Mouvement pour le Liban

Représentant le Courant Patriotique Libre en Belgique

Nasrallah annonce la naissance politique d’un Hezbollah plus ancré dans la vie libanaise…

Posted by dodzi sur décembre 1, 2009

L’Orient le Jour

Par Scarlett HADDAD

« Beaucoup d’entre nous considèrent que ce pays n’est pas seulement un message mais une véritable bénédiction. » Par ces mots prononcés après la longue lecture des 32 pages du document politique du Hezbollah, adopté par le huitième congrès général du parti, sayyed Hassan Nasrallah a résumé la nouvelle orientation politique du parti : davantage de libanisation, davantage de pragmatisme sans toutefois renoncer aux fondements idéologiques de base qui consistent en l’option de la Résistance pour recouvrer les droits et la lutte contre le projet américano-israélien dans la région et dans le monde.

Beaucoup de chemin a été parcouru depuis le document fondateur du Hezbollah rendu public en 1985, qui appelait alors à une unité musulmane autour du waliy al-fakih. Aujourd’hui, le Hezbollah reconnaît officiellement la formule libanaise et la richesse de la diversité religieuse et sociale qui caractérise notre société. Il renonce ainsi clairement et officiellement au projet d’instaurer une République islamique au Liban qui avait été évoqué en filigrane du document constitutif de 1985 et prône la démocratie consensuelle en attendant une abolition du confessionnalisme politique qui permettrait l’avènement d’une démocratie plus traditionnelle.

Voulant mettre l’accent sur l’importance de ce tournant dans la politique du Hezbollah, le département de l’information du parti avait convié des journalistes et des personnalités politiques à la conférence de presse du secrétaire général qui s’est tenue sur écran géant, face notamment aux députés membres du Bloc de la Résistance, Mohammad Raad, Ali Fayad, Hassan Fadlallah, Ali Mokdad et Walid Succarié.

En un peu plus d’une heure, sayyed Nasrallah a lu ce qui a été appelé « le document politique » du parti qui, tout en retraçant le parcours du Hezbollah depuis son apparition officielle en 1985 jusqu’à nos jours, explique les changements survenus dans sa vision politique, dus essentiellement à des changements locaux, régionaux et internationaux.

Dans l’introduction, le document précise que ces changements sont axés sur la comparaison entre deux parcours diamétralement opposés, celui de la Résistance qui suit une courbe ascendante en enregistrant des victoires militaires et des succès politiques, et celui de l’hégémonie américano-israélienne dans toutes ses dimensions et ses alliances directes et indirectes, qui multiplie les revers et les défaites militaires ainsi que les échecs politiques. Selon le document, ces développements s’accompagnent du déclin du concept de « l’hyperpuissance » face à l’émergence d’un nouveau paysage politique international dont les contours sont encore flous. L’introduction rappelle aussi que la Résistance libanaise « dont la Résistance islamique est l’une des composantes » a été la pionnière dans l’affrontement avec les forces de l’hégémonie et de l’occupation, confiante dans sa capacité à enregistrer des victoires car elle lutte pour une cause juste. « La Résistance s’est ainsi transformée d’une force de libération en une force d’équilibre et de confrontation, avant de devenir une force de dissuasion et de défense, en plus de son rôle politique interne comme pilier influent dans l’édification de l’État fort et juste ». L’introduction explique aussi que la Résistance est devenue, en plus d’une valeur nationale, une valeur arabe et islamique. Aujourd’hui, indique le texte, elle est même considérée comme une valeur humaine internationale dont les méthodes inspirent tous ceux qui, dans le monde, luttent pour la liberté et l’indépendance.

Ensuite, le document développe dans trois chapitres, où chaque mot est soigneusement choisi pour respecter les nuances et les subtilités de la vie politique, la vision et la stratégie du Hezbollah : le premier chapitre porte sur l’hégémonie et l’essor du courant qui y est opposé, le second, qui est aussi le plus important, porte sur le Liban et sa place dans le monde arabe, musulman et international et enfin le troisième porte sur la Palestine et les négociations en vue d’un compromis.

Dans le premier chapitre, le document explique le projet américain depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale et la conviction des États-Unis qu’ils ont le droit d’intervenir partout dans le monde, en présentant ce droit comme utile, voire nécessaire aux autres États. Ce projet, selon le document, a connu son apogée avec l’arrivée au pouvoir de George W. Bush et de son équipe de néoconservateurs qui ont cru pouvoir façonner le monde à leur convenance sous couvert de guerre contre le terrorisme. Toujours selon le document, l’administration de Bush a transformé ce pays en une menace pour le reste du monde. Mais les échecs de la guerre en Irak et en Afghanistan ainsi que le mécontentement suscité par la politique de Bush dans le monde ont contraint les États-Unis à modifier leur politique, sans toutefois renoncer à défendre ce qu’ils considèrent comme leurs intérêts stratégiques.

