Saad Hariri s’accorde des « vacances privées » à l’occasion du début du mois du Ramadan, et les Libanais lui réclament d’accomplir sa mission ou de s’excuser !
Posted by jeunempl sur août 23, 2009
« Le mois du Ramadan est un mois de travail. Les consultations gouvernementales ne seront pas interrompues. Et le prochain cabinet pourra voir le jour à n’importe quel moment. »
Le peuple est las pourtant d’écouter ces propos. Les représentants du peuple s’activent d’ailleurs pour le rassurer que « ce mois béni » pourrait témoigner de la naissance du gouvernement, et que le premier ministre désigné s’acharne jour et nuit, en vue d’accomplir sa tâche.
Cependant, chacun semble vivre dans son propre monde, ignorant ce qui se déroule ailleurs.
En effet, à la veille de ce mois béni, le premier ministre désigné Saad Hariri a adressé ses félicitations au peuple libanais, leur faisant part de ses meilleurs vœux.
Mais à peine son discours achevé, il a rangé ses bagages, pour s’envoler vers l’Arabie Saoudite. « Des vacances », s’est contenté de préciser son bureau de presse, avant d’ajouter qu’elles se prolongeront pour quelques jours!!!
Oui. Deux mois se sont écoulés depuis que Hariri a été chargé de former le prochain cabinet. Mais la « mission impossible » n’est pas encore réalisée. Comment serait-elle exécutée alors que le principal concerne ne fournit que le minimum d’efforts, se contentant de quelques réunions protocolaires? De plus, il n’hésite pas à prendre des vacances, même avant que sa tâche ne soit exécutée. Comme si rien ne pressait, comme si le pays n’a pas besoin, d’urgence, d’un gouvernement qui s’occupe de ses soucis et de ses affaires.
Toutes les limites semblent dépassées, les vacances de Hariri se multiplient et se prolongent. Elles n’étonnent plus le peuple. Ce dernier paraît convaincu que la naissance du prochain cabinet est reportée pour après le Ramadan, voire après les fêtes du Fitr.
Par conséquent, Hariri devrait être plus clair et plus tranchant. Soit il annonce son inaptitude à former son premier gouvernement, et s’excuse de ne pouvoir poursuivre sa tâche, tout en expliquant les raisons qui l’ont poussé à renoncer à sa mission. Soit il s’acharne et s’active jour et nuit, afin de mettre à jour ses efforts. Mais il n’est plus acceptable qu’il continue d’agir comme si rien n’est urgent.
Hariri se rend en Arabie Saoudite… Et le scrutin gouvernemental est « en vacances »
Donc, Hariri s’est accordé de nouvelles vacances… Il s’est rendu vers l’Arabie Saoudite, pour une visite que son bureau de presse a qualifiée de « privée ».
Au cours de la journée, il s’est pourtant réuni avec l’ambassadeur saoudien Ali Ousseiri, russe Sergueï Poukine, et jordanien Ziyad El-Majali.
Avant de quitter, le premier ministre désigné a publié un communiqué, s’adressant aux Libanais, et soulignant que « le mois de ramadan est l’occasion de purifier le corps et l’esprit, et de réfléchir à ce qui unit les gens ». « J’exhorte toutes les factions politiques ainsi que les médias à mettre à profit cette occasion pour surmonter les blessures, faire prévaloir le pardon, rejeter la discorde et mettre un terme aux polémiques et aux surenchères », a déclaré Hariri. Il a ajouté: « C’est de cette manière uniquement que l’on pourra retourner aux priorités, dont notamment la défense des intérêts vitaux de la population et la préservation de l’intérêt du Liban au niveau de la mise en place d’une économie productrice et d’un État fort ».
