Riyad et Téhéran s’affrontent par cimetière interposé
Posted by dodzi sur janvier 4, 2010
Par Hadil Al-Shalch
MEDINE, Arabie Saoudite — « Arrêtez de pleurer! », aboie un soldat saoudien sur un pèlerin chiite iranien, venu se recueillir sur les tombes de descendants de Mahomet. Religion et politique se téléscopent au cimetière d’al-Baqi, où l’Arabie saoudite fait régner la retenue wahhabite, avec d’autant plus de zèle que le royaume et le régime de Téhéran sont engagés dans une guerre d’influence pour le contrôle sur la région.
« Peut-être qu’ils veulent nous lancer un avertissement, dire que si on est différent, on doit faire attention, ne pas interférer » avec la politique régionale, s’interroge Mahdi Habibolahi, un Iranien venu se recueillir au cimetière d’al-Baqi après le pèlerinage à La Mecque le mois dernier.
Le vaste cimetière se trouve en face de la mosquée du Prophète, qui abrite le tombeau de Mahomet, à Médine. Derrière les hauts murs de marbre et les grilles du cimetière, se trouvent les tombes de nombreux parents, compagnons et descendants du Prophète. Et parmi eux, quatre des premiers imams, considérés comme des saints par les chiites, pour lesquels les descendants d’Ali, successeur du Prophète et époux de sa fille Fatima, étaient ses seuls successeurs légitimes à la tête de la communauté des croyants.
Ces tombes sont dont un lieu de pèlerinage pour les chiites du monde entier, et notamment les Iraniens, qui chaque année, après le pèlerinage à La Mecque, organisent une grande prière au cimetière de Médine.
Contrairement aux chiites, minoritaires dans le monde, les sunnites ne prisent guère les grandes prières, larmes et autres manifestations d’émotion. Pour les wahhabites, qui en pratiquent un version très austère, ces manifestations de piété relèvent même de l’idolâtrie. Au début du XXe siècle, ils ont détruit les mausolées et stèles d’al-Baqi, les remplaçant par des pierres sans inscription ou des monticules de terre, à la manière des autres cimetières d’Arabie saoudite.
Une austérité qui blesse l’Iranienne Zinat Bou Ali, enseignante du Coran. « Je vois le dôme vert qui surmonte la tombe du Prophète Mahomet, je m’attendais à la même chose pour nos quatre imams. Pourquoi est-ce si sombre? ». Elle a dû se contenter de regarder les tombes à travers la grille de fer, les wahhabites jugeant les femmes trop émotives pour les laisser entrer. Des dizaines d’entre elles s’accrochent aux grilles, suppliant les soldats de les laisser jeter un coup d’oeil aux stèles.
Les hommes, eux, doivent faire vite et discret. Les soldats et la police des moeurs confisquent leurs livres de prières aux chiites, contraints de se contenter des versets inscrits sur des panneaux officiels. Les gardes saoudiens « se plaignent de tout », critique Mahdi Habibolahi. « Si quelqu’un veut prier à haute voix, ils disent ‘baissez la voix’. Ils disent ‘ne vous tenez pas comme ci, tenez-vous comme ça. Ils s’attachent à tous ces détails et, malheureusement, ne sont pas très polis », remarque-t-il.
Les soldats dispersent les groupes et tentent d’entraîner les chiites dans des débats théologiques. Tous les chiites sont mal vus, et des accrochages ont eu lieu récemment entre la minorité chiite saoudienne et les forces de sécurité. Mais quand il s’agit de chiites iraniens, la rivalité politique s’en mêle.
Les Saoudiens « pensent que les chiites sont ‘kafir’ (infidèles) et devraient être tués et éliminés de ce monde », estime un religieux iranien, Ahmed Menai, qui guide des groupes de pèlerins. Du coup, ils redoutent le programme nucléaire et la puissance du régime iranien, analyse-t-il. « Ils tolèrent ça pour le sionisme », dit-il, faisant référence à l’arsenal nucléaire clandestin israélien, « mais ils ne peuvent pas le tolérer pour les chiites. Ils pensent que nous sommes leur ennemi, mais nous ne sommes pas leur ennemi ».
