Jean-Michel Javaux : « C’est ma nourriture »
Posted by jeunempl sur février 3, 2010
Jeudi, 14 heures, siège d’Ecolo à Namur, Jean-Michel Javaux, nous reçoit seul. Pull-over noir, inspiré, le patron d’Ecolo veut se livrer. Notre enquête sur les catholiques lui en donne l’opportunité.
Vous êtes la « surprise » de notre enquête : catholique influent ?
Une des raisons pour lesquelles je suis « reconnu », déjà, c’est que je communie. Cela m’a marqué, lors des funérailles de François Martou… Dans l’Eglise, autour de moi, je vois des croyants pratiquants qui, au moment de la communion, ne se lèvent pas. Dans les premiers rangs, il y avait des gens connus, des présidents…
« Pression » morale, sociale ?
Terrible. J’avais déjà vécu ça lors de cérémonies d’hommage, ou après le Tsunami : des catholiques restaient assis au moment de la communion. Pour revenir à la question, si je suis « reconnu », c’est aussi parce que j’ai des liens avec des membres de votre jury.
Exemple ?
Charles Delhez [prêtre jésuite, rédacteur en chef de l’hebdomadaire Dimanche]. Je lui ai appris à faire des veillées au camp des jeunes à Lourdes.
Vous avez donc des origines…
… Je suis de famille chrétienne. Du côté de ma mère. Mon grand-père était président de la fabrique d’église, et frère du dernier bourgmestre non socialiste d’Amay. Mon père, lui, était plutôt indépendant, un peu bouffeur de curés. Il ne me poussait absolument pas à aller à la messe. Il me laissait le libre choix. Jusqu’à mes 14 ou 15 ans, je suis « en recherche ». Famille chrétienne, collège Saint-Quirin, mais je l’ai dit : en recherche.
Dans mon parcours, il y a aussi le « Patro » d’Ampsin, près d’Amay, chez moi. Important. Avec des gens de différentes sensibilités, et un curé salésien. Un Detry. Encore un détour par une personnalité de votre jury : Tommy Scholtès a été élevé dans la famille. Les Detry, d’Aubel.
A l’époque, le curé, à Ampsin, crée des groupes de réflexion où il conserve des petits moments d’eucharistie, mais où il ouvre des discussions, sur l’euthanasie, le suicide, etc. Enfin, il est sollicité par les organisateurs du pèlerinage à Lourdes avec des personnes handicapées. Ils ont besoin de jeunes pour les encadrer. Je suis chef du Patro, et je vais diriger l’équipe d’animation. Je fais plein de rencontres. Des gens qui ne sont pas du tout dans le bottin social, mais que je retrouve maintenant en haut lieu, à l’Union wallonne des entreprises, à la FEB…
A la même époque, je choisis en conscience d’étudier à l’ULB, pour aller voir « de l’autre côté ».
L’ULB, quelle influence ?
Je fais mon baptême étudiant, je fréquente des ordres folkloriques, je fréquente le Cercle du libre examen tout en étant au Patro et en gardant mes liens « de l’autre côté ». En 1997, je suis élu à la présidence du conseil de la jeunesse avec la casquette de Jeunesse écologie et le soutien des organisations de jeunesse catholiques mais aussi socialistes. Vous voyez : toutes les influences.
« Toutes les influences », mais l’engagement chrétien en premier…
Je suis sûr qu’Elio [Di Rupo] relit trois, quatre fois les Mémoires d’Hadrien de Marguerite Yourcenar quand il en a besoin… Moi, quand je perds le petit – je rappelle qu’il s’appelle « Théo » [du grec theos, divinité], ce qui était proscrit auparavant – je me plonge dans les lectures sur la mort, pendant six mois.
