« La précarité » de la FINUL inquiète Paris
Posted by jeunempl sur août 25, 2009
La contradiction et le flou règnent à nouveau sur les positions diplomatiques françaises. Comme à l’accoutumé, ceci commence par les déclarations des responsables du Ministère des Affaires étrangères. En effet, à l’heure où toutes les informations sûres fournies aux membres du Conseil de Sécurité et au gouvernement libanais indiquent que «Paris et Washington» sont derrière la demande israélienne d’amender les règles d’engagement qui limitent l’action de la FINUL et que la mission française est «chargée de la rédaction du projet de résolution qui stipule la prolongation du mandat de la FINUL», le porte-parole officiel du Ministère des Affaires étrangères, Eric Chevallier – qui rejoindra à la fin du mois son nouveau poste d’Ambassadeur en Syrie – est venu nier toutes ces informations.
Al Akhbar a adressé par courrier électronique une question à Chevallier concernant «la portée du discours du représentant de la France Jean-Maurice Ripert sur la nécessité que les forces de la FINUL jouissent de la liberté de mouvement au Sud pour aider l’armée libanaise «à étendre sa souveraineté de manière efficace». Chevallier a répondu que «le représentant permanent fait état de la position de la France exposée par le Ministre le 21 juillet et que les règles d’engagement sont bien étudiées et assez strictes». Il a aussi rappelé que la résolution 1701 «a été rédigée suite aux concertations entre les différentes parties» et que Paris veut veiller à sa «bonne application». Chevallier a par ailleurs appelé l’armée libanaise et la FINUL à une plus grande collaboration en vue du respect de l’application de ladite résolution au Sud du Liban.
Selon des observateurs, les propos du représentant officiel portent à croire que Paris trouve que la mission de la FINUL est entravée et qu’elle œuvre «à appliquer les règles d’engagement de manière plus ferme». Ceci pourrait signifier «la modification de la qualité plutôt que de la rédaction de ces règles d’engagement». Une source diplomatique informée de ce dossier a assuré que les règles d’engagement sont lâches et ne sont pas appliquées de manière ferme ce qui donne lieu à plusieurs interprétations et expose la FINUL à beaucoup de critiques, se référant ainsi aux accusations israéliennes selon lesquelles la force internationale n’applique pas sa mission comme il se doit. Cette même source indique que le «travail des experts se fera au niveau des détails de l’application des règles d’engagement sur le terrain et non de leur modification», le but étant, souligne-t-elle «de faciliter la collaboration avec l’armée libanaise et d’éliminer la bureaucratie qui s’est infiltrée dans les canaux de coopération». Elle a poursuivi que «la modification du style de travail ne nécessite pas un amendement des règles». C’est d’ailleurs ce que le ministre des Affaires étrangères français signifiait lorsqu’il a qualifié les règles d’engagement de bonnes et efficaces.
La source a assuré que «le retrait possible d’une partie du village d’Al Ghajar et la réactivation du dossier des fermes de Chebaa» n’ont rien à voir avec la demande «d’appliquer les règles d’engagement de manière plus ferme». Elle a par ailleurs reconnu que trois ans après «la résolution 1701 n’est respectée ni par Israël ni par le Hezbollah». Ceci inquiète la communauté internationale pour qui le but de cette résolution – qui n’était pas seulement d’instaurer le cessez-le-feu, mais de faire en sorte que l’armée libanaise puisse étendre la souveraineté de l’Etat libanais sur le Sud – n’a pas été atteint. Les nombreuses infractions en ont même ébranlé les bases, ce qui pourrait ramener la FINUL au rôle qu’elle avait avant la guerre de juillet, à savoir celui «d’observateur sans capacité d’influencer la situation». Mais Paris n’acceptera cela en aucun cas.
Des sources différentes qui traitent du dossier du Liban assurent que des experts de pays participant à la FINUL travaillent sur «un plan d’activation de l’action de la FINUL» sans en amender les règles d’engagement. Elles soulignent que «la précarité médiatique de la situation de la FINUL» ne constitue pas seulement un facteur propice à l’embrasement du front libanais en cas de dérapage vers un affrontement, mais empêche toute «influence positive» que la communauté internationale pourrait exercer sur la situation au Liban. Ces sources signifient que «les frustrations politiques actuelles» nées du retard de la formation du gouvernement libanais empêcheront la mise en place de projets structurels dont le Liban a grandement besoin.
Une source explique «les répercussions de la situation au Sud du Litani sur la situation politique» en disant que «la faiblesse de la FINUL se traduit politiquement – à tort ou à raison – par le renforcement du Hezbollah», ce qui, selon cette source, «fait basculer le résultat des dernières élections législatives» et aliène la situation générale à travers l’intransigeance accrue des forces de la majorité. En contrepartie, cette faiblesse donne à Israël un alibi qu’elle pourra utiliser quand elle le voudra, ce qui pousse l’opposition à camper sur ses positions intransigeantes. La source conclue «le renforcement de la puissance dissuasive de la FINUL pourrait avoir un impact positif sur la situation politique générale au Liban».
Cette même source assure que «le temps est un élément décisif» pour la France dans ses calculs concernant le Liban, car elle entend le garder à l’abri des risques que pourrait connaître la région à partir du début du mois prochain et jusqu’à la fin de l’année. Cette source insiste sur le fait que «le changement que le Président Sarkozy a apporté à l’approche du dossier libanais» sert les intérêts de l’ensemble de l’Etat libanais, ce qui explique que la France, bien qu’elle se situe à égale distance de toutes les parties, apporte un soutien illimité au Président Sleiman. Par conséquent, assure un diplomate arabe à Paris, la France n’est pas satisfaite du cours que prennent les choses concernant la formation du gouvernement libanais pour deux raisons: d’une part parce que le prochain gouvernement sera faible et paraîtra comme le résultat d’un bazar et d’autre part parce que la prolongation de l’attente pourrait jeter le Liban au cœur des conflits régionaux, ce que Paris essaie d’éviter.
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