Les camps de réfugiés palestiniens seront-ils à l’origine d’une « secousse sécuritaire » au Liban? Et comment les factions y contrôlent-elles la sécurité?
Posted by jeunempl sur janvier 10, 2010
El Nashra – Paula Astih & Reine Rizk
Les attentions convergent récemment en direction des camps de réfugiés palestiniens, à l’ombre de l’entente et de la stabilité qui dominent la situation libanaise.
D’ailleurs, l’attentat de Haret-Hreik et les accrochages survenus à Aïn-el-Heloué ont ranimé les débats quant à une « nouvelle secousse sécuritaire », prenant sa source dans les camps palestiniens.
Ces craintes seraient-elles justifiées? Et ces rumeurs concrétisées? Y aurait-il des indices que les camps palestiniens seraient au cœur des évènements de la prochaine période? Les conflits au sein du « Fatah » sont-ils en voie de solution ou d’escalade?
Makdah: les affrontements à Aïn-el-Heloué dus à une exagération de la réaction de certains membres du « Fatah »
Le brigadier Mounir Makdah, chef du Commandement de la lutte armée palestinienne au Liban (CLAP), assure que toutes les forces palestiniennes œuvrent pour éviter toute tension, voire tout accrochage.
Dans une interview accordée à « Elnashra », il relate les détails de l’incident survenu récemment à Aïn-el-Heloué. « Un prénommé Yehia Abou Saïd, membre du groupe Jund-el-Cham, a fait feu en direction d’un local du Fatah. Des agents de ce dernier ont réagi par des tirs de feu exagérés. Le désordre s’est alors établi », raconte-t-il.
Il affirme pourtant que la situation sécuritaire dans les camps est contrôlée, appelant le gouvernement libanais à reprendre le dialogue avec les chefs palestiniens.
D’autre part, Makdah exhorte le président palestinien Mahmoud Abbas à reconsidérer sa décision de former une commission chargée de s’occuper des affaires internes du « Fatah ». Cette commission, présidée par Sultane Aboul Aynaïn, comprend Khaled Aref, Fathi Aboul Aradat, Amina Gebril et Jamal Kachkar. Il l’appelle en outre à restituer la politique palestinienne préalablement appliquée et qui satisfaisait les deux côté, palestinien et libanais.
Rifaï: certaines visent à transformer les camps en « zone vulnérable du Liban »
De son côté, le représentant du « Djihad islamique » au Liban, Abou Imad Rifaï, a évoqué les craintes vis-à-vis des tentatives visant à secouer la situation sécuritaire dans les camps, notamment après que les droits civils et sociaux des réfugiés palestiniens aient été mentionnés dans la déclaration ministérielle. « Cet octroi des droits frustre certains groupes qui s’ingénient alors à exagérer tout évènement qui se produit dans les camps », dénonce-t-il, ajoutant: « Certaines parties œuvrent pour que les camps soient toujours une zone vulnérable ». Il insiste alors sur les efforts des responsables des factions palestiniennes déployés pour maintenir la stabilité au sein des camps.
Dans cet ordre, appelant au respect de la « particularité libanaise », Rifaï signale: « Nous œuvrons pour renforcer le rôle des forces sécuritaires à l’intérieur des camps afin de consolider la stabilité sécuritaire ».
Pour ce qui est des armes palestiniennes, il indique que le dialogue national régit le dossier des armes hors des camps. « Quant aux armes se trouvant dans les camps, elles sont vouées à une mission ultime, celle de lutter contre l’ennemi sioniste », conclut Rifaï.
Les incidents d’Aïn-el-Heloué, un défi compliqué pour les Libanais et les Palestiniens
L’analyste palestinien Hicham Debsi indique que les relations politiques libano-palestiniennes officielles s’insèrent dans un cadre précis respecté des deux parties. Il s’agit d’abord de se rappeler que les camps palestiniens sont un territoire libanais, et que, par suite, l’Etat libanais a le droit d’y prendre toutes les mesures qu’il juge nécessaires, et ensuite de respecter les droits des réfugiés palestiniens.
Pour ce qui est des armes palestiniennes, il note que celles portées en dehors des camps auraient un objectif régional, en relation avec la relation libano-syrienne. « Le positivisme effectué à ce niveau contribuerait à une mise en œuvre efficace des résolutions du dialogue national sur ce sujet », explique-t-il. Debsi signale en outre que les factions palestiniennes ont souvent déclaré être prêtes à coopérer avec l’Etat libanais pour traiter la question des armes à l’intérieur des camps.
Selon lui, ce qui se produit à Aïn-el-Heloué consiste en un défi difficile pour les Libanais et pour les Palestiniens. Pourtant, insiste-t-il, « toutes les parties sont conscientes de la nécessité d’y maintenir l’apaisement à condition de préserver la coopération palestinienne commune ».
Dans le même contexte, il souligne que lorsque les conflits entre le « Fatah » et le « Hamas » ont été déclenchés à Gaza, les responsables des factions se sont efforcés pour éviter toute répercussion de ces accrochages sur les camps de réfugiés au Liban. « Les Palestiniens ne désirent guère être à l’origine de nouveaux complications secouant le Liban », conclut Debsi.
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