Nous voulions un bébé. On était en vacances, dans les Pyrénées. On a décidé de passer une demi-journée à Lourdes, avant de repartir vers le Pays basque. C’est dans une pharmacie de Lourdes que m’a femme a acheté le test de grossesse. C’est là que nous avons décidé de lui donner ce prénom, Théo. Et il meurt…
Pas votre foi…
A l’église, j’ai lancé des chaussures sur le crucifix ! J’ai crié : « Pourquoi ? » Ma femme a toujours du mal à s’approcher d’une église. Ce qui m’a aidé, moi, ce sont les textes sur la mort, dans le Coran, chez les bouddhistes, les auteurs laïques aussi…
Beau : lors des funérailles musulmanes, les enfants ne sont pas autorisés à se rendre tout de suite sur la tombe, car on ne peut pas voir l’âme s’envoler… Je veux dire : je n’ai pas de vérité.
Vous savez, nous avons aidé mon père à partir… Dans ses dernières minutes, bien avant que la loi sur l’euthanasie soit votée… Je n’ai aucun doute sur l’euthanasie ou l’avortement. Comme parlementaire, j’aurais voté ces lois. Chez Ecolo, des élus chrétiens se sont abstenus.
Prenons le foulard…
Sur le port du foulard islamique, en exagérant, je change d’avis tous les 15 jours. Au gré des discussions. Il est difficile d’avoir un avis aussi tranché que des militants laïques. Ou, de l’autre côté, que celui de Radouane Bouhlal [président du Mrax] et de ceux qui interprètent une interdiction comme une atteinte aux libertés.
Si l’école publique n’accueille pas ces jeunes filles voilées, où iront-elles ? Choisiront-elles l’école ou leur père ? Veut-on les convaincre d’étudier à domicile ou dans une école coranique ? Nous devons leur permettre de fréquenter l’école et leur donner une chance de rencontrer d’autres personnes, d’autres univers.
Je constate, à voir les sorties multiples d’un Alain Destexhe, que quelques personnes, un peu comme le FDF et la N-VA, se nourrissent de l’angoisse de l’autre, de sa méconnaissance, pour lancer des anathèmes. Ils caressent l’électorat dans le sens du poil.
Revenons à votre engagement chrétien. Votre « foi ».
J’adore me rendre dans une église vide. Voilà. Quand je quitte Bruxelles, il m’arrive de m’arrêter à l’abbaye de la Cambre. J’y reste dix minutes. Seul.
Comme il peut m’arriver de m’asseoir dans la grande mosquée de Casablanca. Avec Herman Van Rompuy, j’ai une passion commune pour Sénanque [abbaye cistercienne, en Provence].
Plus jeune, j’adorais étudier dans un monastère. Mais je ne vais pas à la messe tous les dimanches. A Noël, oui.
Vos grands auteurs ?
J’ai un fils qui s’appelle Augustin. Les lectures de saint Augustin ont une résonance particulière de nos jours. J’aime les dialogues entre Gabriel Ringlet et Guy Haarscher. J’ai été invité au prieuré de Malèves-Sainte-Marie, chez Gabriel Ringlet, pour témoigner mais comme Louis Michel ou Laurette, d’ailleurs.
Notre nouveau primat, André Léonard : votre appréciation ?
Au moment où je préside le Conseil de la jeunesse, Gilkinet, devenu député namurois, qui est alors le patron de la jeunesse catholique, décide de ne pas faire les Journées mondiales de la jeunesse catholique à cause de la récupération papale du mouvement… Les premiers contacts seront donc conflictuels : je découvre le poids de l’évêché, qui finance les scouts, possède Vers l’Avenir, et des tas d’organisations.
Chez Ecolo, nous avons été à la pointe sur le mariage homosexuel. J’en suis à mon dixième mariage dans ma commune. J’ai beaucoup de demandes, les gens savent qu’avec moi, la cérémonie est soignée. En même temps, il ne faut pas caricaturer le discours de Léonard sur les homosexuels. On peut avoir ce débat avec lui. C’est un haut esprit, redoutable, et pas dans le mauvais sens du terme. Une intelligence pure. Beaucoup plus nuancée qu’on ne le pense.
Ah !, si les prêtres avaient pu se marier, peut-être qu’un jour j’aurai songé à devenir prêtre… Mais comme un avocat, pour défendre mes convictions dans l’Eglise et tenter de lui faire changer d’avis pour une série de choses.
Mgr Léonard, « haut esprit » ?
