Pulvériser le record du plus gros Houmous ? Le Liban a dit « Chiche »
Posted by dodzi sur octobre 26, 2009
Les chapiteaux de Saïfi Market à Beyrouth ont été envahies samedi par une armée en tablier et toque blanche. Dirigés par le célèbre chef Ramzi, et armés de bassines, de spatules et de plusieurs tonnes de purée de pois-chiches, 250 apprentis cuistots du lycée hôtelier de Kafa’at sont venus s’engager dans la bataille pour le record du plus grand houmous du monde, jusqu’alors détenu par Israël.
Fouad, 17 ans, touille, chante, assaisonne et monte finalement sur son plan de travail pour danser la dabke avec ses amis. La foule, galvanisée par les commentaires du présentateur star Michel Azzi, ne quitte pas des yeux le compteur. « 400 kilos ! Ca y est on les a battus ! » hurle une organisatrice. L’objectif ? Pulvériser le record israélien. Les Libanais avaient, en effet, eu beaucoup de mal à digérer l’assiette de 362 kilos de houmous préparée à Tel-Aviv en 2006. Et la contre-attaque est un succès : à cinq heures du soir, une véritable piscine de 2056 kilos de houmous, plus ou moins appétissante, trône majestueusement sous le chapiteau de la place des Martyrs. Beatriz Fernandez, une juge espagnole dépêchée par le Guinness Book est venue authentifier le record en toute neutralité : « Le vrai geste politique aurait été de refuser de venir », s’explique-t-elle.
Et pour battre le record du Guinness, des quantités pantagruéliques d’ingrédients ont été utilises : 1350 kg de purée de pois-chiches, 400 kg de Tahina, 400 litres de jus de citron, 26 kg de sel, 13 kg d’ail écrasé, 160 litres d’huile d’olive, le tout offert gracieusement par les sponsors de l’événement, comme Cortas ou Al Rabih. Dimanche, la piscine de houmous a fait place à une piscine de taboulé. Les visiteurs ont pu déguster les deux productions, qui se sont avérées succulentes, sans toutefois réussir à en venir a bout. « C’est un honneur que d’avoir concrétisé cet enjeu national de taille. Tout le monde était heureux, poussé par un patriotisme et une fierté nationale immenses! » s’emporte le Chef Ramzi.
Une guerre sans chars, ni roquettes
Israël et le Liban sont toujours officiellement en guerre depuis la fin des combats de juillet 2006. Mais entre les deux voisins, cette guerre du houmous a commencé il y quelque mois, lorsque le président de l’Association des industriels libanais, Fadi Abboud, découvre, horrifié, sur le stand d’une foire internationale, qu’Israël commercialise un houmous estampillé « cuisine israélienne ». Depuis, l’homme d’affaires n’a qu’une idée en tête : mettre fin à ce qu’il considère être un pillage de ce plat traditionnel libanais. « Ils nous ont volé notre terre, maintenant c’est au tour de notre civilisation et de notre cuisine » argumente-t-il.
En fait, l’objectif des industriels libanais à l’origine de l’événement est d’obtenir de la part de la Commission européenne, à laquelle le Liban est associé, le statut de « marque déposée » pour le houmous libanais, comme l’a obtenu auparavant la Grèce pour la feta. « Nous ne cherchons pas à détenir le monopole de la production du houmous, car ce n’est pas réaliste. Mais nous voulons que le monde entier sache la vérité sur l’origine de ce plat. Le houmous existait bien avant 1948 », précise Fadi Abboud. En attendant une possible riposte israélienne, la victoire libanaise dans la bataille du pois-chiche devrait rester dans les annales.
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