Sleiman : « Il n’existe aucun prétexte à une agression israélienne »
Posted by dodzi sur février 10, 2010
Le président de la République, Michel Sleiman, affirme que personne au Liban n’a fait part d’une intention d’attaquer Israël.
Recevant hier à Baabda les membres du conseil de l’ordre des journalistes, conduits par le président de l’ordre, Melhem Karam, le chef de l’État a abordé devant eux plusieurs thèmes d’actualité, allant de la situation à la frontière méridionale au « manque de productivité » du gouvernement, en passant par les élections municipales, qu’il souhaite voir se dérouler comme prévu.
« Israël n’a pas intérêt à voir un minimum de stabilité politique au Liban, car cela irait à l’encontre de l’objectif qu’il recherche, qui est de prouver que diverses communautés ne peuvent pas coexister », a commencé par dire le chef de l’État, avant d’ajouter : « L’intérêt d’Israël est de nuire, ou du moins de menacer, car ses menaces ont pour effet d’inquiéter les investisseurs. »
« Personne au Liban n’a fait part d’une intention d’attaquer Israël. Mais si ce dernier compte quand même entreprendre une agression, il doit savoir que celle-ci ne serait plus une promenade pour lui. Mais il n’existe aucun prétexte pour une quelconque attaque israélienne », a-t-il répété.
Sur le plan de la situation intérieure, M. Sleiman a souligné que « l’année dernière avait été celle du rétablissement de la confiance » et qu’aujourd’hui, « il faut continuer en édifiant les institutions et en consolidant le système démocratique ».
« Les cinq ou six mois de retard pris par la formation du gouvernement ont démontré que le Liban est un pays démocratique, dans la mesure où le système n’est pas tombé en panne du simple fait d’une crise politique. Le processus a suivi son cours normal et il y a eu des débats, des rencontres et un dialogue entre les diverses parties », a-t-il relevé.
« Mais cela doit être renforcé par l’édification des institutions sécuritaires et judiciaires et des services publics », a poursuivi le chef de l’État.
Évoquant les élections municipales, il a dit : « Il faut qu’elles aient lieu. La Constitution le stipule sous le chapitre de l’alternance au pouvoir. À présent que nous avons pris nos affaires en main, est-il possible que nous soyons incapables d’organiser ce scrutin ? Le problème réside-t-il dans le fait qu’on risque de perdre une municipalité ici ou là ? Ou alors pourquoi ? Même si les réformes proposées (pour la loi électorale) ne sont pas retenues, la loi en vigueur est valable. Car enfin, si nous ne parvenons pas à réformer ce qui existe, cela ne signifie pas qu’il faut l’abolir. »
Pour M. Sleiman, la question des municipales est « primordiale » et « tout le monde doit contribuer » pour que le scrutin ait lieu.
S’agissant du dossier des nominations administratives, le président de la République a jugé « honteux » que celles-ci soient entreprises « dans l’esprit du partage d’influence ».
« Quel message adresserions-nous ainsi à la jeunesse libanaise ? Qu’il lui faut appartenir à un groupe politique ou confessionnel pour pourvoir arriver ? » s’est-il demandé.
« Allons-nous revenir à l’ère des « fromagistes » ? C’est honteux. Dans le temps, lorsqu’un poste était vacant, les « fromagistes » se disputaient la succession. Mais aujourd’hui, nous sommes devant un énorme fromage », a-t-il déploré.
Il a reconnu qu’il n’existait pas encore d’accord sur le mécanisme à adopter pour les nominations. « Nous espérons y parvenir bientôt, d’autant que toutes les parties sont d’accord sur la nécessité de trouver ce mécanisme », a-t-il dit, soulignant une nouvelle fois que la priorité devrait être accordée aux promotions à l’intérieur de l’administration.
Interrogé sur la question de l’abolition du confessionnalisme politique, M. Sleiman a rappelé la position qu’il avait adoptée dans son discours du 22 novembre, à l’occasion de l’Indépendance. « Je suis pour la formation de la commission nationale pour l’abolition du confessionnalisme politique, mais à condition que cela se fasse par consensus. »
« Formons donc cette commission, puis nous verrons ce que nous ferons. Mais en tout état de cause, que personne ne pense que cela signifiera l’abolition de l’égalité (islamo-chrétienne) et de la participation », a-t-il assuré.
Selon lui, le confessionnalisme politique qu’il s’agirait d’abolir est représenté par le « sectarisme politique ». « On parlait de maronitisme politique et aujourd’hui, on parle de sunnisme politique ou de chiisme politique. C’est tout cela qu’il faut abolir », a-t-il lancé.
Sur un autre plan, le chef de l’État a indiqué que la question de la participation du Liban au prochain sommet arabe, prévu en mars en Libye, n’a pas encore été tranchée et qu’elle allait être examinée en Conseil des ministres.
Interrogé sur l’action du gouvernement, M. Sleiman s’est dit « satisfait de sa manière d’agir, mais non de sa productivité ». « Il faut une plus grande productivité, mais la façon d’agir est la bonne, de même que l’approche des dossiers. Cela finira automatiquement par créer de la productivité. »
Enfin, au sujet du Boeing d’Ethiopian Airlines, il a souligné que « des accidents d’avion surviennent dans le monde et leurs circonstances restent parfois inconnues ». « Ici, nous faisons ce qu’il faut. Il y a du retard, certes, mais l’essentiel est de continuer, de retrouver tous les disparus et de donner les réponses les plus transparentes aux proches des victimes », a-t-il dit.
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