Mouvement pour le Liban

Représentant le Courant Patriotique Libre en Belgique

Entre victoires illusoires et données réelles…

Posted by jeunempl sur mai 6, 2010

(Scarlett Haddad – L’Orient le Jour)

Comme après chaque échéance électorale, le flou le plus total règne et chaque partie s’approprie les chiffres et les transforme en données subjectives. Quant aux analyses et aux spéculations, elles sont légion et varient elles aussi selon les protagonistes. Mais une des constantes de toutes ces échéances, c’est que depuis 2005, elles tournent toujours autour du chef du CPL, le général Michel Aoun. Tantôt « l’homme à abattre », tantôt le « tsunami », tantôt « l’allié difficile » et tantôt encore « l’homme qui refuse les compromis », il est au cœur de toutes les interprétations et des enjeux. D’ailleurs, au lendemain des élections municipales au Mont-Liban, les journaux axaient leurs titres sur les résultats de ses partisans « Défaite à Jbeil, échec à Sin el-Fil, etc. ou encore succès à Hadeth. » Au point qu’un partisan du CPL s’est demandé pourquoi parle-t-on de défaite à Jbeil et de simple succès à Hadeth et qui est le gagnant de Jbeil et le vaincu de Hadeth ?

Au-delà des questions de forme, les partisans du CPL brandissent les résultats officiels pour démentir les rumeurs sur une défaite aouniste. Ils affirment ainsi que sur les 254 municipalités du Mont-Liban auxquelles le CPL s’est intéressé (les autres ayant des électeurs soient druzes, sunnites ou chiites), il a remporté 127 conseils municipaux et 815 membres de conseils municipaux. En contrepartie, 98 municipalités (toujours sur 254), ne regroupent pas de membres du CPL et treize ont été raflées par des indépendants, alors que 16 ont fait l’objet d’une entente générale. Sur base de ces chiffres officiels, les partisans du général Aoun affirment qu’ils ont ainsi remporté plus de 51 % des municipalités du Mont-Liban dans lesquelles ils ont présenté des candidats. Pour un mouvement qui en 2004 travaillait clandestinement, car les autres partis n’osaient pas nouer des alliances avec lui, c’est tout de même une certaine victoire… D’autant que les partisans du CPL affirment que pour la première fois ils ont désormais un pied dans la plupart des municipalités du Mont-Liban.

Mais ces résultats globalement satisfaisants, selon les partisans du CPL, ne cachent pas l’amertume engendrée par certaines batailles comme celle de Jbeil. Selon les sources proches de ce courant, celui-ci a dû faire face dans cette localité à plusieurs facteurs hostiles imprévus. C’est à Jbeil, selon ces sources, qu’il y a eu le plus d’achats de voix et de pressions diverses, exercées notamment par des services officiels, mais le plus dur a été aussi la défection (pour ne pas utiliser un terme plus dur) des alliés. Les sources proches du CPL montrent ainsi que deux tiers des voix chiites de cette localité sont allées à la liste adverse, présidée par Ziad Hawat, ainsi que la majorité des voix arméniennes. Or, selon les chiffres officiels, l’écart des voix entre le dernier de la liste Hawat et le premier de la liste de l’ancien ministre Jean-Louis Cardahi est de 320 voix, ce qui montre qu’avec les voix chiites et les voix arméniennes, toute la liste appuyée par le CPL aurait été élue. Comment expliquer cette défection et signifie-t-elle que la fameuse alliance dite du 8 Mars est en train de s’effriter ?

Les sources proches du CPL veulent limiter la signification et la portée de cette bataille. Elles affirment seulement que les Arméniens ont leurs intérêts et ils préfèrent avoir de bonnes relations avec toutes les parties, selon la politique qu’ils ont suivie depuis des années. C’est ainsi qu’ils ont partagé leurs voix entre les deux listes, soucieux de ne pas incommoder la présidence de la République. Les sources proches du CPL affirment comprendre cette démarche, mais elles ajoutent qu’elles auraient préféré en être averties à l’avance, car dans les élections municipales, chaque voix compte. En ce qui concerne les voix chiites, la situation est plus délicate, d’autant que les adversaires du général Aoun utilisent cette donnée pour montrer que sa grande erreur a été de s’allier au Hezbollah sans tenir compte des véritables sentiments de la rue chrétienne. Selon les partisans de cette théorie, le Hezbollah a sciemment donné deux tiers des voix chiites à la liste Hawat car il préfère étendre ses alliances à la présidence, puisque le général Aoun est acquis et n’a plus d’ailleurs d’autre choix que de respecter le document d’entente signé avec lui. Les sources proches du CPL rejettent totalement cette analyse et estiment que les voix chiites qui ont voté en faveur de la liste Hawat ne sont pas celles du Hezbollah mais du mouvement Amal et de chiites indépendants, qui ont leurs propres considérations et leurs intérêts. L’alliance avec le Hezbollah,selon ces sources, est toujours solide et celui-ci est un allié de confiance.
D’ailleurs, ces mêmes sources notent que le scénario s’est reproduit dans la capitale, où le Tachnag et Amal ont rejoint la liste de « L’unité de Beyrouth », alors que le Hezbollah a préféré la boycotter en guise de solidarité avec le CPL. Mais même avec cette explication, la question évidente reste la suivante : « Y aurait-il effectivement des lézardes dans le fameux bloc du 8 Mars ? » Tout dépend des enjeux des batailles, précisent les parties concernées. S’il s’agit de grandes options stratégiques, le 8 Mars fait front commun, mais les municipales n’ont pas une portée politique déterminante pour justifier une mobilisation totale des partisans. C’est pourquoi chaque partie membre du bloc a une certaine liberté de manœuvre et les enjeux sont purement internes.

Il n’en reste pas moins que le mouvement Amal a pris sa revanche du CPL après les élections législatives à Jezzine ; le Tachnag, pour sa part, semble avoir pris un peu ses distances, même si officiellement la coordination reste totale, et à Zahlé, l’ancien député et ministre Élias Skaff fait cavalier seul. Les partisans du CPL ne semblent pas dérangés par cette nouvelle conjoncture. Aoun n’a pas voulu mettre Skaff en difficulté à Zahlé, ajoutent ces sources, en se contentant de présenter un candidat unique, mais il compte mener les batailles dans tous les villages chrétiens de la Békaa. Il aura aussi ses candidats dans les villages chrétiens du Sud et dans certaines localités du Nord, tout comme il mène la bataille des moukhtars à Beyrouth. Au total, il espère avoir des membres de conseils municipaux sur l’ensemble du territoire libanais et commencer ainsi à tisser sa toile dans les petites cellules de l’action publique après avoir été longtemps banni ou exilé. Alors, pâlie l’orange ? Pas si vite, répondent ses partisans, qui affirment que leurs adversaires cherchent toujours à se cacher derrière des victoires illusoires, occultant les données réelles. Pour le reste, il sera toujours temps après les élections de faire le point sur les alliances.

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