: le Conseil de sécurité de l’ONU s’apprête à sanctionner l’Iran
Posted by jeunempl sur juin 9, 2010
Pour la quatrième fois en près de quatre ans, le Conseil de sécurité de l’ONU s’apprête à sanctionner l’Iran mercredi pour ses activités nucléaires suspectes mais, loin de céder, Téhéran a prévenu que dans ce cas il arrêterait de dialoguer avec les grandes puissances.
Un projet de résolution d’inspiration américaine, co-parrainé par le Royaume-Uni et la France avec le soutien de la Russie et de la Chine, doit être soumis à un vote lors d’une réunion à New York prévue à partir de 10H00 locales (14H00 GMT), selon l’ambassadeur du Mexique à l’ONU qui préside le Conseil.
L’adoption du texte ne fait aucun doute, les co-parrains étant certains de disposer des neuf voix nécessaires sur quinze. Brésil, Turquie et Liban ne devraient toutefois pas l’approuver, mais on ignore s’ils voteront contre ou s’ils s’abstiendront, selon des diplomates.
Il s’agira du quatrième train de sanctions depuis décembre 2006 contre l’Iran, soupçonné de chercher à se doter de l’arme atomique sous couvert d’un programme civil, ce que la République islamique dément.
Le texte onusien prévoit que l’Iran ne pourra investir à l’étranger dans certaines activités sensibles comme les mines d’uranium et que ses navires pourront être inspectés en haute mer.
Le projet interdit aussi la vente à l’Iran de huit nouveaux types d’armements lourds, notamment des chars.
Il s’accompagne de trois annexes contenant des listes de particuliers, d’entités et de banques de nationalité iranienne qui s’ajouteront à ceux déjà frappés de sanctions individuelles — gel des avoirs financiers et interdiction de voyager à l’étranger.
Il s’agit des « sanctions les plus importantes » auxquelles Téhéran ait jamais été confronté, a affirmé la secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton.
« C’est une résolution forte (…) qui aura un impact réel et significatif sur l’Iran », a surenchéri la représentante des Etats-Unis à l’ONU Susan Rice.
L’Iran fait déjà l’objet de trois résolutions de sanctions aux Nations unies pour son refus de suspendre ses activités nucléaires sensibles comme l’enrichissement d’uranium et le retraitement.
En dépit du nouveau train de sanctions, la République islamique n’a pas donné l’impression de céder et, à la veille du vote, le président Mahmoud Ahmadinejad a prévenu que Téhéran cesserait de discuter de son programme nucléaire avec les grandes puissances si le projet était adopté à l’ONU.
« J’ai déjà dit que l’administration américaine et ses alliés se trompent s’ils pensent qu’ils peuvent brandir le bâton d’une résolution et ensuite s’asseoir pour discuter avec nous. Une telle chose ne se produira pas », a averti le président iranien.
Plusieurs pays ont tenté jusqu’au bout d’éviter ces nouvelles sanctions. Turquie et Brésil avaient conclu à la mi-mai un accord avec l’Iran prévoyant l’échange en Turquie de 1.200 kilos d’uranium iranien faiblement enrichi (3,5%) contre 120 kilos de combustible enrichi à 20% fourn par les grandes puissances et destiné au réacteur de recherche nucléaire à finalité médicale de Téhéran.
Mais cet arrangement a été accueilli froidement par les grandes puissances qui y ont vu une manoeuvre de diversion, notamment parce que l’Iran avait annoncé son intention de continuer à enrichir de l’uranium à 20% même si l’accord était accepté.
Avec le nouveau train de sanctions, « notre but est toujours de persuader l’Iran de suspendre son programme nucléaire et de négocier de manière constructive et de bonne foi avec la communauté internationale », a affirmé Susan Rice.
Un diplomate turc a indiqué à l’AFP sous le couvert de l’anonymat qu’Ankara cherchait à convaincre l’Iran de ne pas tourner le dos au dialogue avec les grandes puissances si les nouvelles sanctions étaient adoptées.
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