La guerre douce

Le document explique ensuite les moyens utilisés par les États-Unis pour imposer leur projet au Liban, notamment à travers la guerre de juillet 2006 menée par le biais des Israéliens, mais aussi en utilisant les méthodes « de la guerre douce », notamment dans la presse et aussi en semant la discorde et le doute dans les valeurs des peuples arabo-musulmans. Ce chapitre se termine par le fait que la politique hégémonique américaine n’a pas laissé d’autre choix au Liban que la résistance.

Dans le chapitre consacré à la politique interne, le Hezbollah commence par reconnaître le Liban comme la patrie des ancêtres et des générations futures, « une patrie que nous voulons pour tous les Libanais sans distinction ». Le Liban doit être aussi un pays uni dans sa terre, son peuple, son État et ses institutions et rejette toute forme de partition ou de fédération claire ou déguisée.

Le document explique ensuite qu’Israël constitue une menace permanente pour le Liban en tant qu’État et qu’entité en raison de ses ambitions sur sa terre et son eau, mais aussi parce qu’il constitue le contraire de l’État raciste qu’est l’entité sioniste, en raison de la coexistence de personnes appartenant aux religions célestes dans une formule unique en son genre.

Le document retrace ensuite le parcours de la Résistance à la suite de l’invasion israélienne de 1982 qui s’est déroulée dans un silence officiel arabe étonnant, alors que le pouvoir libanais a laissé son peuple et sa terre à la merci des massacres et des agressions israéliennes…

Selon le document, le rôle de la Résistance restera une nécessité nationale tant que la menace israélienne persistera. Or cette menace israélienne permanente exige l’adoption d’une formule de défense basée sur la cohabitation entre une résistance populaire et une armée nationale qui protège la patrie et veille à sa stabilité, dans une complémentarité qui a déjà permis au Liban d’enregistrer des victoires sur l’ennemi israélien. Cette formule doit être adoptée dans le cadre d’une stratégie de défense qui constitue un parapluie de protection après l’échec des autres paris.

Sur le plan du système politique, le document estime que tant que le confessionnalisme politique existera, la démocratie consensuelle restera la base du pouvoir car elle concrétise l’esprit de la Constitution et du pacte national. Le document consacre aussi le principe de la participation effective de toutes les composantes de la société à l’exercice du pouvoir pour préserver la diversité et la stabilité interne. Le document prévoit aussi l’édification d’un État fort et juste avec une armée capable de protéger le pays.

Il appelle ensuite à l’octroi des droits humains aux réfugiés palestiniens, estimant qu’il y a une solution médiane entre l’implantation et l’absence de droits humains. Il rappelle le refus de l’implantation et la reconnaissance du droit au retour des Palestiniens sur leur terre. Il reconnaît ensuite l’identité arabe du Liban (en réponse indirecte à ceux qui accusent le parti d’être plus iranien qu’arabe), ainsi que la nécessité d’établir des relations privilégiées avec la Syrie. Il rejette la discorde confessionnelle qu’il juge provoquée et s’insurge contre l’exode des chrétiens de l’Orient arabe, en particulier de Palestine, d’Irak et du Liban. Il considère ensuite l’Iran comme un État central dans le monde musulman car sa politique claire est l’appui à la cause palestinienne. Tout en déplorant l’incapacité des Européens à définir une politique internationale efficace, il appelle les pays d’Europe à adopter une vision plus indépendante de celle des États-Unis, juste et objective. Le document rend hommage aux pays d’Amérique latine qui refusent l’hégémonie des États-Unis et appuie le droit des Palestiniens à la résistance face au projet sioniste raciste. Il rappelle enfin le refus de principe du parti d’un compromis avec Israël.

Nasrallah a ensuite répondu à quelques questions, estimant que la décision politique est forcément entre les mains de l’État, ajoutant que la décision de la guerre et de la paix dans la région est entre les mains des États-Unis et d’Israël. En réponse à une question, il a rappelé que le principe de wilayet al-fakih est un concept purement religieux, alors que le Hezbollah reconnaît la formule libanaise dans toute sa spécificité. Ce qui a poussé le PDG du quotidien as-Safir, Talal Salman, à lancer : « Bienvenue au club politique libanais. »

Publicité

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

 
%d blogueurs aiment cette page :