Hariri a donc quitté le Liban, laissant traîner derrière lui une campagne s’acharnant pour défendre la présidence du Conseil et son rôle. Une question explicitement abordée par l’ancien premier ministre Najib Mikati. Dans un discours prononcé à Tripoli, il a indiqué que « ce n’est pas en portant atteinte à la présidence du Conseil, à son rôle et à ses prérogatives que l’on pourra réaliser le partenariat national dans l’exercice du pouvoir ». Il a signalé que ces attitudes constituent une « atteinte au pacte de coexistence intercommunautaire que nous avons adopté, de même qu’elle représente une aventure dangereuse ». « Le partenariat national, a-t-il ajouté, ne saurait se réaliser que par la coopération visant à édifier un État fort et capable, susceptible de gérer les affaires de la population avec équité, loin du monopole du pouvoir et du suivisme ».
L’attitude de Sfeir est tranchante: « Formez un gouvernement majoritaire reflétant les résultats des législatives »
De son côté, le Patriarche maronite Nasrallah Sfeir semble « hostile » à la formation d’un cabinet regroupant la majorité et l’opposition.
Dans une interview journalistique, il s’est déclaré « déçu » par le retard pris dans le processus de formation du cabinet, près de deux mois après la nomination de Saad Hariri, « chargé de former le gouvernement en coopération avec le chef de l’État, comme le stipule la Constitution ». Pour Sfeir, il revient au Président de la République et au premier ministre désigné de trancher et de former un gouvernement au sein duquel la majorité détiendrait le pouvoir, en vertu du principe démocratique et des résultats des dernières élections législatives. « Il revient d’un autre côté à l’opposition de surveiller l’action du gouvernement et de pointer du doigt ses erreurs jusqu’à ce que vienne l’heure de la sanction, positive ou négative », a-t-il souligné.
Reprenant sa métaphore du chariot tiré par deux chevaux, l’un à l’avant et l’autre à l’arrière, pour qualifier les gouvernements où se mêlent majorité et opposition, Sfeir a dit: « Cela a provoqué la colère de certains, mais personne n’a proposé une alternative viable ».
D’autre part, il précise que ceux qui affirment qu’il existe des ingérences extérieures dans les affaires libanaises ont raison. Mais il en fait assumer la responsabilité aux « Libanais qui ouvrent la voie à de telles ingérences ». « Les États-Unis s’ingèrent au Liban, de même que la France, l’Arabie saoudite, l’Égypte, la Syrie et l’Iran, comme si le Liban était une terre sans propriétaire et ouverte à tous », a-t-il martelé.
Interrogé sur ses relations avec le Hezbollah, il a reconnu que les rencontres avec des responsables de ce parti se sont raréfiées au cours de la dernière période. « Je ne suis pas hostile au Hezbollah, mais je souhaite qu’il n’y ait plus d’armes hors de l’armée, seule habilitée à protéger la nation ».
Le Hezbollah nie tout engagement pour convaincre le général Aoun
En parallèle, une source bien placée au sein du Hezbollah a démenti les rumeurs évoquant que ce parti s’est engagé auprès de Hariri quant à convaincre le général Michel Aoun, député chef du groupe parlementaire « Changement et Réformes », de renoncer à quelques revendications. La source a affirmé que la part ministérielle du Courant Patriotique Libre fait l’objet de discussions et de consultations entre Hariri et le général Aoun.
De son côté, le président de l’Assemblée nationale Nabih Berri a refusé de commenter ce retard dans la formation du gouvernement, se contentant de rappeler qu’il jeûne, et s’abstient de toute déclaration publique.
Dans le même ordre, le quotidien « Assafir » a rapporté de sources présidentielles que le Président de la République, le général Michel Sleimane, « craint » que le délai pour la formation du cabinet ne se prolonge davantage. Mais ces sources n’ont pas précisé si Sleimane a l’intention de prendre une initiative à l’occasion du Ramadan, en vue d’activer les consultations internes et, par conséquent, de hâter le processus gouvernemental. Elles ont uniquement évoqué les préparatifs pour un banquet général, qui sera organisé à l’ocassion du Ramadan, et qui devrai rassembler toutes les parties.
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