On ne rencontre pas 50 hommes comme lui dans sa vie. Je me réjouis de voir sa prestation à « Répondez à la question », à la RTBF mercredi prochain. Les journalistes ont intérêt à bien se préparer. Il a annulé un rendez-vous important à Rome pour pouvoir participer à l’émission. Il a un côté hypermalicieux.
Provocateur aussi ?
Oui ! Je le compare souvent à Didier Reynders. Mêmes intelligences pures, parfois victimes d’elles-mêmes quand elles vont trop loin dans la provoc. Mais ça ne laisse jamais indifférent, ça suscite de la réflexion. Le cardinal Danneels est idolâtré, à juste titre, mais s’il était patron de la RTBF ou RTL-TVi, il aurait été viré depuis longtemps, parce que… « ses chiffres ne sont pas bons ».
Laurette Onkelinx, entre autres, désigne André Léonard comme un dogmatique…
Par méconnaissance de l’homme. Elle a « déconné » en affirmant qu’il menaçait le compromis belge. Ce compromis, c’est la séparation de l’Eglise et de l’Etat, qui demeure. Léonard a des positions que je n’admets pas, sur la capote, les homosexuels, l’euthanasie, le mariage des prêtres. Moi, je milite pour tout ça. Un peu comme un catho qui le fait de l’intérieur.
Quels sont vos interlocuteurs dans le domaine religieux ?
Aloys Jousten. L’abbé de Beukelaer. Je connais bien l’église wallonne et bruxelloise, qui est en fait très progressiste. Au moment du débat sur les sans-papiers, ce sont des groupes de laïques avec leur curé qui ont agi.
Léonard avait ouvert son palais épiscopal aux sans-papiers. Est-il progressiste pour autant ?
Pas de procès d’intention : la fonction crée l’homme. Je n’exclus pas qu’il surprenne beaucoup de gens par un travail plus subtil. Mais, je le répète, je condamnerai à tout moment la moindre allusion qui fasse passer l’homosexualité pour une maladie.
Quelle part les « chrétiens » occupent-ils dans votre parti ?
C’est du 50-50. Avec des variations géographiques. Bruxelles-Ville et Liège-Ville sont plus laïques. Il suffit de voir les personnalités : Jacky Morael, José Daras, Bernard Westphael, Nicole Maréchal… A Bruxelles : Simons, à l’époque, Huytebroeck. Parfois, on met des étiquettes à tort et à travers. Il y en a qui disaient : « Heureusement que Javaux est à l’ULB, parce que Durand est catho »… Catho, Durand !
Et Sarah Turine, qui lui a succédé à la coprésidence ?
Elle est laïque, mais on lui fait le mauvais procès d’être sensible aux positions confessionnelles sous prétexte qu’elle est islamologue ! Que nenni ! Justement, elle connaît la différence entre le droit islamique et les coutumes.
Au fait… Êtes-vous « pratiquant » ?
C’est un peu compliqué, je m’estime très chrétien, étant très proche de la religion catholique, mais il y a des choses dans la lecture catholique des textes et dans la structuration du clergé avec lesquelles je ne me retrouve pas.
L’Evangile compte pour vous ?
Mon interprétation de l’Evangile. Je revendique que des exégètes ne me dictent pas comment je dois le lire et le comprendre. Je veux être libre d’imaginer ce que je veux : les textes, les miracles…
Cela dit, il n’y a pas que l’Evangile. J’ai étudié Hegel, Kant, Marx… Pour arriver à la pensée écologiste. Marx nourrit pas mal le programme d’Ecolo. Mes lectures religieuses, et philosophiques, m’aident à être meilleur. Elles posent des balises : elles me poussent à limiter l’égoïsme en moi, qui pourrait être naturel.
La quête de sens en plus…
Oui. Je vous l’ai dit, la mort de mes parents et celle du petit m’ont fait m’interroger sur le sens de la vie, les priorités… Vous savez, l’impression qu’on attire la mort autour de soi…
Le fait de vous livrer comme vous le faites aujourd’hui…
… C’est très rare, d’abord.
C’est vrai. Mais encore : vous êtes tout à fait « décontracté » par rapport à votre parti ?