Pour lui, ce sont les Etats-Unis qui dressent l’Arabie saoudite contre l’Iran: la haine qu’éprouvent les wahhabites pour les chiites aiderait les Américains à rassembler les pays sunnites pour lutter contre l’influence croissante de Téhéran et « semer la discorde parmi les musulmans », analyse-t-il.
Riyad accuse notamment Téhéran de soutenir les insurgés chiites du Yémen du nord, qu’il combat depuis plus d’un mois, et d’attiser le conflit au Liban, dans les Territoires palestiniens ou en Irak. L’Arabie saoudite, riche allié pétrolier des Etats-Unis, voit aussi d’un mauvais oeil le bras de fer actuel entre l’Iran et l’Occident. Téhéran a récemment conseillé à Riyad de rester à l’écart, en réaction aux inquiétudes formulées par le prince Saoud al-Fayçal, chef de la diplomatie saoudienne.
Dans les camps des pèlerins iraniens en Arabie saoudite, on organise chaque année des manifestations lors desquelles fleurissent slogans politiques et anti-américains. Elles avaient tourné à l’affrontement avec les forces saoudiennes en 1987, faisant des centaines de morts. Depuis, les autorités saoudiennes appellent les autres pays à ne pas « politiser » le haj. Ce qui n’a pas empêché le Guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, d’exhorter les pèlerins se rendant à La Mecque cette année à faire connaître aux autres pèlerins « l’islam de la République islamique d’Iran ».
soft-mas said
Tout d’abord bonjour,
je trouve votre site et les rubriques s’y rapportant, notamment cet article un peu raciste envers les sunnites : comparé des gens à des chiens qui aboient … cela laisse un peu perplexe. De plus je pense que celui qui a rédigé(e) cet article n’a jamais mis les pieds en arabie saoudite et ne dispose que de recits invérifiable. Regarder ce que raconte et fait votre Guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei que vous citez en tant que saint et prochant la bonne parole à la fin de votre article contre son propre peuple qui manifeste.
Est ce qu’un sunnite peut se rendre en iran librement? J’en doute.
Alors arrêtez de vous servir des chiites et de l’islam en général et faites tomber vos masques et montrez vos vrais visages de chrétiens libanais fachos et intolérants.
Cordialement,
dodzi said
Je ne vois pas où l’article compare quiconque à des chiens qui aboient… L’article n’est pas raciste envers les sunnites. Il critique l’attitude du gouvernement saoudien, qui discrimine contre les chiites, tant leurs citoyens que les pèlerins qui s’y rendent annuellement.
La famille royale saoudienne est également accusée d’envenimer la relation entre les chiites et les sunnites dans le monde entier. Elle soutient des groupes islamistes tel que Al Qaeda, dans l’unique but de combattre les chiites. Ce fût le cas entre autre au Liban, avec les terroristes de Fatah al-Islam, mais également en Iraq et au Yémen. A Gaza, les pro-Fatah étaient descendus dans les rues pour protester contre le Hamas. Au lieu que ce soit un conflit politique, les pro-Fatah se sont mis à crier ensemble « Shiia! Shiia! » comme pour dire que le Hamas n’est plus Sunnite, car il ne suit pas l’Arabie Saoudite!
D’ailleurs ta question vers la fin n’a pas de sens. Oui, l’Iran est une dictature islamiste, mais non seulement les sunnites s’y rendent librement, les chrétiens et le juifs y vivent également en paix. Ce n’est pas ce qu’on peut dire du régime saoudien, qui discrimine contre les chiites, et interdit aux chrétiens de pratiquer leur religion, de posséder une bible, ou même de porter un crucifix, avec le risque de se faire jeter en prison!