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La médiation d’Ankara sur le nucléaire iranien irrite les Etats-Unis et Israël

Posted by jeunempl sur mai 27, 2010

AP

La Turquie irrite ses alliés américains et israéliens en contrariant les efforts diplomatiques pour renforcer les sanctions de l’ONU contre Téhéran. Sa médiation avec le Brésil sur le nucléaire iranien suggère également qu’Ankara pourrait chercher à accroître son influence internationale au détriment de son rôle de « pont » entre l’Orient et l’Occident.

En vertu d’un accord conclu le 17 mai avec la Turquie et le Brésil, l’Iran a accepté d’envoyer son uranium faiblement enrichi (3,5 en Turquie pour recevoir en échange du combustible enrichi à 20% destiné à son réacteur de recherche médicale de Téhéran. Mais cet accord ne rassure pas les Occidentaux, qui craignent de voir les Iraniens poursuivre leurs activités d’enrichissement d’uranium pour se doter de l’arme nucléaire, malgré les dénégations de Téhéran.

« La Turquie veut empêcher l’escalade des tensions avec l’Iran pour éviter d’en souffrir économiquement », explique Nihat Ali Ozcan, de l’Institut de recherche de politique économique à Ankara. « Elle cherche également à renforcer son image dans le monde musulman. »

L’administration Obama dit apprécier les efforts diplomatiques d’Ankara. Mais, alors que les Etats-Unis poussent à de nouvelles sanctions internationales contre l’Iran, l’accord avec Téhéran tombe mal pour les autorités américaines, également agacées par la position turque selon laquelle il répond aux exigences américaines et du Conseil de sécurité de l’ONU.

Les Etats-Unis ont rapidement fait savoir que les membres permanents du Conseil de sécurité (USA, France, Grande-Bretagne, Chine, Russie) étaient parvenus à un accord sur de nouvelles sanctions contre l’Iran. De leur côté, la Turquie et le Brésil ont laissé entendre qu’ils voteraient contre ce projet de résolution, ce qui pourrait influencer d’autres membres non permanents du Conseil.

Israël, dont les relations diplomatiques avec la Turquie sont au plus bas, a critiqué l’accord conclu avec l’Iran. Le Premier ministre Benyamin Nétanyahou l’a décrit mardi comme une « combine iranienne transparente destinée à détourner l’opinion publique mondiale des sanctions » contre Téhéran. « Nous savons que c’est une proposition vide », a-t-il ajouté.

Les relations entre Israël et Ankara se sont déjà dégradées depuis un an et demi à cause de l’offensive israélienne à Gaza pendant l’hiver 2008-2009, et du traitement peu diplomatique réservé à l’ambassadeur de Turquie lors d’une rencontre avec le vice-ministre israélien des Affaires étrangères Danny Ayalon en janvier dernier.

Selon Alon Liel, ancien ambassadeur israélien en Turquie, la relation israélo-turque s’est déjà tellement détériorée que l’implication d’Ankara dans l’accord avec l’Iran ne devrait pas l’affecter davantage. « La crise est si grave que je ne pense pas que cet accord changera quoi que ce soit », confie-t-il.

Seul membre musulman de l’OTAN, la Turquie fait figure de « pont » entre l’Orient et l’Occident. Alliée traditionnelle des Etats-Unis et d’Israël, elle a développé ses relations avec les pays musulmans depuis l’arrivée au pouvoir en 2002 du Parti de la justice et du développement (AKP, islamo-conservateur) du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan. Ankara a également reproché à Israël de faire un usage excessif de la force contre les Palestiniens.

Le gouvernement turc a aussi accueilli des dirigeants politiques du Hamas et servi de médiateur entre Israël et la Syrie, qui demande le retrait des troupes israéliennes du plateau du Golan. Il a certes envoyé des soldats en Afghanistan et au Liban, mais avec un ordre de mission strict leur interdisant de combattre d’autres musulmans.

Malgré tout, la Turquie est loin d’un divorce avec l’Occident. Ses relations avec l’OTAN et l’Union européenne sont très importantes pour Ankara, qui aspire à devenir membre de l’UE.

Il ne fait toutefois pas de doute que la politique étrangère turque évolue. Bien que les Etats-Unis soient son principal allié depuis la Guerre froide, la Turquie a refusé de laisser les forces américaines passer par son territoire pour envahir l’Irak, provoquant des tensions avec Washington.

Et Ankara cherche aujourd’hui à renforcer ses liens commerciaux avec Téhéran, alors que ses relations avec l’Iran ont été tendues jusqu’à la fin des années 1990. « Le guide suprême iranien, l’ayatollah (Ali) Khamenei, espère qu’Erdogan affrontera l’Occident pour son compte », selon Meir Javedanfar, un spécialiste du Moyen-Orient basé en Israël.

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