Non. Je sais que j’aurai des « retours ». Au minimum des SMS, des mails… J’entends déjà : « Jean-Michel, tu dois être au-dessus de la mêlée. » Il y aura aussi peut-être des réactions de tenants d’une laïcité dure. En plus, pas mal d’Ecolos ne connaissent pas mes convictions. Maintenant, c’est clair. Mais ils savent que je n’ai jamais été d’un « clan ». Je suis un fils spirituel de Jacky Morael, je revendique cette filiation… Mes parrains, Jacky Morael et José Daras indirectement, sont des laïques engagés. Bernard Wesphael aujourd’hui… J’ai toujours essayé de ne laisser personne sur le bord de la route. Je continue. Vous savez que sur une question comme le voile, le débat est très dur chez nous, c’est du 50/50. Alors, quand on parle de ces problèmes, je dis toujours à mes interlocuteurs : oubliez d’où vous venez, oubliez vos réunions philosophiques ou d’obédience à l’extérieur, venez libres dans vos pensées. C’est comme BHV, si je peux me permettre : on ne va pas en sortir si on garde chacun nos petites recettes, il faudra à un moment donné une créativité. Mais on s’éloigne.
Les partis face à la « diaspora chrétienne »
Au sein d’Ecolo, il y a la recherche d’un équilibre, entre monde laïque et monde chrétien ?
On y fait attention. Dans un cabinet, si quelqu’un est engagé et provient de la FGTB, ou de la CSC, on veillera à rééquilibrer les effectifs au prochain transfert. Je suis attentif à cet équilibre jusque dans la composition des listes électorales. Mais j’observe que le rapprochement avec le monde chrétien-catholique est un phénomène aussi dans les autres partis.
Au PS…
Je pense au tournant d’Elio Di Rupo en 2003-2005 pour courtiser le Mouvement ouvrier chrétien, quand Thierry Jacques entre au cabinet Onkelinx, que François Martou, leader historique du MOC, avait rejoint le PS et ses listes sénatoriales ; tout cela avec Frédéric Delcor en directeur de l’Institut Emile Vandervelde, bras droit d’Elio Di Rupo, très actif dans cette campagne…
Stratégie politique.
Il y a une volonté de conquête, mais aussi, je pense, un parcours personnel d’Elio Di Rupo.
Elio Di Rupo ?
Je ne dis pas qu’Elio est croyant, mais je sais que ça l’ennuie quand on lance : « A bas la calotte ! » à la fin des congrès du PS.
Pour ne pas choquer un certain électorat ?
Peut-être, il faut lui demander. Mais je constate ce mouvement.
Quant aux libéraux…
Même mouvement : leur parti s’est créé en opposition au parti catholique, mais ensuite… Pierre Hazette n’était pas le dernier des croyants ; Sabine Laruelle est catholique et reconnue comme telle dans le monde agricole ; Michel Foret est probablement la personne la plus connue de l’Eglise protestante en Belgique ; Didier Reynders est catholique et ne s’en cache pas…
L’ex-PSC dans tout ça ?
C’est le paradoxe : PS et MR se sont ouverts au monde chrétien au moment où le parti identifié comme assumant des convictions religieuses a cherché à sortir de son image dominante. Ça a marché. Mais ça a créé une large diaspora « chrétienne ». Ouverte à tous les partis désormais. Ce qui renforce les effets de fluctuation électorale. Un chrétien ne va pas se dire : « Je n’irai pas au paradis si je ne vote pas CDH. » Pour un ouvrier, fini de se dire : « Je vais toujours voter socialiste car c’est le seul parti qui me défend. »
Certains avaient cru voir des ponts entre vous et le CDH…
En tout cas, ce pont ne se fera pas sur des valeurs philosophiques.
Vous voulez dire ?
Il faudrait les interroger, eux. A part Catherine Fonck ou André Antoine, qui assument leur engagement confessionnel, je serais bien incapable de dire si Joëlle Milquet ou Benoît Lutgen sont croyants ou non.
Joëlle Milquet apparaît loin dans notre classement.
Elle ne connaît pas le monde chrétien.
