« Les réformes tombent une à une en raison du troc politique », soutient le secrétaire général de la LADE
Posted by dodzi sur mars 9, 2010
Par Nayla Chahla
A trois mois des élections municipales prévues pour le mois de mai 2010, les préparations administratives semblent bloquées au point mort. Pas de progrès au niveau des réformes suggérées, dont le projet de loi sur la majorité, n’ayant pas été promulgué par le Parlement fin février. L’échec de promulguer ce projet de loi a été fortement déploré par l’Association libanaise pour les élections démocratiques (LADE). Quels sont les défis à soulever à l’approche des municipales ? L’éclairage avec le secrétaire général de la LADE M. Ziad Abdel Samad.
iloubnan.info: D’abord, quelle est votre évaluation de l’échec du projet de loi de la majorité?
Ziad Abdel Samad: Ce qui s’est produit au Parlement, fin février, est un très mauvais signe, pour ne pas dire le pire qu’on ait prévu. La revendication d’abaisser l’âge légal de vote, n’est pas du tout récente. Elle date depuis la mise en place du processus électoral au Liban. En plus, cette revendication est commune à tous les partis sans exception et non pas une demande unilatérale. Du coup, tous les Liban cherchent à participer au scrutin et ils ont le plein droit, notamment les citoyens majeurs de 18 ans. Ceux-ci ont le droit de voter et prendre part au processus politique à l’instar de tous leurs concitoyens. Si nous revenons aux décisions rendues par le Parlement depuis un an, nous en constatons une stipulant l’entrée en vigueur du projet de loi sur la majorité à 18 ans durant les élections municipales de 2010, alors que, moins d’un an après, ce même Parlement l’a rejeté. Malheureusement, il y a eu un certain troc entre les partis politiques que seule la jeunesse libanaise en a payé le prix.
Qu’en est-il de l’octroi du droit de vote à la diaspora libanaise en contrepartie de la promulgation du projet de loi sur la majorité?
Ceci est vrai. Certains ont exigé d’autoriser la diaspora libanaise à voter en contrepartie d’abaisser l’âge légal de vote à 18 ans. Toutefois, cette condition est insensée parce que la diaspora est, juridiquement parlant, autorisée à voter. Le problème réside dans les mécanismes de vote. Le gouvernement libanais devait établir des mécanismes de vote spécifiques afin de permettre aux émigrés de voter depuis le pays d’accueil. Ainsi, le gouvernement doit juste en déterminer les termes, conditions et pratiques et les mettre en place pour qu’ils entrent en vigueur et permettre, par la suite, à la diaspora libanaise de voter. Si nous revenons également à la Déclaration Ministérielle, nous constatons clairement que le gouvernement s’est donné un délai de six mois pour mettre en place les mécanismes électoraux. Cependant, il n’a rien fait de tout cela.
Quelles en seront les retombées potentielles sur les prochaines élections municipales ?
N’ayant pas promulgué le projet de loi sur la majorité, le Parlement a porté un coup sévère tant aux jeunes libanais qu’aux réformes ambitieuses. Cet échec aura surtout des retombées sur les jeunes majeurs qui comptent environ 200.000 et donc, ne pourront ni voter ni prendre part au processus politique tel promis par le Parlement, il y a bien un an. Par conséquent, l’Etat ne peut plus demander à ces jeunes de le soutenir, de rester travailler au pays ou n’importe quoi, après leur avoir refusé leur droit légitime de voter et d’être efficace en s’activant durant les processus politiques.
Quelles sont les actions envisagées ultérieurement par la LADE ?
Pour le moment, la seule action efficace que nous pouvons prendre est de faire plus de pression sur le gouvernement en vue de mettre en place la clause relative aux réformes, tel stipulée par la Déclaration Ministérielle. Nous ne pouvons pas parler d’intensification des actions car nous ne sommes pas en mesure de faire plus que d’exercer des pressions sur le gouvernement, dans les limites du possible. Les décisions sont rendues au Parlement et les projets de loi soumis par le Conseil des Ministres. Nos actions vont se concentrer, donc, sur ces deux institutions. L’essentiel est de pouvoir faire la part des choses entre les questions controversées qui entravent la réforme de la loi électorale. Ceci dit que le projet de loi sur la majorité doit être traité séparément de celui relatif au vote des émigrés. Ce dernier exige des amendements constitutionnels. Pour le moment, nous accordons la priorité à mettre en place les réformes suggérées pour les prochaines municipales. Une fois appliquées, nous passons aux autres amendements.
Votre commentaire