« Sayf 840 » : La pièce qui a marqué l’histoire
Posted by jeunempl sur août 14, 2009
Le Général Aoun, venu assister à Byblos au spectacle des Rahbani « Saïf 840 » (Eté 840), a été accueilli par des spectateurs et des acteurs enthousiastes.
Rares sont les œuvres artistiques qui marquent définitivement l’histoire.
« Sayf 840 » est une pièce de théâtre exceptionnelle. Au-delà de ses qualités artistiques magnifiques, son histoire a fait qu’elle a pris une place unique dans l’inconscient des Libanais et a marqué un tournant, autant dans la vie de son auteur que dans celle du pays des cèdres.
Pour feu Mansour RAHBANI, son grand auteur et compositeur, ce chef d’œuvre a été le premier qu’il signait seul, depuis la disparition de son autre, de son alter ego, son frère Assi avec qui il composait et tout les deux cosignaient.
Mais pour le Liban, cette pièce a été jouée, pour la première fois, en 1987, en pleine crise d’identité : un peuple déchiré, une terre morcelée et confisquée par les occupants, une économie en chute libre, une corruption galopante et des puissances étrangères qui guettaient la mort du phénix pour l’enterrer et récupérer son territoire.
C’est à ce moment là que le génie de Mansour RAHBANI a sorti des oubliettes un certain pacte, celui de Mar Elias, déclaré en 1840 par les différentes composantes du peuple libanais les liant contre l’occupation étrangère et pour la sauvegarde de leur pays. Cependant, la coalition de Mar Elias a dû accepter, à la fin des combats, de remplacer l’occupation franco-égyptienne par une occupation anglo-ottomane. Le grand dramaturge qu’était Mansour a créé le personnage de Sayf el Bahr, un héros libanais de la base et un des chefs de la rébellion, qui a refusé ce compromis, a refusé de remplacer une occupation par une autre et a voulu combattre jusqu’au bout.
Dans le contexte de 1987, cette pièce est venue réveiller les consciences anesthésiées des Libanais et enflammer les esprits patriotiques qui commençaient à manquer par de longues années de guerre et de crises.
C’est dans la suite de ce contexte aussi qu’est venue la rébellion d’un certain Michel AOUN, un homme sorti de la base, que le destin a placé en haut de l’échelle et à qui le sort a permis de se diriger vers le peuple libanais et le monde, remettant en place quelques contre-vérités et rectifiant le cours de l’histoire.
C’est avec le Général AOUN que les Libanais se sont vraiment rendus à l’évidence, que leur guerre n’était pas civile mais plutôt contre les civils, que leur appartenance à des communautés religieuses différentes pouvait au contraire être une source de richesse, que les chefs des milices n’étaient que des marchands de la mort qui se battaient le jour et pactisaient la nuit.
C’est avec le Général que les Libanais ont pu comprendre le vrai complot qui était fomenté et le sens profond des différents positionnements des puissances étrangères.
C’est avec le Général, enfin, que les Libanais ont pris la vraie mesure des valeurs comme la Liberté, l’Indépendance, la Souveraineté, le Sacrifice.
Cet homme qui leur parlait dans un langage simple et vrai était tout simplement ce Sayf el Bahr qu’ils attendaient, en chair et en os.
En un clin d’œil à l’histoire, cette pièce a été rejouée hier à Byblos alors que Mansour est parti, mais que l’occupant a été effectivement remplacé par un autre…
Heureusement que Sayf el Bahr est encore parmi nous ; il était même en première rangée pour assister à cette nouvelle représentation de la pièce.
Dr Elie HADDAD
Président RPL/France
elie.haddad@rplfrance.org
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