Mais il reste des « noyaux durs » catholiques au CDH comme dans aucun autre parti.
C’est vrai. Ce qu’il n’y a pas chez Ecolo ou ailleurs : des familles catholiques qui ne font pas la séparation entre Eglise et Etat, qui jouent à fond du lobbying sur les écoles, les pouvoirs organisateurs, en vertu de liens qu’elles estiment comme naturels..
Le CD&V résiste tant bien que mal à la sécularisation
L’époque où les curés flamands enjoignaient à leurs ouailles de voter pour le parti catholique est révolue. Au Nord, le peuple a longtemps obtempéré aux injonctions de leurs évêques. Leur appel au boycott de l’enseignement officiel et à la loi libérale de 1879 instaurant un enseignement laïque et neutre, assorti du refus d’extrême-onction aux instituteurs et aux parents des écoles officielles avait été reçu cinq sur cinq en Flandre : les élèves avaient illico déserté les écoles communales.
Le gros doigt des autorités ecclésiastiques a longtemps fait frémir : le cardinal Van Roey avait encore brandi sa crosse pour interdire aux catholiques de voter au début des années 1950 pour la Volksunie, le parti nationaliste. Qui un demi-siècle plus tard, rebaptisé N-VA, allait s’allier aux démocrates chrétiens. Les temps ont changé. La société s’est sécularisée. La pratique religieuse est en chute libre.
Elle s’est sérieusement accélérée au début des années 70. Une étude de 2006 du politologue Jaak Billiet (KUL) révèle que la participation à la messe du dimanche a fondu, dès la fin des années 60 : en 1967, 53 % de Flamands assistaient encore chaque semaine à un office religieux. Ils n’étaient plus que 39 % en 1973. Un chiffre qui n’a, ensuite, cessé de décroître. De 40 % en 1974 à 10 % seulement en 2004.
Et, pourtant, malgré la désertification des églises, les partis estampillés « chrétiens » se portent bien. En Flandre, en particulier, la sécularisation n’a pas réussi à ébranler les piliers de l’Eglise catholique : l’école libre, les hôpitaux, les universités ou les mutualités.
Le CVP en devenant CD&V en 2004 a d’ailleurs voulu conserver le « C » de chrétien, contrairement au CDH, et a refondé ses valeurs. Il a quitté le terrain du « catholicisme religieux » pour s’atteler à la traduction laïcisée des valeurs chrétiennes. « Le monde s’est transformé à une vitesse prodigieuse au contact de la globalisation. » constate Mark Eyskens, ministre d’Etat, ex-Premier CVP : « La voie de l’Eglise catholique comme celle des autres religions peut formuler des réponses à ces changements. Nous ne recevons pas d’ordre de Malines. Notre conception de Dieu est moins celle d’un Dieu ontologique que d’un dieu éthique, au sens des grandes valeurs. Le CD&V continue à défendre certaines valeurs, dont celle de la famille. De toutes les familles, quelle que soit leur composition. Ou de la solidarité : un chrétien ne peut être raciste et ne peut donc voter pour le Vlaams Belang. »
La dernière étude sur le comportement électoral en Flandre, réalisée lors du scrutin de 2007, réalisée par Marc Swyngedouw (KUL) relève que plus de 60 % des catholiques portent leur voix sur le parti démocrate-chrétien. Le CD&V peut-il se targuer d’avoir réussi la mue de la sécularisation ? Swyngedouw nuance : « Les Flamands pratiquants restent fidèles au CD&V mais la sécularisation de la société n’a pas été indolore pour les démocrates-chrétiens. L’époque où ils dominaient l’échiquier en flirtant avec la majorité absolue, est révolue. Et quand on compare les résultats des deux plus grands partis du pays, le PS avec plus de 30 % des voix, s’en sort beaucoup mieux que le CD&V. Avec 22,9 % des voix aux dernières régionales, il est en perte de vitesse. Et pourrait être concurrencé à l’avenir par la N-VA, dont l’électorat est plus jeune et instruit que le sien. » Et comme le temps des anathèmes religieux contre les nationalistes flamands appartient lui aussi à un autre âge…
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